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Pour que vivent nos langues !
Pour que vivent nos langues !

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Pour que vivent nos langues !

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Jean-Louis Davant (euskaltzain émérite) ©
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Le député Paul Molac : une révision constitutionnelle s’impose ©
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Pour que vivent nos langues !

Chacun devrait au Pays Basque pouvoir choisir un modèle d’enseignement pour ses enfants et s’enrichir d’une diversité linguistique et culturelle, qu’il s’agisse de l’euskara ou du gascon. Garantir ce modèle, c’est préserver et promouvoir un projet de société partagé, ouvert et apaisé.

La décision du Conseil Constitutionnel du 21 mai 2021 remet gravement en cause cet équilibre. Cette censure partielle de la Loi Molac constitue la négation totale de dizaines d’années d’engagement en faveur de l’Euskara. Au mépris affiché à l’encontre du choix des familles des 5000 élèves suivant un enseignement immersif au Pays Basque, se double celui exprimé à l’égard de notre territoire et de ses langues. 

Mobilisez-vous, à nos côtés, ce samedi 29 mai, à 16h devant la salle Lauga à Bayonne, « pour que vivent nos langues » !

Parmi les centaines de signatures figurant au bas de ce manifeste, on relevait déjà hier soir celles de : Marielle et Katia Labèque, Marie Darrieussecq, Michel Portal, Thierry Malandin, Fabio Lopez, André Garreta, Alexandre de La Cerda, Peio Doxpi, Serge Blanco, Peio Lizarrazu, Marie Cosnay, Pantxika Telleria, Beatrice Molle Haran, Aretz Iguiniz...

Euskarak murgiltzea behar du ! Larunbatean denak Baionarat ! Ta que vivin las nostas lengas ! Ta sauvar l’ensenhament en lenga nosta !

- L'Académie de la langue basque Euskaltzaindia dénonce la décision du Conseil Constitutionnel français contre la loi de protection et de promotion des langues minoritaires. Exprimant son désaccord total avec cette décision, l'académie travaillera avec tous ceux qui oeuvrent au profit des langues et des cultures minoritaires afin d'améliorer leur protection juridique (21 mai 2021).
- Jean-Louis Davant (euskaltzain émérite) :  "Le Conseil constitutionnel met en danger tout l'enseignement de nos langues par une décision idéologique sans fondement juridique."
- Battittu Coyos (représentant le Pays Basque nord à l'Euskaltzaindia) : "Cet article 2 de la Constitution a toujours été utilisé pour entraver le progrès des langues régionales, en en faisant une deuxième langue. La décision du Conseil constitutionnel n'arrêtera pas l'engagement des bascophones à revitaliser le basque. "

Devant l'ampleur des protestations (monde culturel, économique, élus politiques, etc.), le chef de l'Etat a ainsi réagi :  
"Emmanuel Macron / matin 26 avril
Les langues de France sont un trésor national. Toutes, qu'elles soient issues de nos régions en métropole ou de nos territoires d'outre-mer, ne cessent d’enrichir notre culture française.
Depuis des décennies, un mouvement majeur de transmission par l’école immersive, au travers d’associations comme Diwan, Seaska, les Calendretas, Bressola, ABCM et d’autres, a fait vivre ces langues et a garanti leur avenir.
Rien ne saurait entraver cette action décisive portée par nombre d’engagés, souvent bénévoles, qui ont tout à la fois l’amour de leur région, la passion de la France et le goût de l’universel.
Le droit doit libérer, jamais étouffer. Ouvrir, jamais réduire. La même couleur, les mêmes accents, les mêmes mots : ce n’est pas cela, notre nation. Braudel l’écrit : la France se nomme diversité. 
En tant que Président de la République, je suis tout à la fois protecteur de la langue française et gardien de la richesse que constituent nos langues régionales.
Voilà pourquoi j’ai demandé au gouvernement et au Parlement de trouver les moyens de garantir la transmission de cette diversité linguistique dans le respect des cadres pédagogiques largement reconnus depuis un demi-siècle".

Pour sa part, le Premier Ministre Jean Castex a annoncé qu’il missionnait deux députés afin de « tirer toutes les conséquences » de la décision controversée du Conseil constitutionnel de censurer « l’enseignement immersif » en langues régionales, voté dans le cadre d’une proposition de loi à l’Assemblée. 

Suite à la prise de position du Chef de l'Etat à propos de la décisions du Conseil Constitutionnel de censurer la loi Molac sur les langues régionales, ce dernier vient a réagi par un communiqué à la presse réclamant une révision constitutionnelle :

"A la suite de la décision du Conseil constitutionnel du vendredi 21 mai, l’enseignement par immersion n’a jamais été autant menacé. Pourtant, il est employé dans des écoles aussi bien associatives que publiques et il touche des milliers d’élèves. Cette méthode pédagogique est reconnue pour être la plus efficace pour former des locuteurs en langue régionale, sans que cela ne porte atteinte – bien au contraire – à la maîtrise de la langue française par les élèves apprenants. Pour sauvegarder notre diversité linguistique menacée de disparition selon l’UNESCO, c’est bien le rôle de la République de favoriser leur apprentissage à l’école et non de l’interdire.

J’accueille favorablement les initiatives prises par le Président de la République, à travers cette mission confiée par le Premier ministre à deux députés, pour tirer les enseignements de cette décision du Conseil constitutionnel à l’égard de l’enseignement immersif. Cette mission devra permettre de trouver concrètement les moyens de garantir la liberté d’enseignement et ainsi de sauvegarder le modèle de ces écoles œuvrant pour la diversité linguistique, qui est une véritable richesse, et non une menace, pour notre pays. Cette prise de conscience d’une situation très problématique de la part du chef de l’État et du chef du Gouvernement était nécessaire à la suite de la faute du ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer qui a lui-même initié le recours contre la loi sur les langues régionales adoptée à une très large majorité, le 8 avril dernier.

J’attends de cette mission qu’elle tire tous les enseignements de cette crise à laquelle nous assistons, et qu’elle ne soit pas une diversion afin d’éteindre la vive contestation soulevée par ces attaques contre ce que nous sommes. Comme j’ai déjà pu l’indiquer, je reste convaincu que seule une révision de l’article 2 de la Constitution nous permettra d’obtenir un cadre juridique sécurisé et pérenne pour nos langues, dans un climat apaisé".

Pour sa part, dans une entrevue publiée par "L'Express", François Bayrou déclarait :
"Je ne sais pas si le Conseil constitutionnel s'est aperçu des conséquences de la décision qu'il a prise sur un sujet aussi brûlant, qui est vécu passionnément voire passionnellement par beaucoup de Français. Rayer d'un trait de plume les décennies d'efforts réalisés pour transmettre ces langues qui appartiennent au patrimoine linguistique français, est inconséquent, sans précédent et dangereux. 
Replaçons la décision dans son contexte. Elle remet en cause l'existence des écoles immersives, dans lesquelles la langue régionale est le support de la vie de l'école et de la majorité des cours. Or, les pédagogues le savent : c'est par la pratique dans la vie de tous les jours que l'on apprend le mieux une langue - comme le fait un enfant dans son cercle familial, comme nous avons été, moi-même et tant d'autres, imprégnés du béarnais, du basque, du breton, du catalan, du corse, etc. Cette méthode consiste donc non pas à donner un cours sur ces langues mais à enseigner en ces langues, qu'il s'agisse des mathématiques, des sciences ou de l'histoire. Elle a bien évidemment une efficacité à nulle autre pareille. (...)
Non seulement les élèves qui suivent ce type de scolarité ne sont pas moins bons que les autres en français, mais ils sont meilleurs : c'est un constat objectif et scientifiquement établi ! Et c'est logique, car ils ont aussi des cours de français pendant lesquels on écrit en français, et on étudie des textes. Et ils entendent parler français le reste du temps, que ce soit dans leur famille, à la télévision, sur les réseaux sociaux, avec leurs camarades... En revanche, le fait de jongler avec deux langues, et parfois trois, développe chez eux un sens linguistique remarquable, si bien que leurs résultats sont généralement meilleurs que les élèves qui évoluent dans le monolinguisme. D'où le succès de cette méthode dans les écoles où elle est appliquée".

La réaction du Parti basque EAJ-PNB :

Fustigeant « l’hypocrisie de dirigeants politiques qui atteint des sommets » ainsi que « les beaux discours de façade et, en arrière boutique, des manœuvres pour laisser bloquer la situation alors que ces langues agonisent et nécessitent chaque jour des mesures plus vigoureuses », le PNB estime « qu’au terme de cette séquence, le système d’enseignement immersif, dans les écoles  publiques est rejeté et qualifié d’inconstitutionnel. Le système immersif privé, porté par Seaska et l’enseignement catholique est également en danger. Cela revient à attaquer le principal instrument de formation de nouveaux locuteurs dans ces langues. Cela revient à tuer l’espoir de leur renouveau ».

Le communiqué du PNB poursuit :

« M. Macron doit engager la réforme de l’article 2 de la Constitution.

Le timing suivi par M. le président Macron donne l’impression d’une très bonne coordination avec son Ministre de l’Education, dans cette offensive anti-enseignement immersif : laisser courir au maximum le délai de promulgation de la loi par le Président de la République, pour permettre un recours, déposé quelques heures avant l’expiration de ce délai, soutien in extremis de députés LREM pour dépasser, de façon forcée, la barre nécessaire des 60 parlementaires pour rendre le recours recevable, promulgation immédiate par le président de la loi tronquée quelques heures après la décision du Conseil Constitutionnel, alors qu’il pouvait demander un réexamen du texte.

Si M. Macron est comme il le prétend, un défenseur résolu des langues dites régionales, il doit engager la révision de l’article bloquant, l’article 2 de la Constitution qui stipule : « la langue de la République est le français ». Les langues dites régionales devront y être expressément reconnues, pour éviter toute interprétation restrictive du Conseil Constitutionnel. Finis les beaux discours lénifiants pour calmer y compris des députés de sa formation politique. Finis les réformes constitutionnelles cosmétiques. L’heure est venue d’adopter des mesures réellement efficaces.

En conséquence, EAJ le principal parti du Pays Basque à la fois, acteur  du sauvetage de  l’euskara en Pays Basque sud, depuis son officialisation, au début des années 80 et promoteur de la politique linguistique en Pays Basque nord, (financement de l’OPLB par le Gouvernement Basque) se mobilise et appelle à manifester.

Des étudiants du Pays Basque nord étudieront l’an prochain en Euskara, à l’Université du Pays Basque.

La libre circulation des personnes dans l’espace européen et le dépassement de la frontière entre Pays Basque nord et sud devient une réalité pour des lycéens désireux d’intégrer l’Université du Pays Basque, en Euskadi. Un nombre croissant de lycéens bascophones du lycée ikastola Bernat Etxepare souhaitent poursuivre leurs études en euskara, en Pays Basque sud.

Depuis la récente réforme du baccalauréat, l’entrée dans les universités de l’Etat espagnol était soumise à une sélection préalable, sous forme d’examen. Les étudiants « étrangers » devaient obtenir une homologation de leurs matières, par le Ministère de l’Education espagnole. Deux matières centrales : les mathématiques et la biologie n’étaient plus reconnues, alors que les changements de programme y étaient minimes. Sans ces homologations, il devenait compliqué pour les lycéens concernés d’intégrer l’université de leur choix, et donc de poursuivre dans la langue de leur choix.

Les dirigeants de Seaska et du lycée Bernat Etxepare nous ont alerté fin avril de la situation de blocage et du retour de plus de 10 ans en arrière que constituait l’obligation de passage de ces examens.  Le travail et les échanges entre les élus jeltzale sur l’ensemble du territoire, et une intervention d’EAJ au plus haut niveau a permis de débloquer la situation, en moins de 3 semaines. Dès la prochaine année universitaire, l’obligation de passer cet examen disparait. Josune Gorospe, députée jeltzale à la Chambre des députés a publiquement fait connaître sa satisfaction. Ces lycéens pourront (tenter d’intégrer) candidater à l’université de leur choix.

EAJ encourage les lycéens du Pays Basque nord, à poursuivre leur cursus étudiant, dans des universités qui leur permettront à la fois, de  s’enrichir culturellement et de trouver à terme, s’ils le souhaitent, un emploi dans un territoire à l’économie dynamique ».

Répondre à () :

Lloan Pierrz | 01/06/2021 13:13

Oui aux langues régionales tant qu'elles ne sont pas le vecteur des nationalismes.

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