Voilà quelques mois, déjà, que nous informions nos lecteurs de la mission confiée à Jean-Luc Portelli, directeur du Conservatoire de Bordeaux, afin qu’il recrute un nouveau directeur général de l’institution à laquelle se rattache l’Orchestre Philharmonique du Pays Basque, dont la saison consistera cette année en concerts en formation chambriste diffusés essentiellement dans les localités du Pays Basque intérieur.
Et c’est un « pays » qui a été choisi en la personne d’Edgar Nicouleau, né en 1969 à Sainte-Foy-la-Grande et qui avait fait ses « premières armes » au Conservatoire de Bordeaux où il avait reçu les premiers prix de composition électro-acoustique (1994) et de composition (1995).
C’est le 1er octobre prochain qu’« indépendamment » du retour de Michaël Gavazzi après une longue absence due à son état de santé, le Conservatoire régional de Bayonne « Maurice Ravel » verra arriver à sa tête l’ancien professeur d’informatique musicale au département Musicologie de l’Université de Bordeaux Montaigne (1996 à 1999) qui travaillait également à la création d’un capteur de mouvements, interface entre la danse et la musique nommé « Mididanse ».
De 1999 à 2019, tout en intervenant dans de nombreux instituts d’enseignement supérieur (École Européenne supérieure de l’Image, École des Métiers du Cinéma d’Animation, PESMD Bordeaux Aquitaine, etc.), Edgar Nicouleau enseignera la composition électroacoustique au Conservatoire d’Angoulême où il transformera la salle réservée à cette discipline en y créant un studio d’enregistrement doté de matériel informatique dernier cri : « au départ, on travaillait sur de vieux magnétos Revox à bandes. La musique electroacoustique, ou l’art de transformer les sons par des moyens électroniques et informatiques, était plutôt réservée aux étudiants. Maintenant, cet enseignement s’adresse aux enfants comme aux adultes ». Des aménagements accompagnés de l’institution d’un diplôme universitaire en musique électroacoustique.
Et depuis 2019, Edgar Nicouleau remplissait les fonctions de directeur & directeur pédagogique au conservatoire d’Orléans où, en dehors d’instruments « courus » comme le piano (*), il aimait orienter les nouveaux jeunes arrivants vers des instruments nobles et riches comme le clavecin, le hautbois, le basson, tous les cuivres : « aller au Conservatoire c’est vivre une aventure fantastique. Notre mission première n’est pas de produire des petits prodiges, des petits Mozart…, c’est de favoriser le vivre ensemble, l’être ensemble. Notre cœur de mission est de vivre une émotion artistique ENSEMBLE, de favoriser la dimension de pratique collective ».
Auparavant, dans une « lettre de motivation » précédant son entrée au Studio de Création et de Recherche Musicale (Scrime) dont il sera le directeur artistique de 2016 à 2018, Edgar Nicouleau expliquait :
« La musique est souvent une affaire de passion, et la musique électroacoustique peut-être plus encore que les autres styles, car elle bouscule les codes et les pratiques académiques, en concentrant son inventivité sur la création d'une nouvelle lutherie, d'abord analogique, puis numérique, et maintenant sur l'improvisation par la pratique du concert vivant.
Qu'est ce que l'art ? Qu'est ce qu'une œuvre ? Le discours artistique doit-il porter un message, une pensée philosophique ou juste une beauté esthétique ? La meilleure réponse à donner à ces questions qui se posent à tous et plus encore à ceux qui créent, c'est justement de composer et de diffuser.
Le Scrime est depuis sa création au carrefour de la recherche, de la création et de la pédagogie.
Ces trois axes complémentaires sont essentiels à une structure qui veut héberger et faire travailler ensemble, chercheurs, enseignants et artistes.
Les politiques culturelles ont besoin d'une évolution, d'une modernisation dans leur gestion et leur évaluation.
L'abondance et la diversité de la vie culturelle française, en grande partie tributaire d'une longue tradition d'action publique laisse l'initiative aux acteurs locaux, qui ont rendu possible une démocratie culturelle de proximité, invitant les élus à pondérer l'antagonisme entre logique territoriale et logique sectorielle, afin d'établir ou de maintenir une cohérence sociale dans la sectorialité.
La discipline budgétaire, commandée par le contexte économique, oblige l'état et les collectivités territoriales à une inflexible rigueur de gestion, contraignant à penser autrement l'action culturelle.
Ce défi doit permettre à la culture de demeurer une fonction vitale de l'action publique, de conserver voire de développer sa diversité et d'en accroître sa propagation dans l'exigence et la modernité. La « révolution numérique » a entraîné une modification des pratiques et des apprentissages culturels des jeunes générations ; il convient dorénavant d'intégrer ces pratiques comme une composante essentielle de l'enseignement culturel.
Mon engagement sera donc d'organiser une cohérence entre ces quatre vecteurs que sont la recherche, la création, la diffusion, et l'enseignement, et ainsi d'augmenter l'activité et le rayonnement du Scrime auprès de tous les publics afin de permettre à chacun d'écouter autrement ».
(*) Edgar Nicouleau avait créé à Orléans une Académie de musique destinée aux pianistes débutants afin de stimuler les jeunes talents musicaux et les amener à découvrir et pratiquer le répertoire contemporain du piano.