Film français composé et commenté par Thierry FREMAUX – 91’
En 1895, sur l’injonction de leur père Antoine, important industriel lyonnais, les frères LUMIERE, Auguste (1862-1954) et Louis (1864-1948) inventent, après de fiévreuses recherches, le Cinématographe. La première projection « grand public » à entrées payantes (1 franc !), a lieu à Paris le 28 décembre 1995, salon Indien du Grand Café, boulevard des Capucines. Première séance : 33 spectateurs éblouis dont Georges MELIES qui propose immédiatement d’acheter l’appareil de projection pour 10.000 francs or ! Refus poli d’Antoine, seul présent à cette séance, ses fils sont restés à Lyon.
Le Cinématographe (du grec étymologiquement : écriture en mouvement) « invention sans avenir » était né ! L’appareil est une caisse en bois, sans viseur, qui permet trois opérations : filmer, développer et projeter. Un trois en un !
L’Institut LUMIERE de Lyon, dirigé par Bertrand TAVERNIER, a eu pour les 120 ans de cette invention (1895 – 2015) la générosité d’offrir au public un montage d’une centaine de courts métrages de 40 à 50 secondes issus du catalogue LUMIERE. Celui-ci comprenait 1.422 films produits par les opérateurs parcourant durant 10 ans le vaste monde (1895 –1905). Ces images restaurées sont stupéfiantes de beauté et, déjà, d’intelligence cinématographique.
En effet les films muets sur l’écran, mais très rapidement sonorisés en salle par un pianiste, ne serait-ce que pour couvrir le bruit du projecteur actionné à la manivelle, les bavardages des spectateurs (une calamité toujours d’actualité !) ont sombré dans l’oubli, se sont détérioré (copies nitrate) ou pire ont été détruits. Les films que nous voyions auparavant, dans « les étranges lucarnes » étaient de qualité médiocre (contretype), défilant à la mauvaise vitesse (24/25 images pour 16/18 images seconde !). Aussi, nous ne connaissions que la démarche tressautante de Charlot. Tous les mouvements sont accélérés ! L’Institut LUMIERE a restauré ces incunables cinématographiques dans leur vérité originelle.
Le film, en une heure et demi et 11 chapitres amusants, avec un commentaire précis de Thierry FREMAUX, passe comme un enchantement. Il nous immerge dans l’aube du XX ème siècle à chapeaux et crinolines.
Nous avons assisté à un phénomène rare : à la fin du film les spectateurs ont spontanément applaudi ! Le cinéma c’est avant tout de l’émotion, ici ravivé par les ombres charmantes du passé.
Jean-Louis REQUENA