(Photo de couverture : "Solennité de l'Ascension du Seigneur" par Giotto)
Trois jours pour ce pont spirituel de l'Esprit Saint qui rappelle Pâques pour les chrétiens dans le parachèvement d'un projet divin.
En écoutant l'œuvre d'Olivier Messiaen, à l'époque organiste de l'église de la Trinité à Paris, le titre Ascension illustre le ton de sa musique. Entre ciel et terre, le haut et l'intime, l'immensité et la modestie, le maître pris entre deux horizons aussi imprévisibles l'un et l'autre, invite à l'accompagner dans le mystère pascal inachevé, destiné à notre liberté, et à notre attente.
Il n'y a en la fête de l'Ascension de comparaison humaine, ni le zénith d'une victoire olympique, ni l'apothéose des planches de Cannes, ni quelque voyage interplanétaire à la recherche d'un oméga du cosmos, ne satisfont à comprendre un tel mystère !
Vu des deux côtés, du temps de notre quotidien ou du temps de l'éternité qui n'est pas le nôtre, des deux mondes à la fois, on ne peut que s'interroger. Le paradis virtuel des images invisibles et bien réelles puisqu'elles se connectent entre elles, ne cesse de nous intéresser.
Les analogies seules permettent d'appréhender ce chemin de vie que nous empruntons comme ce voyage dont nous ne maîtrisons la fin.
Imaginer une sorte d'inversion de rôles sans les interrompre laisse le sujet et la réflexion analogique en permanence de notre esprit.
Jamais totalement à nous, jamais totalement absent à notre liberté, ce lien avec le ressuscité demeure inédit en chacune de nos vies.
Jamais conquis, jamais rompu, dans ce rapport à la vie et la mort, qui reste quotidien, le sujet le plus tabou et le plus interdit de la vie.
Au risque de pouvoir le croiser sans le connaitre, de vouloir le dominer sans le décider, la résurrection du Christ comparable à la nôtre par l'Ascension ne trouve dans les privautés de ce monde sa totale plénitude.
Il manque, il manquera toujours et partout sur la terre et dans les mondes stellaires cette réponse décisive qui convient à notre entendement. Que fais-je donc ici-bas? Pourquoi regarder le ciel inlassablement en attendant Celui qui s'est révélé parmi nous ici-bas ? Olivier Messiaen a choisi de le rendre audible par la musique, des peintres auront disposé de leur toile pour le représenter, des auteurs comme Péguy, la poésie pour l'exprimer, Claudel le théâtre pour s'y conjuguer, des moines chartreux et carmes pour l'habiter dans le silence.
Mystère, notre courte vie, sommaire et passagère, est un mystère !
Entre ciel et terre, ou entre terre et ciel, elle trace son voyage vers la lumière, ascendante ou descendante ? Les anges emprunteront ce chemin comme bien souvent dans la Bible selon des paramètres qu'aujourd'hui on appréhende comme des connections effectives de la lumière et pour un chrétien, une rencontre personnelle avec... L'Eternel lui même !