Vendredi dernier, les artistes Miguel Etxebarria, Martine Pinsolle et Mathieu Prat , entourés par le halo d'une foule dense, dévoilaient au public leurs oeuvres mises en scène au DIDAM.
Au centre à l'arrière de la salle d'exposition, Mathieu Prat non loin de sa chimère éclairait de ses lumières les nombreuses questions de son auditoire. Originaire du Sud-Ouest, photographe professionnel depuis une dizaine d'années, Mathieu aborde le thème de la chimère électrique et les conséquences de la pollution qu'elle draîne. Depuis les massifs Pyrénées de son enfance, ses clichés en couleurs ou noir et blanc présentent des paysages lumineux de nuits étoilées non loin d'une chimère, paradoxe de la lumière naturelle et de l'électricité. A travers son univers fantastique, Mathieu Prat réveille les consciences sur notre dépendance énergétique forcée à l'électricité et nous met en garde sur ses conséquences. Après la Covid, cette critique voilée du monde actuel rappelle le " meilleur des mondes" de l'écrivain britannique Aldous Huxley.
A l'image de cette ambiance artistique, l' ancienne professeur de lettres modernes au lycée Cassin de Mathieu Prat, Martine Pinsolle artiste peintre reconnue arbore le thème des balnéaires au féminin du Sud-Ouest. Dans cet environnement estival en bordure de l'Océan qui l'inspire, la petite nièce du peintre charentais Max Serge Chaillou a ancré ses toiles. Sur de la jute ou du lin, les bâtons à l'huile de ses bleus, jaunes vifs, rouges agressifs et verts s'entremêlent ou se chevauchent autour des aplats blancs opaques de ses balnéaires. Au-delà du regard esthétique sur ses belles baigneuses nues ou vêtues de maillots blanc, Martine Pinsolle pose la question du devenir de la femme dans l'univers actuel.
Contrairement à ses deux partenaires, le peintre Miguel Etxebarria établi dans à travers ses oeuvres préfère analyser une tradition réactualisée. Autour de ses imposants tableaux réalistes aux touches impressionnistes, un groupe de musiciens basques étaient venus chanter des airs du folklore traditionnel. Artiste à multiples facettes, ancien ténor d'Opéra et choriste, ancien footballer de l'Aviron bayonnais, à l'image de des danses tricolores vert rouge et blanc de ses tableaux, Miguel Etxebarria peint depuis l'enfance. Mais delà de la fête, l'artiste pose un regard sur son enfance. Originaire de l'Alava, sa famille avait dû s'exiler lors de la guerre civile espagnole de 1936-1939 opposant les forces du gouvernement républicain espagnol aux forces franquistes.
Dans un tableau désigné par l'adjoint à la culture Yves Ugalde au public, Miguel Etxebarria dénonce l’exécution d’un malheureux paysan Basque soupçonné d’allégeance aux forces nationalistes de Franco. En effet son activité de paysan le conduisant à aller livrer des produits de la ferme aux dignitaires franquistes. Nombreux basques comme lui furent accusés et exécutés sommairement par les miliciens des Brigades Internationales de Marty. Sur la toile de Miguel Etxebarria, le condamné, un béret à la main, reçoit l’extrême-onction par le prêtre du village sous les yeux de ses bourreaux. Les guerres, les révolutions destructrices ne servent qu'une toute petite minorité, laissant le pays et les populations dans le chaos et la misère.
Aussi dans la période de trouble actuelle, les œuvres de ces trois artistes invitent à nous poser des questions au delà de l'apparence, au-delà du bien pensant.