La 72e édition du Festival de Cinéma de Cannes récompensera ce dimanche Alain Delon pour l'ensemble de son œuvre : l'acteur rejoindra ainsi la liste des légendes du 7ème Art honorées par la célèbre manifestation : Jeanne Moreau, Woody Allen, Bernardo Bertolucci, Jane Fonda, Clint Eastwood, Jean-Paul Belmondo, Manoel de Oliveira, Agnès Varda et Jean-Pierre Léaud. Le comédien légendaire avait joué dans treize films présentés à Cannes, dont le merveilleux « Guépard », Palme d'or 1963.
Mon ami et ancien collaborateur (à Radio-Adour-Navarre, en 1978 !) Philippe Chauché, auteur du remarquable site « La Cause littéraire », n’a pas manqué de remarquer à ce propos une pétition américaine contre la remise à Alain Delon de cette Palme d'or d'honneur au Festival de Cannes, pétition postée en ligne par une certaine Margherita B. et reprise par « Melissa Silverstein », fondatrice du groupe « Women and Hollywood ».
Ainsi, « des fâcheux bien-pensants d'Outre-Atlantique demanderaient au Festival de Cannes de renoncer à célébrer son talent », commente Philippe sur son site Facebook.
Renoncer à célébrer son talent ? En quoi les « fâcheux bien-pensants d'Outre-Atlantique » se sentent-ils concernés ? Car il s’agit bien de Cannes, et non d’Hollywood !
Voudrait-on nous imposer au cinéma un formatage aussi vulgaire que convenu, semblable à celui affectant l’écriture de romans, enseigné dans quelques officines d’outre-Atlantique et parfois diffusé chez nous, où la pauvreté du vocabulaire rejoint la précarité d’une bien-pensance polit’correcte, telle une ceinture de chasteté destinée à châtrer des intelligences trop libres et indépendantes ?
Et pourquoi ne leur appliquerait-on pas à notre tour, à ces fâcheux bien-pensants d'Outre-Atlantique, les « sanctions » dont ils sont si friands par ailleurs ? Par exemple en taxant ou en jetant un « interdit » assorti de sanctions économiques (comme savent si bien le faire les autorités américaines quand elles estiment que leurs intérêts économiques sont en jeu) sur certaines de leurs sociétés de production de feuilletons dont les « meilleurs » navets polluent en abondance nos chaînes de TV : une œuvre de « salut public », vous dis-je, digne d'une « grrrrande démocratie » soucieuse de préserver la qualité esthétique (et intellectuelle) dont se nourrit sa population !