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Cinéma
La critique de Jean-Louis Requena
La critique de Jean-Louis Requena
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| Jean-Louis Requena 452 mots

La critique de Jean-Louis Requena

L’Amant Double - Film français de François Ozon – 117’
Après un nouvel examen gynécologique sans résultat probant, Chloé (Marine Vacth) qui se plaint de douleurs persistantes au ventre, décide de consulter un psychanalyste : Paul (Jérémie Régnier). Rapidement, Chloé noue une relation amoureuse avec son psychanalyste (transfert freudien classique !) et s’installe avec lui dans un bel appartement. L’homme est évasif, mystérieux, allergique au chat de la maison. Chloé qui a recouvré en apparence sa santé, travaille dans un musée d’art moderne (Le Palais de Tokyo à Paris), et croit apercevoir son ami dans la rue devisant avec une femme. Elle enquête, et prend rendez-vous chez cet homme, psychanalyste de son état, au patronyme diffèrent de celui de son ami mais lui ressemblant comme « deux gouttes d’eau ». C’est son jumeau Louis avec lequel Paul a rompu dit-il depuis longtemps.
Le thème central du film, librement adapté du court roman de l’écrivaine américaine, Joyce Carol Oates, est celui de la gémellité dramatique, du trouble qu’entraîne un double parfait mais différent. C’est un récit labyrinthique dans la psychologie tourmentée du trio, Chloé, Paul, Louis auquel vient s’agréger, au final, la mère de Chloé (Jacqueline Bisset).
François Ozon (49 ans) a réalisé en 19 ans 17 longs métrages et quantité de courts métrages. C’est un metteur en scène prolixe, mais dont la particularité est de nous proposer des films forts différents, dont les variations thématiques oscillent autour de la sexualité, de l’ambiguïté, de l’ambivalence, de la perversion des normes sociales. Cela serait à tout coup un pensum s’il n’y avait dans tous ses films, notamment « Dans la Maison » (2012 – Concha d’Or au Festival de San Sébastian), ou « Jeune et Jolie » (2013) avec déjà Marine Vacth, et « L’année passée Frantz » (adaptation de la pièce de Maurice Rostand), sur la douloureuse culpabilité d’un jeune poilu, de réelles qualités scénaristiques et plastiques. François Ozon, ancien de la FEMIS, cinéphile averti, maitrise son récit visuel en y mettant ici et là, des citations d’immenses réalisateurs : Alfred Hitchcock (Vertigo), Orson Welles (La Dame de Shanghai), Roman Polanski (Rose Marie baby), Stanley Kubrick (Shining), etc. Le film, tourné en décors naturels par souci d’économie, montre à merveille les immeubles, les appartements d’architectes, dont un fort connu sur la Côte Basque : Robert Mallet-Stevens.
L’image numérique est très soignée. Elle n’illustre pas le récit, elle le raconte (vêtements, objets, miroirs, etc.).
Ce film de genre thriller, ici un tantinet perverti, psychanalyse oblige, est ce que nos amis américains dénomment un « psycho-sexual-thriller ». Il y a du sexe, un peu médical, mais surtout fort bien photographié, jamais trivial, qui concourt au développement passionnant de l’histoire, par ailleurs protéiforme, et que nous ne déflorerons pas.
Jean-Louis Requena
 

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