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Le Portrait de la semaine
Michel Sendrez, compositeur basque, par Georgie Durosoir, musicologue
Michel Sendrez, compositeur basque, par Georgie Durosoir, musicologue

| Georgie Durosoir, musicologue 539 mots

Michel Sendrez, compositeur basque, par Georgie Durosoir, musicologue

Michel Sendrez, pianiste et compositeur né à Saint-Jean-de-Luz 1er octobre 1932 s’est éteint, le 1er novembre 2024, dans sa maison de Saint Pé sur Nivelle où la maladie le maintenait depuis plusieurs mois.

Sa première carrière fut celle d’un pianiste aux responsabilités musicales majeures, puisqu’il fut, pendant plus de vingt ans, le pianiste de l'Orchestre National de France. Dans le même temps, il participait, avec ses collègues de l’orchestre, à des formations à géométrie variable qui lui permettaient d’élargir encore et toujours sa connaissance du répertoire. Au cœur de la musique du passé et du présent, il forgea dans ce contexte stimulant sa très vaste culture musicale ainsi que son ouverture au répertoire contemporain (création d’œuvres de Gilbert Amy, Alain Bancquart, Toru Takemitsu, René Koering, Renaud Gagneux, Eugen Kurtz et autres). 

C’est sans doute la fréquentation de toutes ces œuvres qui éveilla en lui le désir de composer à son touri. Son œuvre vaste, touchant aux genres les plus variés, se caractérise par une poétique très personnelle, ancrée dans le monde spirituel qui l’habitait. On peut suggérer que la musique de chambre, dans toutes les formations qu’elle offre, correspondait parfaitement à son sens du secret, à sa délicatesse intime, tout en lui permettant les recherches et audaces d’écriture les plus variées.

 Homme fidèle, son amitié avec Jacques Lacarrière lui fut l’occasion de composer plusieurs œuvres (Marie d’Egypte, Sol invictus, A la tombée du bleu et des bruits,Le Lapidaire). Capable d’enthousiasme dans la rencontre avec des interprètes, il sut donner sa musique à des solistes (le violoncelliste Jean Grout, la flûtiste Pierrette de Fauconval, la violoncelliste Maitane Sebastian, l’altiste Olivier Seube et beaucoup d’autres) ; ses instruments de prédilection semblent avoir été la flûte, la harpe et le violoncelle. 

La voix le fascine : il écrit pour les ensembles vocaux Venance Fortunat, le chœur de chambre Accentus, l’ensemble Cum Jubilo ; qu’elle soit seule, en petit ensemble (La Trève de Dieu, pour sextuor vocal, Stabat Mater pour 3 soprani, Les chemins de Compostelle pour 6 voix mixtes, Stirps Jesse pour 5 voix mixtes) ou en dialogue avec les instruments (Cycle de mélodies pour voix grave, violon, violoncelle et piano, Egolios, pour orchestre à cordes et récitant…), elle est toujours traitée pour magnifier les textes qui habitent au plus profond le compositeur. On le voit à la lecture des titres ci-dessus, l’inspiration biblique est souvent présente, support de sa haute spiritualité personnelle. 

Quant à l’opéra, il lui permet de proclamer ses idéaux, au centre desquels la paix, la proximité avec ses semblables: l’opéra-conte Marie d'Egypte, d'après le roman de Jacques Lacarrière, sur un livret de Philippe Laborit. Verdun, Automne-Hiver 19…, opéra de chambre sur un livret de Christine Mananzar, pour 9 voix et 5 instruments (commande d’état, version filmée pour le Centre Mondial de la Paix). Sol invictus, cantate pour la paix, avec solistes vocaux, violoncelle et une danseuse. 

La musique de film occupa également une place importante avec plus d’une dizaine de partitions destinées à des fictions, des téléfilms et séries télévisées, court métrage documentaire. 

Toujours, on est saisi par la grande originalité de son langage musical, sa haute expressivité, sa poésie intense, tendre et rude.

Georgie Durosoir, musicologue.

Michel Sendrez est édité aux Editions G.Billaudot et aux Editions Jobert. Quelque 90 œuvres de 1954 à 2021

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