Bruno de Seguins Pazzis vient de publier un ouvrage fort intéressant intitulé « Quand le christianisme fait son cinéma », sorte de Bible du cinéma tournant autour de la religion catholique. De Jérusalem au Vatican, en passant par Jésus, la Vierge Marie, les saints, les anges, le diable, l’enfer ou encore le paradis, c’est plus de 1 200 films qui sont ici répertoriés et commentés. Ce livre constitue une relecture du Septième Art et de son histoire. Le muet, les péplums, la nouvelle vague, sans oublier Hollywood. Bruno de Seguins Pazzis revient sur tous les genres, en souligne les spécificités esthétiques, morales et politiques. On redécouvrira aussi des polémiques enflammées à propos du controversé « Théorème » de Pasolini, de la « Passion du Christ » de Mel Gibson ; des anecdotes méconnues sur le tournage des « Dix commandements » de Cecil. B DeMille, ou encore sur les acteurs des « Hommes et des Dieux » de Xavier Beauvois.
En plus d’être une somme considérable, cet ouvrage interroge l’avenir du traitement de la religion au cinéma à une époque où Dieu est, plus que jamais, sous le feu des projecteurs.
Pour Bruno de Seguins Pazzis - qui a consacré tous ses travaux au cinéma en étant critique de films pour différentes revues -, cette recrudescence actuelle de films tournant autour de la religion chrétienne (entre autres, « Silence et Résurrection » récemment, « Marie-Madeleine » et « Saint Paul » cette année) peut d’abord être un signe de notre époque, « d’une société qui baigne dans le matérialisme, l’hédonisme, le relativisme etc. » et qui génère « un besoin de spirituel ».
Cependant, au dire de l’auteur, cette profusion « nécessite de la part du spectateur une grande vigilance, un esprit critique et un minimum de travail d’analyse car si la soif de spirituel est une réalité, ce n’est pas parce qu’une œuvre cinématographique parle de Dieu, d’Amour, de conversion, voire de Miséricorde, qu’il faut lui décerner ipso facto un label de qualité. Ce n’est pas non plus parce que les intentions et le but apparent sont louables qu’il faut négliger d’y regarder de près et d’en discuter la forme aussi bien que le fond. Bien au contraire, en un siècle où l’erreur se répand comme une trainée de poudre, il convient de redoubler d’attention et de prudence avec les productions cinématographiques qui se parent d’un label de chrétienté ou plus encore de catholicité. Mieux encore, certains films qui n’ont aucune prétention à délivrer un message chrétien, peuvent recéler un caractère évangélique que n’ont pas des productions qui y prétendent ».
« Quand le christianisme fait son cinéma » de Bruno de Seguins Pazzis, Éditions du Cerf - Collection Dictionnaires, 516 pages, 29 €.
Rédaction