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Cinéma
Biarritz : 10 bougies pour Kinorama et 100 ans pour la révolution russe
Biarritz : 10 bougies pour Kinorama et 100 ans pour la révolution russe
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| Alexandre de La Cerda 1066 mots

Biarritz : 10 bougies pour Kinorama et 100 ans pour la révolution russe

Pour cette dixième édition de Kinorama, festival de films russes qui se déroulera du mercredi 10 au samedi 13 mai au Cinéma « Le Royal » à Biarritz, les organisateurs ont mis en valeur la jeune génération de cinéastes, sans oublier le maître du cinéma russe, Eisenstein. La manifestation inscrit également un hommage au grand réalisateur Tarkovsky ainsi qu’un « clin d'œil » à la révolution de 1917. Un programme monté avec les difficultés inhérentes à la distribution des films russes en France. Les deux premiers films en ouverture sortent le même jour sur les écrans nationaux, dont l'un en présence de son réalisateur, il s’agit de « 14 ans premier amour » de Zaïtsev.

Ainsi, mercredi 10 mai à 18h, sera d’abord projeté le film du réalisateur géorgien Nana Ekvtimishvili « Une famille heureuse » (Cчастливая семья), une comédie dramatique qui met en scène le professeur d’un lycée de Tbilissi, dont le couple et ses deux enfants partage son appartement avec leur gendre et les parents du professeur ! Une famille en apparence heureuse et soudée jusqu'à ce qu'à la surprise de tous, Manana annonce au soir de son 52e anniversaire sa décision de quitter le domicile conjugal pour s’installer seule… Après des « zakouskis » à la brasserie « La Coupole » (réservation au tél. 05-59-24-09-96, suivra la projection à 21h de l’autre film en avant-première : il s’agit de  « 14 ans, premier amour » du réalisateur Andreï Zaytsev qui présentera son œuvre et participera au débat qui suivra. Ce « drame » montre deux adolescents qui, tels des Roméo et Juliette des temps modernes, vivent un premier amour, éclos très jeune dans la banlieue d'une grande ville.

La révolution de 1917, tragédie du peuple russe
C’est jeudi 11 mai à 18h que l’on verra le premier film consacré au centenaire de la révolution de 1917. Il s’agit de « La grève » (Стачка), un film muet avec accompagnement musical réalisé en 1924 par Sergueï Eisensteïn : « dans la Russie tsariste de 1912, la révolte gronde au sein d'une des plus grandes usines du pays. Poussés à bout par des conditions de travail exécrables, les ouvriers ne tardent pas à faire valoir leurs droits en brandissant la menace de la grève ».

Or, cette situation dont le caractère insurrectionnel avait été précipité par les dures conditions de la Guerre de 14 avait abouti à une véritable barbarie qui s'était emparée de la Russie, en la contraignant à l'exil.

« Ce n’est pas une poignée d’hommes autour d’un principe mort, renversés par l’Histoire, qui a quitté la Russie, mais toute la fleur du pays, tous ceux qui avaient pour tâche de diriger sa vie ».

Ainsi, l'école cinématographique naissante, transférée de Pétersbourg avec Ivan Mosjoukhine, marqua la création artistique française et européenne de l'entre-deux-guerres.

De nombreux procédés cruels de la Révolution française ont été docilement appliqués sur le corps de la Russie par les communistes léniniens et par les socialistes internationalistes. Seul leur degré d'organisation et leur caractère systématique ont largement dépassé ceux des jacobins. Les Russes n'ont pas eu de Thermidor mais, affirmait le grand écrivain russe Soljénitsyne, « nous avons eu notre Vendée. Et même plus d'une, et nous pouvons en être fiers, en notre âme et conscience. Ce sont les grands soulèvements paysans, en 1920¬-21. J'évoquerai seulement un épisode bien connu : ces foules de paysans, armés de bâtons et de fourches, qui ont marché sur Tambov, au son des cloches des églises avoisinantes, pour être fauchés par des mitrailleuses. Le soulèvement de Tambov s'est maintenu pendant onze mois, bien que les communistes, en le réprimant, aient employé des chars d'assaut, des trains blindés, des avions, aient pris en otages les familles des révoltés et aient été à deux doigts d'utiliser des gaz toxiques. Nous avons connu aussi une résistance farouche au bolchévisme chez les Cosaques de l'Oural, du Don, étouffés dans les torrents de sang. Un véritable génocide ».

Car, la Révolution a été une tragédie. Une catastrophe». Il n’y a pas que Soljénitsyne. Le réalisateur russe Nikita Mikhalkov n’a jamais hésité. «Une tragédie horrible», assène-t-il, n'ayant jamais fait mystère de son opposition déterminée aux communistes, à l'époque où il était dangereux de murmurer la moindre critique. Pendant longtemps, il a été un «exilé de l'intérieur», se réfugiant dans l'adaptation de chefs-d'œuvre incontestables de la littérature nationale : « Partition inachevée pour piano mécanique », « Quelques jours dans la vie d'Oblomov », « Cinq soirées ».

Et dans l’émigration, si quelques rares fortunes se maintinrent, la majorité de l’Intelligentsia russe proscrite - en 1922, Lénine bannit encore par décret plus de cent cinquante intellectuels, parmi les plus éminents, avec leur famille - devait survivre et beaucoup occupèrent dans la dignité des emplois qui ne correspondaient pas à leur qualification.

La débâcle des armées blanches, favorisée par la duplicité de certains gouvernements occidentaux et le financement de Lénine par les banques (entre autres américaines) lui adjoindra de nombreux éléments populaires, des « stanitzas » (villages) entières d’agriculteurs cosaques.

En tout, près d'un million que la misère, la famine, les épidémies et l'insécurité réduisirent presque de moitié en quelques années.

Certains une minorité choisirent alors la côte basque, qu’ils avaient connue en des temps plus heureux…
Après des Zakouskis à la brasserie « La Coupole », ce même jeudi 11 mai verra la projection à 21h du « Miroir » (Зеркало) tourné en 1974 par le réalisateur Andreï Tarkovsky : arrivé à la moitié de sa vie, un homme malade se penche sur son passé. C'est son enfance tout d'abord qui lui revient avec la vision de sa mère attendant le retour improbable de son mari, puis le souvenir de sa femme dont il s'est séparé le hante. Passé et présent se mélangent dans l'esprit d'un homme qui cherchait "seulement à être heureux".
Le festival se poursuit au « Royal » à Biarritz avec « L’enfance d’Ivan » de Tarkovski et « Octobre », film muet avec accompagnement musical de Sergueï Eisensteïn : 1917, les Bolchéviques prennent le pouvoir. Dix jours qui ébranlèrent le monde. Film de commande pour le dixième anniversaire de la révolution.

Kinorama, 10e Festival de films russes de Biarritz, du mercredi 10 au samedi 13 mai, Cinéma Le Royal, Biarritz 05-59-24-45-62 royal-biarritz.com
Entre les séances : Zakouski à la brasserie la Coupole. Réservation au 05-59-24-09-96

Samedi 13 mai, en clôture du festival (« Une nouvelle année » d’Oksana Bytchkova et « Zoologie » d’Ivan Tverdovsky), un repas russe au bar du Jardin est proposé au prix de 30 € (réservations Tel : 05-59-24-01-97 avant le 12-05-2017 et résultats du vote « coup de cœur » du public.

Alexandre de La Cerda

 

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