1
Cinéma
La critique de Jean-Louis Requena : « Jackie »
La critique de Jean-Louis Requena : « Jackie »
© DR

| Jean-Louis Requena 466 mots

La critique de Jean-Louis Requena : « Jackie »

« Jackie », film de Pablo Larrain (Chili, Etats-Unis, France) – 100’

Au début de cette nouvelle année, nous avons salué avec enthousiasme le magnifique « biopic » Neruda, réalisé par le chilien Pablo Larrain sur un épisode de la vie aventureuse de son compatriote. Cet opus, pétri d’intelligence narrative, visuelle, est suivi d’un nouveau long métrage réalisé immédiatement après le précédent ce qui fait que ces deux films de ce jeune réalisateur (40 ans !) sortent sur nos écrans en un mois !

Le 22 novembre 1963 est une date a jamais inscrite dans nos mémoires : c’est celle de l’assassinat du Président John F. Kennedy à Dallas, Texas, au côté de sa femme dans la limousine décapotable du gouverneur. Toutes ces images ont été vues en boucle sur tous les supports possibles depuis un plus d’un demi-siècle. Qu’ajouter de plus ?

Nous avons visionné ce film à la 73ème Mostra de Venise en craignant d’avance, une simple illustration du sujet, rupture importante dans l’histoire des Etats-Unis. Grave erreur !

A nouveau, Pablo Larrain, s’adossant à l’excellent scénario de Noah Oppenheim évite tous les poncifs inhérents à ce genre cinématographique poussiéreux qu’est la biographie raisonnée d’un personnage. Le film se déroule entre l’assassinat et la cérémonie d’enterrement au cimetière militaire d’Arlington, près de Washington D.C. Mais entre ses deux temps forts, éloignés de quelques jours, surviennent des flash-back antérieurs et postérieurs au drame qui éclairent la personnalité complexe, mystérieuse de Jackie Kennedy. Cette virtuosité narrative magnifiée par le travail du chef opérateur français Stéphane Fontaine est digne de toute notre gratitude. Le film se déploie comme une mosaïque d’émotions contradictoires mettant en présence/absence les protagonistes de cette douloureuse histoire : le frère du Président assassiné, Robert, le nouveau Président Lyndon Johnson et sa suite, les gardes corps, un prêtre, un journaliste, la foule solitaire ou anonyme. Jackie, merveilleusement interprétée par Natalie Portman, démontre sa fragilité, ses doutes, sa pugnacité dans une Maison Blanche à la fois vide et déjà trop pleine des futurs locataires. Elle a la volonté de forger la légende de son mari, pour lequel elle exige des funérailles sur le modèle de celles d’Abraham Lincoln (avril 1865).

Ce film impressionnant est un véritable tour de force réalisé grâce aux talents conjugués du metteur en scène chilien, Pablo Larrain qui a pris la production en cours de l’américain Darren Aranofsky, de l’ingénierie française (studios, matériels, décors, intendance, etc.). Le film pour toute sa partie (importante) décors intérieurs (Maison Blanche) a été tourné aux studios de Luc Besson en Seine Saint-Denis (Chef décorateur Jean Rabasse).

Après avoir remporté à la 73ème Mostra de Venise le prix du scénario, ce film à paternité multiple (Chili, Etats-Unis, France) concourt aux Oscars de Los Angeles dans les catégories : Meilleure actrice, Nathalie Portman, Meilleure Musique, Mica Levi, meilleur costume, Madeline Fontaine. Ce n’est que justice !

Jean-Louis Requena

 

Répondre à () :

Georgie.DUROSOIR | 03/02/2017 16:25

c'est grâce à la critique de Jean-Louis Requena que je suis allée voir Neruda, film d'une très grande qualité, comme il l'avait affirmé. Sa critique de "Jackie" est un encouragement à voir ce film et je remercie BasKulture d'éclairer les lecteurs dans des domaines variés, par des textes d'auteurs compétents, bien écrits et bien pensés. bravo.

| | Connexion | Inscription