« Baccalauréat », film roumain de Cristian Mungiu – 128’

Dans une petite ville de Transylvanie, dans la Roumanie actuelle, un père aimant, Roméo (Adrian Titieni, formidable !) chirurgien, accompagne sa fille Eliza (Maria Dragusi) au lycée. C’est la veille de l’examen du baccalauréat qu’elle obtiendra sans problème puisque c’est une très bonne élève. Son père perturbé par des problèmes familiaux, une femme dépressive, une maîtresse, une mère âgée, veut absolument la réussite d’Eliza pour qu’elle aille en Angleterre finir ses études à la prestigieuse université de Cambridge. Mais voilà, sa fille est agressée sur le chemin de l’école et perd ses facultés pour réussir son examen qui lui ouvrira les portes d’une vie meilleure loin de sa Roumanie natale.
Après la fin de l’ère communiste et de son « Conducator » Nicolae Ceausescu en 1989,  exécuté avec Elena, son épouse, dans les conditions que nous savons, nous pensions naïvement qu’une démocratie plurielle allait de soi. Une démocratie balbutiante s’est installée dans les costumes usagés du postcommunisme. Les régimes changent mais les gens gardent leurs habitudes qui leur ont permis de survivre. Aussi, Roméo, notre chirurgien intègre, revenu volontairement dans la mère patrie, en 1991, après la disparition, de la scène historique, du « Génie des Carpates », se heurte à nouveau, pour sauver sa fille, à la prévarication, la concussion, la corruption, qu’il a toujours honnies. Va t-il s’y plier pour l’avenir d’Eliza? C’est toute la trame narrative de ce long métrage (2h8’) qui est haletant comme un thriller.
Encore une fois Cristian Mungiu, cinéaste et scénariste issu de cette formidable école roumaine démontre tout son talent après 4 mois, 3 semaines, 2 jours (Palme d’Or au Festival de Cannes 2007), Au-delà des Collines (Prix du scénario et double prix d’interprétation pour ses deux comédiennes au Festival de Cannes 2012). Baccalauréat a obtenu au dernier Festival de Cannes le Prix de la Mise en Scène.
Il ne nous semble pas négligeable de souligner que ce film, pétri d’intelligence cinématographique, est certes roumain par son réalisateur, mais français par ses producteurs.

Jean-Louis Requena