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Cinéma
Le Roman de Jim (101’) - Film français de Arnaud et Jean-Marie Larrieu
Le Roman de Jim (101’) - Film français de Arnaud et Jean-Marie Larrieu

| Jean-Louis Requena 797 mots

Le Roman de Jim (101’) - Film français de Arnaud et Jean-Marie Larrieu

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"Le roman de Jim" ©
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Dans le massif jurassien, à Saint-Claude (Haut-Jura), Aymeric (Karim Leklou) traîne dans les débits de boissons avec ses copains. Avec ces pieds nickelés, il participe à un cambriolage grotesque. Plus tard il est arrêté par la police puis condamné à deux ans de prison. A sa sortie, au bout de dix-huit mois, pour bonne conduite, un ami le félicite : il n’a dénoncé aucun de ses comparses. 
Aymeric va de petit boulot en petit boulot : intérimaire magasinier, technicien de surface, manutentionnaire, etc. Il vaque de CDD en CDD sans ambition, vivant de peu. Toutefois, Aymeric a une passion : la photographie qu’il exerce avec un antique appareil argentique offert par son père. Il photographie tous azimuts sans développer les négatifs couleurs : c’est trop onéreux pour ses maigres revenus.

Dans une fête, Aymeric rencontre Florence (Laetitia Dosch) dite Flo, une ancienne amie qu’il avait perdue de vue. Elle est célibataire, joyeuse, décontractée et… enceinte de six mois ! Le géniteur est Christophe (Bertrand Belin), un collègue marié et père de deux petites filles. 
L’enfant ne sera pas reconnu par son père biologique. Qu’importe, Aymeric et Flo se mettent en couple. Cette dernière a une personnalité exubérante à l’opposé de celle d’Aymeric, toujours placide et attentionné. Il assiste, bouleversé, à l’accouchement de Flo : c’est un fils. D’un commun accord ils le prénomment Jim.

Jim grandit, environné des soins permanents, paternels, d’Aymeric. Flo est plus distante, laissant la garde de Jim à son père adoptif. Au fil des ans, pour Aymeric, Jim devient son fils avec lequel il entretien une complicité de tous les instants. 

Les années passent. Jim a huit ans quand Christophe, le père biologique, apparaît dans ce foyer sans histoire. A la demande de Flo, Christophe, déprimé suite à un malheur personnel, s’installe provisoirement dans la maison du couple, retirée dans la campagne. Rapidement, la cohabitation s’avère difficile malgré les efforts d’Aymeric… Flo est toujours aussi fantasque…

Arnaud (58 ans) et Jean-Marie Larrieu (59 ans) sont deux frères réalisateurs comme curieusement il en existe dans l’industrie cinématographique : les metteurs en scène italien Vittorio (1929/2018) et Paolo (1931/2024) Taviani ; les belges Jean-Pierre (né en 1951) et Luc (né en 1954) Dardenne ; les américains Joël (né en 1954) et Ethan (né en 1957) Coen, etc. ; sans oublier les inventeurs du cinématographe en 1895 (!) Auguste (1862/1954) et Louis (1964/1948) Lumière. La fabrication de films semble convenir à des duos fraternels ! 
Le Roman de Jim est le neuvième long métrage des frères Larrieu adapté, par leurs soins, du roman éponyme de Pierric Bailly paru chez P.O.L en 2021. Les frères Larrieu aiment la France des terroirs, en particulier ceux des régions montagneuses : Peindre ou faire l’amour (2005) dans les contreforts des Alpes, Vingt et une nuits avec Pattie (2014) dans les forêts de la Montagne Noire (Aude), Tralala (2020) à Lourdes (leur ville natale) dans les Hautes-Pyrénées, pour ne citer que quelques œuvres de leur filmographie.

Le Roman de Jim est le récit d’un anti-héros, homme banal, sans relief, un travailleur précaire, mais opiniâtre avec une obsession : Jim son fils adoptif. Il est vigilant et attentionné pour ce gamin grandissant à ses côtés (de la naissance à 10 ans) auprès d’une mère dissipée et aventureuse. 
Les frères Larrieu mettent en scène un « ménage à trois » qui n’a rien de scabreux : Aymeric gentil et actif, Flo volubile et inattendu, Christophe déprimé et taiseux. Bien que l’histoire de Jim s’étale sur près de 30 ans, avec d’astucieuse ellipses dans la dernière partie du récit, le film reste d’une grande fluidité sans heurt ni « trou d’air ». 
La voix off d’Aymeric lie les séquences étendues dans le temps et l’espace (plusieurs habitats). A ce sujet Arnaud Larrieu précise : « Nous avons travaillé l’association des voix off et des musiques avec les séquences de manière à ce que l’on ait la sensation que l’histoire ne se pose jamais tout à fait et que cependant les évènements ne « glissent » pas ». En ce sens, le film est musical.

Le Roman de Jim échappe au mélo facile par un scénario intelligent fait de rebondissements et ellipses, auxquels s’ajoute l’excellence des interprètes. Tout d’abord celle de Karim Leklou (Aymeric) au physique enrobé, père de substitution, homme humble à la masculinité douce loin des stéréotypes du mâle toxique ; Laetitia Dosh (Flo) une femme volontaire et quelque peu prédatrice ; plus avant, dans le récit, l’apparition lumineuse de Sara Giraudeau (Olivia) en femme douce et compréhensive. Ces personnages et quelque autres secondaires (Christophe, Aurélie la sœur d’Aymeric, Monique la mère de Flo, etc.), forment une « tribu » attachante qui nous séduit. 
Nous avons été charmés par le dernier opus des frères Larrieu lesquels produisent des œuvres décalées, non conventionnelles dans leurs formes narratives, inattendues, qui captent l’attention du spectateur.

Le Roman de Jim a été projeté au Festival de Cannes 2024 dans la section « Cannes Première ».

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