C’est à la cinéaste biarrote Yannick Bellon que la cinémathèque basque / Euskadiko Filmategia consacrera sa prochaine rétrospective (qui se déroulera entre octobre et décembre prochain). Fondée le 1er mai 1978 par Peio Aldazabal, Juan José Almuedo, José Luis Basoco, Néstor Basterretxea et José Manuel Gorospe, conscients de la nécessité de préserver le matériel du patrimoine audiovisuel du Pays Basque, la cinémathèque est devenue une référence importante pour les chercheurs, producteurs, distributeurs, télévisions, étudiants, etc. À l'heure actuelle, la cinémathèque compte 5 millions de mètres de pellicule au format film et 17 millions en vidéo. Elle conserve entre autres les archives du Festival international du film de Saint-Sébastien et d’Euskal Telebista. Elle est située dans l’ancienne « Tabacalera », dont le bâtiment réhabilité accueille le Centre international de culture contemporaine donostiar.
Pour en revenir à la rétrospective Yannick Bellon préparée par la cinémathèque basque de l’édition de la première monographie jamais consacrée (même en France) à la carrière de la cinéaste originaire de Biarritz, réalisée par Eric Le Roy, chef de service accès, valorisation et enrichissement des collections au Centre national du cinéma et de l’image animée – Direction du patrimoine cinématographique (anciennement Centre national de la cinématographie).
Née en 1924 à Biarritz, Yannick Bellon est la fille du magistrat Jacques Bellon et de son épouse, la photographe Denise Hulmann, dont les clichés seront publiés dans un grand nombre de revues, en particulier ceux pris lors du tournage des films de sa fille, comme le célèbre « La Femme de Jean » en 1974. En 1925, c’est Loleh, la sœur de Yannick Bellon, future comédienne et auteur dramatique, qui naîtra à Bayonne et avec qui elle passera une partie de son adolescence au Pays Basque. Yannick Bellon y retournera en 1974 pour recevoir au festival international de cinéma de Saint-Sébastien la « Concha de plata » (2ème prix sous forme d’une coquille d’argent), précisément pour « La femme de Jean », un film qui exprime l'identité féminine au-delà du rôle de l'épouse et dans une ambiance musicale et poétique. Au cours de sa longue carrière, cette réalisatrice engagée a alterné le poste de réalisateur et celui de monteur, tant au cinéma qu'à la télévision.
A signaler encore qu’un coffret DVD inédit de dix-huit films (neuf longs métrages et neuf courts) vient de paraître chez Doriane Films. L’occasion de revoir ses documentaires : « Goémons » (Grand Prix à Venise 1948), « Un matin comme les autres » (1956), une rareté de 29 minutes où, face à Yves Montand en ouvrier siffleur, Simone Signoret interprète l’institutrice d’une petite ville de banlieue qui se bat en faveur de pauvres gens menacés d’expulsion…. Et surtout « Colette » (1951) où la romancière passe en revue les maisons de son enfance : « souffrant d'une polyarthrite douloureuse qui la maintenait perpétuellement dans les murs de son appartement parisien dont les croisées surplombaient le cadre enchanteur du Palais-Royal, en voyageuse immobile, Colette observait de sa fenêtre la vie mouvante du jardin, les enfants, les oiseaux, les arbres, le cycle des saisons, le monde extérieur dont elle était privée par la maladie », se remémore Yannick Bellon. Colette comprit l'intérêt d'un tel film : le temps lui était compté et cet enregistrement, par et sous les yeux d'une autre génération, lui permettrait d’« être brièvement mais durablement évaluée ». La réalisatrice captera la romancière dans trois scènes d'intimité quotidienne dont la première, au petit déjeuner, en discussion intime avec le journaliste Maurice Goudeket, épousé en 1935 et compagnon fidèle des dernières heures.
Programme de la rétrospective de la Cinémathèque basque :
1972. Quelque part quelq'un .
1974. La femme de Jean.
1976. Jamais plus toujours.
1978. L'amour violé.
1981. L'amour nu.
1984. La triche.
1989. Les enfants du désordre.
1992. L'affût.
2018. D'où vient cet air lointain?