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Cinéma
La critique de Jean-Louis Requena
La critique de Jean-Louis Requena
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| Jean-Louis Requena 543 mots

La critique de Jean-Louis Requena

Maryline - Film français de Guillaume Gallienne – 107’

Trois ans après le triomphe critique et commercial de son premier film « Les Garçons et Guillaume à table ! » (5 Césars, 3 millions d’entrées France !), nous attendions avec impatience son deuxième opus, le plus difficile à mettre en œuvre dans la carrière d’un réalisateur. Guillaume Gallienne (45 ans), acteur de théâtre à la Comédie Française (entrée en 1998, sociétaire depuis 2005), metteur en scène (théâtre, cinéma), grand liseur (« ça peut pas faire de mal » sur France Inter) et enfin scénariste de ses deux longs métrages, est un homme de culture, protéiforme, à qui tout réussit. Il cumule un talent « tout azimut » avec un intense travail qui l’est tout autant.

Maryline (Adeline d’Hermy), est une jeune fille blonde qui vit petitement dans un village reculé d’une campagne française indéfinissable. Prénommée ainsi par sa mère, en hommage à Marylin Monroe, encouragée par sa tante, à vingt ans après le décès de son père, elle « monte » à Paris pour devenir comédienne. Ballotée de castings féroces en figurations humiliantes, elle est rapidement rejetée du milieu cinématographique si agressif pour les jeunes débutantes (affaire Weinstein et autres !). Devenue simple manutentionnaire, elle sombre dans l’alcoolisme jusqu'à une rencontre miraculeuse avec un réalisateur, Michel Roche (Xavier Beauvois) qui va lui donner une nouvelle chance. D’autres rencontres lumineuses, comme celle avec Jeanne Desmarais (Vanessa Paradis) ou François Louis (Eric Ruf) faciliteront sa réinsertion dans le monde impitoyable, cruel du spectacle.

Pour ce mélodrame, Guillaume Gallienne a eu à sa disposition des moyens financiers et matériels nettement supérieurs à ceux de son précédent long métrage. Les acteurs sont tous excellents, collègues du Français comme Adeline d’Hermy sociétaire, ou Eric Ruf administrateur de la Comédie Française. La courte apparition de Vanessa Paradis en « clone » de Jeanne Moreau, récemment disparue, est un bonheur de sensibilité dramatique sans pathos : elle tente de sauver Maryline en perdition par manque de mots. Le métier de comédien (théâtre) ou d’acteur (cinéma) est un métier de bouche : il faut savoir parler, projeter sa voix. Maryline n’a ni l’un ni l’autre, en dépit d’une sensibilité frémissante qu’elle annihile par l’alcool. Elle n’a pas le vocabulaire que le savoir procure. Elle reste muette quand il faudrait parler

Malheureusement, comme dans de nombreuses productions françaises, malgré de très bonnes séquences, le film souffre d’un scénario à « trous d’air » qui ralentit, affaiblit la narration à divers moments. Est-ce l’effet pervers du fait que le metteur en scène est également coproducteur du film, ce qui lui donne droit au montage final (final cut). Pour nous, la durée est un peu trop étendue : 1 heure 47 minutes.

Le scénario écrit par Guillaume Gallienne à partir d’un fait divers qu’on lui avait rapporté il y a des années aurait mérité une structure narrative plus étoffée : il faut faire confiance aux spectateurs qui iront visionner ce genre cinématographique, le mélodrame intimiste, et ne pas étirer inutilement le propos en scènes explicatives.

Il n’en reste pas moins qu’en dépit de ses défauts structurels, le film comporte de beaux moments d’émotion portés par des comédiens/acteurs de qualité, d’un niveau inusité dans le cinéma français tout venant.

Jean-Louis Requena

 

 

 

 

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