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Société
La bataille de l'esprit autour de l'Intelligence artificielle
La bataille de l'esprit autour de l'Intelligence artificielle

| François-Xavier Esponde 1612 mots

La bataille de l'esprit autour de l'Intelligence artificielle

1 - Le sujet est évoqué par Mark Hunyadi dans la revue personnaliste "Esprit", qui invite à réfléchir

"La bataille de l'esprit invite à désigner l'ennemi pour en mesurer ses buts de guerre dit le préambule. Des tech titans d'aujourd'hui on ne connaît que l'arme numérique augmentée de l'Intelligence artificielle. S'agit il de capitaliser les sources d'informations à l'échelle universelle, de contrôler l'ensemble des comportements humains, assurer un monopole des données  au delà des espaces étatiques eux mêmes existants, et à terme de toucher le système démocratique  ? Connaitre ces intentions de leurs auteurs demeure  un exercice de compréhension du fonctionnement et des résultats obtenus des big data."

Mais en cela l'esprit humain se devra  conquérir cet enjeu de pouvoir et de décision de l'homme. 

En devenant médiation obligée, le numérique est en position d'imposer  à l'esprit sa forme privilégiée de la relation au monde et plus que jamais la raison individuelle loin du cogito, - je pense donc je suis- de Descartes ne peut que s'adapter à la rationalité sociale et du numérique. Tout individu doit se hisser à la hauteur de la rationalité sociale mais l'empreinte exercée par le numérique confère à l'esprit humain une portée sans précédent, en imposant sans cesse à ce dernier de se conformer  à l'existence des choses existantes. Il reste peu de champ de fonction à la rationalité humaine réduite comme peau de chagrin pour sa liberté.

L'intelligence artificielle procure un plaisir immédiat et entretient chez tout utilisateur de ses services des bienfaits appropriés. Au bénéfice acquis d'économies possibles dans la chaine de production des informations, et de leur utilisation, des secteurs entiers de la médecine, des biens culturels, universitaires ou scolaires, touchant tous les secteurs d'activités de la vie sociale et individuelle semblent concernés.

Fin 2022, l'arrivée de ChatGPT, emblème de l'intelligence artificielle générative, est désormais connue de tous.

Les effets de ces savoirs pour des maitres et des élèves produisant des enseignements sans cours, le numérique donnant réponse à toute question du professeur, après le premier sentiment partagé de la sidération venait la question immanente du sujet, de tels travaux inédits doués de sens,  et ressemblant à un test de Turing réussi suffisait - elle à convenir  du génie de l'IA ?

Si tout semble pensé de façon objective et subjective pour le consommateur utile et de la pensée cognitive psychique ou de confort physique, notre penseur s'interroge sur tant de bonheur libidinal obtenu insensiblement, invariablement et sans quelque suspicion sur les intentions de l'IA ?

Et le penseur avoue combien le numérique réussit à mettre en œuvre avec force et résultat, "le paradigme cybernétique" de la communication, creuset et matrice du numérique et de l'IA. 

Daniel Andler auteur d'un livre sur le sujet, "Intelligence artificielle, Intelligence humaine : la double énigme" chez Gallimard, rappelle que pour la cybernétique l'information n'est qu'une donnée  moyennant un traitement qui déclenche un effet. Une information n'est pas porteuse de sens, elle est une donnée physique dans les échanges avec le monde. Travail génial du créateur de la cybernétique Norbert Wiener père fondateur de cette science de l'information avec ces inputs et outputs et des rétroactions assure que la machine constitue un résultat mécanique.

En s'adressant  à la machine et lui faisant confiance en soi le réflexe automatique l'emporte sur toute autre conduite chaque jour la colonisation du monde vécu se glisse dans le système en lui même conquérant et absorbant toute velléité de s'en prémunir.

Définis et entrés dans le système cybernétique, l'humain assimilé par le numérique, devenu un objet numérique lui aussi comme une information comme les autres à traiter sans distinction.

En profilant le profil et les atouts de chaque utilisateur nous finissons par ne plus penser par nous mêmes, la machine assurant ce rôle, au demeurant satisfaisant nos volontés et nos désirs . De la sorte distinguant en chacun de nous nos connaissances des savoirs, et des capacités personnelles de les comprendre sans les confondre.

Hannah Arendt rappelait néanmoins que les facultés les plus hautes de l'esprit humain, -penser, juger et contempler- se devaient d'être toujours préservées ni confondues avec les informations à confusion.

"Le devenir cybernétique de l'esprit menacerait donc l'homme qui trouverait dans ce halo d'informations une sorte d'un nouveau milieu naturel  d'artifices imaginaires."

L'intelligence artificielle générative permettant de coloniser l'esprit organe de la relation au monde.

Pourquoi donc l'esprit humain se refuserait à se faire assimiler par l'IA et ses nombreuses sollicitations possibles ?

L'esprit humain détient "cette faculté de contre factualité" en ne se laissant guider par ce qui lui est donné mais ce qui ne lui est pas encore donné, comme moins guidé par le réel que par l'idéel de la relation au monde.

Mais la menace demeure dit le penseur, à cause de l'attrait pour les algorithmes et la séduction des données numériques qu'ils produisent.

Platon disait déjà il y a plus de 2000 ans, "l'amour est cette capacité de se transcender vers ce qui n'est pas présent", Kant appelait la raison à s'orienter vers les idéaux de l'esprit, les phénoménologues parlaient des dispositions de l'intentionnalité qui conduit au delà des connaissances perçues, L'IA n'en perçoit guère la transcendance, et pour un spirituel ou un religieux, toute référence métaphysique de la pensée disparait dans cet amas de sources informatives sans limite ou sans mesure.

Dans ce rapport cybernétique point d'émotion artistique, point de risque d'erreur, tout est codifié et composé, point de rêverie ou de dillétantisme mais une conjugaison de réseaux et de liens d'un process fonctionnel et technique qui s'auto réitère.

* Si la technique peut inférer dès lors sur le fonctionnement même de l'esprit, pourquoi ne pas penser l'esprit humain comme le patrimoine immatériel de l'humanité à protéger de telles menaces et des risques inhérents cybernétiques ?

"Dans le monde actuel, on ne protège pas l'esprit, on protège les individus mais pas l'esprit." L'esprit n'est ni une personne ni un bien juridique. La question fait débat ou pose problème. On n'imagine que le sujet ait une telle dimension dans ce combat des géants des big datas où la question est bien prégnante.

***Jadis on légiféra dit le penseur, sur les droits humains mais déclarer l'esprit comme un bien patrimonial de l'humanité en lui consacrant une Autorité permettant de réguler les innovations technologiques  du numérique+ et garantir l'épanouissement de l'esprit se pose avec l'IA. 

Imposer unilatéralement un mode de relation au monde par la cybernétique est une contrainte insidieuse et aux conséquences imprévisibles. Addictions au numérique, emprises sur l'esprit humain, ne sont plus des vues irréfutables mais des menaces ou des risques, dit en conclusion ce penseur .

Des réflexions produites par un expert qui pense la cybernétique, et ses effets induits sur l'intelligence humaine. Un sujet de réflexion pour tous.

2 - IA Nouveau réseau social mondial ? de Georges Nahon

Les commentaires d'un expert en technologie numérique sont de premier intérêt. L'IA générative transforme en profondeur le Web et les combats concurrentiels entre les grandes régies numériques décident de leur avenir. Le projet antitrust contre MERA augure d'une transformation profonde. Facebook et Instagram ne sont plus centrés sur leurs connexions sociales mais sur le divertissement, l'apprentissage et la découverte". 17 % du temps passé sur Facebool et 7 % sur Instagram concernent des amis.Idem Pour TikTok, où les abonnés remplacent les amis. Entre les contenus d'amis et les informations aléatoire le choix est difficile à jauger. L'algorithme dispose, avec des contenus proposés par l'IA. On découvre encore que des opérateurs d'IA se transforment en réseaux sociaux, dit notre expert. Elon Musk est cité dans ces opérations d'envergure et ses réseaux numériques à la commande. 

"L'IA devient le nouveau média dominant et le nouveau réseau social mondial". Le Web est déjà exploré par l'IA générative et nos dialogues sont connectés avec le système artificiel sans que nous n'en soyons conscients  et personnalisés. L'IA fait évoluer aussi la recherche sur internet par des intermédiaires cybernétiques qui nous dispensent de moteurs de recherche en se connectant au Web en temps réel.

Un état des choses qui interroge. Le modèle premier de Web est menacé à terme, et de quels moyens disposerons-nous pour contenir ce pouvoir imprescriptible de l'IA  qui développe de plus en plus de contenus artificiels sur Internet. On dit que déjà 54 % des articles longs en anglais sont rédigés par l'IA sur LinkedIn L'expert de la Maison Orange s'interroge, sur la pérennité à terme de ce rapport entre IA et le Web, à savoir distinguant le contenu artificiel du naturel et les données sans consistance réelle. Les humains auront un jour par retour devoir de labelliser le contenu de ces artifices pour les distinguer de ce qui n'est pas artificiel de l'information !

Question de concurrence entre quelques grands décideurs du monde, au nombre à peine de quatre ou cinq, mais aux potentialités considérables dans leur monde de l'IA. 90 % du trafic du Web étant à ce jour contrôlé par une dizaine d'entreprises expertes en ce sujet, on ne devrait rêver de rétablir un jour un internet déconnecté d'informations réelles de ce réseau contraignant. . La question partagée par cet expert en technologie actuelle autour de l'IA prend sa place auprès de tous les abonnés, consommateurs, utilisateurs que nous sommes, bien peu conscients de la réalité d'un tel géant à la manœuvre pour régir l'information du monde aujourd'hui. Que pouvons-nous dire, faire et convenir ?

Notes :

* M Hunyadi Déclaration universelle des droits de l'esprit humain. Une proposition Paris PUF 2024

** Daniel Andler  Intelligence artificielle : la double enygme Paris Gallimard Essais, 2023

***  B Jarry Lacombe JM Bergère François Euvé et H Tardieu, Pour un numérique au service du bien commun. Questions anthropologiques et éthiques  Paris Odile Jacob, en 2022

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MARTIN DESMARETZ de MAILLEBOIS | 06/06/2025 12:19

Les références de cet article sont des ouvrages déjà "pensés" à partir de notions précédentes. Les négations exprimées ici ne sont pas complètes. Le style général est effroyablement mauvais. Bref cet article me paraît ressasser des concepts non identifiés,et sommaires. L'article nous parle de l'I.A. mais en ignore le fonctionnement. Je dois donc rappeler ce fonctionnement qui est d'une simplicité enfantine. Pour ce faire je dois rappeler que j'ai fait beaucoup de programmation dans ma vie et ceci depuis 1970, soit durant 50 ans passés ! J'ai commencé avec l'apprentissage des langages spécialisés utilisés pour programmer les premiers ordinateurs : COBOL pour le commercial, FORTRAN pour le "teleprocessing" (communication de données à distance), ASSEMBLEUR langage déjà évolué du langage MACHINE de base très proche du BINAIRE, les fameux "zéros et uns" qui constituent la base de tout et ne commencent que très timidement à être maîtrisés par l'abandon de la dictature de l'octet et le passage très restreint au quantique... Parmi tous ces langages historiques, il y a eu l'arrivée dans les années 75-85 du PASCAL qui offrit une nouveauté : la routine .OBJET en extension qui permit l'intégration d'objets mémoires dans les programmes. Il y eut ensuite le TURBO PASCAL que j'ai utilisé souvent pour programmer des applications encore relativement simples et d'usages courants. Il y a eu les fameux BASICS très divers et variés pour des applications de jeux souvent, les LOTUS pour des applications de bureau (bases de données dont DBASE III que j'ai beaucoup utilisé). Plus récemment les WORD et autres EXCEL sont arrivés avec leurs programmation en MACROS etc... De toutes ces expériences, il ressortit dans presque tous les langages une fonctionnalité bien pratique et surtout amenée à son maximum par HP, surtout dans le formatage HP plus que dans l'IBM, concurrent malfaisant qui a fini par gagner, qui permit de donner de l'intelligence dans la programmation qui aussitôt fit gagner de la place mémoire, très limitée jusque dans les années 2000. Cette fonctionnalité s'appelle "la boucle conditionnelle" ! Employer des instructions de programmations partant d'une hypothèse (si !) pour dire à l'ordinateur de la vérifier et en fonction de cette vérification de partir vers une direction ou une autre pour la suite du programme d'instructions a permis d'économiser aisément des centaines de lignes d'instructions... Un nombre CCC,LLLiii est la clef de cette hypothèse et de la suite à donner. identifier la partie entière du nombre (INT), la stocker, puis la partie fractionnaire (après la virgule) limitée à trois digits, séparés alors de la suite de cette FRC qui est alors un nombre INDEX, permet de limiter l'examen de toutes les hypothèses à cet index... J'ai énormément utilisé depuis 40 ans environ cette fonctionnalité bien pratique que je ne peux pas ici développer. C'est formidablement utile en LANGAGE MACHINE le plus proche du binaire mais en macro-assembleur, donc déjà évolué. Pourquoi ai-je ainsi parcouru l'évolution depuis 50 ans passés ? Pour en arriver justement à cette "boucle conditionnelle" qui est la base même de cette supposée "intelligence" qui n'a rien d'intelligent sauf dans sa conception humaine et dans ses limites programmées par le nombre CCC,LLLiii. Cela n'a rien d'artificiel non plus ! C'est tout simplement bêtement astucieux et l'intelligence n'a rien à voir avec cela ! CQFD.. non ?

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