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Cinéma
Stanley Kubrick : première partie, naissance d’un visionnaire 1928-1965 (1)
Stanley Kubrick : première partie, naissance d’un visionnaire 1928-1965 (1)

| Jean-Louis Requena 973 mots

Stanley Kubrick : première partie, naissance d’un visionnaire 1928-1965 (1)

Enfance et formation

Stanley Kubrick est né le 28 juillet 1928 à New-York dans le quartier du Bronx. Son père Jacob Leonard Kubrick (1901/1985) est médecin homéopathe. C’est une famille juive, bourgeoise et aisée. Son père est pianiste et bon photographe amateur. Il apprend à Stanley âgé de douze ans à jouer aux échecs. Son fils aîné gardera cette passion toute sa vie. Sa mère, Sadie Gertrude (1903/1985), chanteuse et danseuse lui transmet le goût des livres et de la lecture. En mai 1934, nait une sœur cadette : Barbara.

Stanley est un élève médiocre : il ne s’intéresse à rien, s’ennuie. Pourtant des tests de dépistage démontrent qu’il est intelligent, mais les études lui paraissent sans intérêt. Pour le motiver, son père lui offre pour ses treize ans un appareil photo professionnel : un Graflex Pacemaker. Il est passionné de jazz notamment par la batterie : son idole est Gene Krupa (1909/1973) « drummer » de génie. En avril 1945, A l’âge de 16 ans il prend une photo d’un vendeur de journaux âgé, la mine triste, devant les quotidiens New-yorkais qui annoncent, en première page, la mort du président américain Franklin Delano Roosevelt (1882/1945). Il met la photo aux enchères et réussit à la vendre 25 $ au magazine « Look ». Il est engagé comme photographe indépendant par le magazine. Il y travaille pendant quatre ans (1945/1949). Il devient, sur le terrain, un excellent reporter en multipliant des chroniques saisies sur le vif, ou mises en scène, sur des sujets très divers avec une prédilection pour l’univers de la boxe. En mai 1948, à l’âge de 20 ans il se marie avec Toba Metz sa petite amie du lycée. Ils emménagent à Greenwich Village.

Durant cette période intense de reportages photographiques, Stanley Kubrick gagne un peu d’argent avec des paris autour du jeu d’échec : il devenu un joueur expérimenté, coriace. D’autre part, il fréquente assidûment les salles de cinéma où il découvre les grands réalisateurs européens : Ingmar Bergman (1918/2007), Federico Fellini (1920/1993), Michelangelo Antonioni (1912/2007) pour le traitement de l’histoire racontée sur l’écran. Les soviétiques : Sergueï Eisenstein (1898/1948), Vsevolod Poudovkine (1893/1953), Lev Koulechov (1899/1970) pour les théories cinématographiques (cadrage, montage, etc.). Il découvre également Max Ophüls (1902/1957) pour ses mouvements d’appareil complexes qui composent l’écriture visuelle du récit.

En 1950, Stanley Kubrick réalise deux courts métrages. Day of the Flight, une journée de la vie du boxeur Walter Cartier déjà photographié pour « Look ». Flying Padre (8’) sur un prêtre du Nouveau Mexique visitant ses ouailles dans son petit avion (Piper Club). Ses deux courts métrages ont un petit succès qui le fait connaitre dans le microcosme du cinéma newyorkais.

Premières réalisations

Après ses expériences de photographe puis de réalisateur de courts métrage, Stanley Kubrick se sent suffisamment armé pour se lancer dans son premier long métrage : Fear and Desire (62’). Avec l’aide d’un ami Howard Sackler, il écrit un scénario sur une guerre imaginaire : un avion transportant quatre soldats s’écrase en forêt derrière les lignes ennemies. Les quatre hommes, tous rescapés, cherchent à rejoindre leur camp en traversant le territoire hostile. Le tournage a lieu sur la côte ouest, à San Gabriel près de Los Angeles : il est chaotique. Pour réduire les frais le réalisateur a tourné les scènes sans le son… qu’il faudra créer en studio avec la musique. Le coût total du film est de 50.000 $ au lieu des 10.000 $ prévus ! Stanley Kubrick emploie, dès ce premier opus, la voix off qui sera sa « marque de fabrique ». Le film distribué dans un petit circuit « Art et Essai » est remarqué pour la qualité de la photo et des cadrages. 

Malgré l’accueil tiède de son premier film (Stanley Kubrick le fera disparaitre de sa filmographie officielle), il coécrit, avec le même scénariste, son deuxième long métrage sur le monde de la boxe : Le Baiser du tueur (Killer’s Kiss – 65’). Après une défaite sur le ring, Davey Gordon (Jamie Smith) défend une entraîneuse de night-club, Gloria (Irène Kane) malmenée par son patron Vincent Rapallo (Frank Silvera). Ce film tourné sans le son, en décors naturels dans les rues de New-York, bien que sans originalité scénaristique, est magnifiquement mis en scène et photographié par le jeune réalisateur (26 ans). Il préfigure la « Nouvelle Vague » française de cinq ans. Le film est récompensé par le « Léopard d’Or » au Festival International de Locarno 1955. Il est vendu 75.000 $ au studio United Artists. C’est un maigre bénéfice.

Entre temps, le 15 janvier 1955, Stanley Kubrick épouse en secondes noces Ruth Sobotka (1925/1967), artiste, après avoir divorcé de sa première femme.

La période américaine (1955/1960)

Le Baiser du tueur attire l’attention d’un jeune producteur indépendant James B. Harris (1928) bien introduit dans les studios hollywoodiens. Les deux hommes du même âge (26 ans) se rencontrent et habités par la même ambition, fondent en 1955, une société de production : Harris-Kubrick Picture.

Après plusieurs projets avortés, en 1956, Stanley Kubrick démarre le tournage de son troisième long métrage : 

L’Ultime Razzia (The Killing – 85’).

 Le scénario écrit en partie par le réalisateur est tiré du roman américain « Clean Break » de Lionel White (« En mangeant de l’herbe » – Série Noire - 1955 -Gallimard). Stanley Kubrick en difficulté, demande l’aide d’un grand auteur de polars : Jim Thomson (1906/1977). L’intrigue est fort simple : c’est le récit haletant d’un braquage sur un champ de courses par une bande de malfrats dirigée par Johnny Clay (Sterling Hayden). Cependant, l’intrigue déconstruite selon plusieurs points de vue, devient une sorte de puzzle qui est reconstitué à la fin, le tout commenté par une voix off impérieuse. Cette méthode rappelle celle du film d’Akira Kurosawa (1910/1998),  Rashômon (1950), que Stanley Kubrick connaît bien. Doté d’un budget important (320.000 $) pour une série B et d’acteurs professionnels, le film est un grand succès commercial. Il lance le jeune réalisateur dans le milieu hollywoodien : Kirk Douglas (1916/1920) et Marlon Brando (1924/2004) le remarquent.

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Desbazeille | 29/05/2020 21:11

Tres bon

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