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Cinéma
La critique de Jean-Louis Requena
La critique de Jean-Louis Requena
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| Jean-Louis Requena 438 mots

La critique de Jean-Louis Requena

La Fiancée du désert - Film argentin de Cécilia Atan et Valeria Pivato – 78’

Teresa (Paulina Garcia) est une domestique de 54 ans qui a toujours travaillé pour ses maîtres à Buenos-Aires. Elle a, entre autre, élevé le fils de la famille de ses employeurs. Mais un jour, on lui annonce qu’elle doit quitter cette maison et partir au Chili, pour y retrouver une autre place. Les habitants de Buenos-Aires nomment le reste de leur vaste pays « el extérior » (l’extérieur) car pour eux, hors de la mégalopole (13 millions d’habitants !), c’est le vide du nord au sud.

Teresa, avec son maigre bagage qui rassemble tous ses biens, prend son car pour le Chili. Le car tombe en panne dans le désert de San Juan à proximité d’une localité connue car celle-ci est dédié à Deolinda Correa, sorte de sainte laïque morte d’épuisement mais dont le bébé a survécu en tétant le lait de sa défunte mère. Dans cet endroit cultuel et païen, Teresa, tourneboulée par une brusque tempête, perd son bagage dans le minibus d’un commerçant : El Gringo (Claudio Rissi). Démunie de tout mais animée d’une volonté farouche, elle part à la recherche de son maigre viatique qu’elle a égaré chez El Gringo, personnage massif, volubile, extravagant.

C’est cette quête, non pas du Graal, mais d’un simple sac, que narre le premier film des réalisatrices argentines Cécilia Atan et Valeria Pivato. Teresa va rencontrer dans son périple, sorte de mini-odyssée dans un paysage désertique, un peu fantastique, des gens peu ordinaires, aux trajectoires fantasques, qui survivent dans un environnement hostile : le désert de San Juan.

C’est un road-movie attachant sublimé par une actrice chilienne fort connue, Paulina Garcia, qui a obtenu le Prix d’Interprétation au Festival de Berlin en 2013 pour Gloria de Sebastian Lelio. Elle porte avec détermination et malice le film sur ses épaules.

La brièveté inaccoutumée du film, une heure dix-huit, est parfaite, car de fait, elle nous épargne les scènes explicatives, voire répétitives, le scénario étant simple, linéaire, et ne demandant pas de longs développements inutiles : c’est un cinéma à hauteur d’homme, ou plutôt ici, à hauteur de femme. C’est un court long métrage à caractère visuel, magnifié par la photo du chef opérateur Sergio Armstrong.

Une phrase résume les intentions de deux réalisatrices « c’est seulement en traversant le désert que l’on se trouve soi-même ». Ce n’est pas qu’un film de femmes, c’est un film humain. Le parcours physique, spirituel, d’une cinquantenaire qui retrouve les saveurs de la vie après une longue parenthèse « désertique ».

Le film a été présenté en sélection officielle « Un Certain Regard » au dernier Festival de Cannes.

Jean-Louis Requena

 

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