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Cinéma
La critique de Jean-Louis Requena : The Music of Strangers
La critique de Jean-Louis Requena : The Music of Strangers
© Col Musics of Strangers

| Jean-Louis Requena 370 mots

La critique de Jean-Louis Requena : The Music of Strangers

« The Music of Strangers », film américain de Morgan Neville – 96’

Autant avouer sans délais : les documentaires sur la musique « savante » ou « classique » sont majoritairement assommants, voire pire encore…Ce long métrage est une heureuse exception. Il aborde, grâce à un ingénieux montage, la personnalité attachante de Yo-Yo Ma, son travail depuis la fin des années 90 avec son orchestre Silk Road Ensemble qu’il a peu à peu édifié avec des musiciens de tous horizons géographiques et politiques.

Yo-Yo Ma est cet immense violoncelliste d’origine chinoise né à Paris en 1955. Ses parents émigrent au Etats-Unis durant son enfance. Il y poursuit ses études musicales à la célèbre Juilliard School, pépinière de musiciens américains. Sa discographie est impressionnante, tous les sommets musicaux y sont : L’intégrale des suites pour violoncelle de Jean-Sébastien Bach, les deux sonates de Johannes Brahms pour violoncelle et Piano, Schubert, Mendelssohn, etc. La liste serait trop longue. La quarantaine passée, lassé de répétitions, de concerts internationaux, de répertoire figé, il décide de fonder un orchestre. A l’origine ce dernier devait intégrer des instrumentistes, des compositeurs traditionnels nés sur le parcours de la route de la soie, de Chine jusqu'à la Méditerranée.

Au fil des ans, sous la force centrifuge des évènements mondiaux (guerres, régimes politiques, intolérance religieuse, etc.), la phalange initiale s’est étoffée afin d’intégrer d’autres instrumentistes tel que l’extraordinaire Espagnole de Galicie, Cristina Pato qui joue de la gaïta (cornemuse) avec fougue. D’autres musiciens sont à citer : la chinoise Wu Man (Pipa, sorte de luth chinois), le syrien Kinan Azmeh (clarinette), l’iranien Kayhan Kalhor (kamancheh, sorte de vielle persane), etc… Le film montre ces interprètes emblématiques avec empathie au sein de l’orchestre, dans leur intimité loin de leur patrie meurtrie (Syrie, Liban, Afghanistan, etc.), dans les répétitions joyeuses, et enfin lors des concerts sous la direction lumineuse de Yo-Yo Ma.

Depuis 1995, Morgan Neville réalise essentiellement des documentaires sur la musique sous toutes ses formes (jazz, country, pop, etc.). Ici, il a choisi de filmer la communauté artistique, humaine, que forme le Silk Road Ensemble depuis l’année 2000. Il en résulte un long métrage chaleureux nécessaire en ces frimas hivernaux.

Un film pour les amoureux du genre humain et de sa meilleure expression : la musique !

Jean-Louis Requena

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