« Working Woman » - Film israélien de Michal Aviad – 93’
Israël. Orna (Liron Ben Shlush) est une jeune mère de trois enfants. Elle est pugnace et volontaire. Son mari Ofer (Oshri Cohen) vient d’ouvrir un restaurant branché dans la ville. Les clients dans un premier temps ne s’y précipitent pas malgré la qualité de la nourriture. Le couple traverse une crise financière : les banques sont frileuses et ne veulent pas octroyer un prêt à Ofer. De surcroît, les services municipaux de la ville font traîner l’instruction de la patente du restaurant. C’est la crise… Orna décidée d’en sortir, décroche un « job » d’agent immobilier chez un promoteur Benny (Menashe Noy), spécialisé dans la vente d’appartements haut de gamme. Elle connaît Benny : c’est son ancien commandant lors de son service militaire (Tsahal, force armée israélienne).
Rapidement, Orna se montre efficace dans son travail : elle obtient d’excellents résultats malgré la difficulté commerciale due à l’état du marché immobilier. A la demande de son patron, Benny, elle change de coiffure (cheveux longs libres), de tenue (jupe) estompant ainsi chignon et pantalon.
Benny est ravi de sa nouvelle recrue, la tutoie rapidement et devient de plus en plus intrusif, s’immisçant dans son cercle familial…
Orna reste sur ses gardes, vigilante. Elle a besoin impérativement de ce travail rémunérateur, de l’argent que les commissions de ses ventes lui rapportent…La situation économique du restaurant de son mari reste fragile… Benny le sait…il cherche à obtenir quelques avantages…
Orna est une femme forte, décidée à sortir des mâchoires du piège qu’elle sent se refermer sur elle : les avances de plus en plus pressantes de Benny, les ennuis financiers d’Ofer, son mari…
Elle doit jouer serré, sans rien céder, tout en restant mutique, ne rien laisser paraître…Y arrivera-t-elle ?
Pour son deuxième long métrage de fiction, Michal Aviad (64 ans), née à Jérusalem, nous livre un film haletant, sans pathos, sur le sujet grave du harcèlement sexuel ordinaire. Son dernier opus a été préparé et tourné avant l’affaire Harvey Weinstein (producteur de film américain) et le mouvement #MeToo qui a surgi suite aux révélations sur le comportement compulsif de ce prédateur sexuel. L’histoire qu’elle nous narre a lieu dans une banale entreprise de promotion immobilière ou son dirigeant, au demeurant avenant, importune avec l’once de perversité nécessaire, son employée momentanément fragilisée par des soucis domestiques, économiques.
Le déroulé du récit est d’une grande justesse : Orna y est décrite comme une femme de son temps, actrice et non spectatrice de son devenir, qui agit pour maintenir son équilibre psychique, celui de sa famille, ballotés tous deux par les agissements sournois de Benny.
La réalisatrice israélienne Michal Aviad a collationné avec ses scénaristes, les anecdotes (!) de harcèlement sexuel que ses amies lui ont confiées. En bonne documentariste, elle a réalisé sa dernière œuvre fictionnelle (la deuxième !) comme un reportage sur ce douloureux et lancinant problème de relation entre femme et homme dans un cadre professionnel.
Une femme sur cinq est victime de harcèlement sexuel au travail (sources : enquêtes IFOP DDD mars 2014 et enquête IFOP VIEHEALTHY f février 2018). Ces faits navrants se déroulent de nos jours, dans nos sociétés dites « avancées ».
Un long métrage (93’) à voir pour son traitement cinématographique intéressant (scénario, mise en image, etc.), éloigné des clichés habituels, d’autant que le « point de vue » est celui d’une réalisatrice de talent.