L’église Sainte-Eugénie a fermé ses portes depuis le 10 mars. Cet édifice religieux géré par la ville de Biarritz selon la loi de 1905, a été interdit au public suite à la découverte de fissures au niveau de la voûte.
Des problèmes que l’architecte du patrimoine Isabelle Joly en charge de cette église et de sa crypte avait commencé à déceler lors de son passage le 15 février dernier. Située au-dessus du Port des Pêcheurs, l’église posée sur un socle de remblais aurait-elle pâti d'un mouvement du sous-sol suite à un séisme ?
A moins que lors des très importantes chaleurs de l’été 2022 prolongées par un hiver sec, le bâtiment ait bougé.
Afin d’analyser plus précisément l’origine des dégâts, l’architecte du patrimoine suggère d’installer un système de monitoring 6 mois sur 12 afin de surveiller les mouvements des murs à l’extérieur. Le même phénomène aurait-il affecté les maisons qui entourent l'église ? L'adjoint aux travaux Michel Laborde mène l’enquête.
Depuis 1764, il existait près du Port Vieux une petite chapelle Notre Dame-de-Pitié, sanctuaire des marins. Détruite par un incendie en 1855, une chapelle couronnée d’un clocher offert par Napoléon III fut inaugurée en 1856 au flanc de l’Atalaye.
Trop exiguë, la chapelle fut reconstruite dans un style néo-gothique par l’architecte des monuments historique, le Biarrot Ernest Lacombe. Métamorphosée en une église spacieuse, elle fut dédiée à Sainte Eugénie, patronne de l'impératrice Eugénie de Montijo, épouse de Napoléon III.
En calcaire ou grès gris dominant le Port Vieux, sa première pierre fut posée par le duc d’Osuna en 1898. Sa construction aura duré jusqu’en 1903. Celle du clocher qui avait commencé en 1927 fut finalisée en 1931.
Sur la façade Nord-Ouest, trois tympans ouvragés invitent à entrer. A l’intérieur, le chemin de croix en cuivre est une réplique de celui de Sainte-Anne de Munich venu de Suisse. Le crucifix du maître-autel est l’oeuvre du lauréat des artistes français, Louis Oury. Les quatre colonnes soulevant la table de l’autel proviennent de l’exposition universelle de 1900. Les mosaïques des gradins de l’autel ont été créées par l’artiste Fachini. Un ex-voto, « Le Mathilde », la maquette d’un trois mâts de guerre armé de canons, avait été placé à la croisée de la nef et du transept.
Les murs éclairés par la lumière colorée des vitraux au niveau du transept et du choeur ont été dessinés par le peintre-illustrateur connu pour ses timbres-poste Luc-Olivier Merson ; le maître-verrier Félix Gauthier en réalisa la découpe et la pose. Le choeur de l’église s’était enrichie d’un nouveau vitrail, « les disciples d’Emmaüs », laissé en dépôt par l’Etat en 1922. Un pendant au vitrail figurant le Christ de blanc vêtu, étendant ses mains avec miséricorde vers ceux qui le prient.
Les vitraux ont été restaurés par maître-verrier Lesquibe.
Tout comme les vitraux, les murs d’un édifice du XIXème siècle s’abîment au fil du temps.
Aujourd’hui les artisans et les entreprises du bâtiment appelés en urgence travaillent dans l’église Sainte-Eugénie qui rouvrira au début de l'année prochaine. Cependant, un large périmètre de sécurité autour des fissures du mur et de la voûte permettrait-t-il d’ouvrir l’église pour les paroissiens ?
Ref. : l'ouvrage "Biarritz-promenade" de Monique et Francis Rousseau.