Réuni lundi dernier, le Syndicat Mixte du Musée Basque et de l’Histoire de Bayonne a élu son nouveau président : il s’agit d’Yves Ugalde, adjoint à la Culture de la Ville de Bayonne et précédemment vice-président du Musée, qui succède à Jean-Claude Larronde devenu désormais vice-président. Jean-Claude Larronde qui se plaît à souligner « qu’Yves Ugalde a été élu à l'unanimité. Pas le moindre vote contre, pas la moindre abstention. Une lourde responsabilité mais il saura être à la hauteur. J'en suis évidemment persuadé ! Je reste au bureau et Yves sait parfaitement qu'il a toute ma confiance et qu'il aura tout mon soutien ». Rappelons que la gouvernance du Musée Basque et de l’histoire de Bayonne est assurée par les élus de la Ville de Bayonne, du Conseil Départemental et de la Communauté d’agglomération Pays Basque.
C’est un confrère apprécié qui prend ainsi les rênes de cette institution emblématique du Pays Basque : licencié en droit, Yves Ugalde avait – comme tant d’autres - débuté sur les ondes de Radio Adour Navarre (journalisme, animation, commentaire sportif, chroniqueur taurin) et pris le relais de son ami et « maître » ès-tauromachie Claude Pelletier, pour assurer la rédaction de la page taurine du Midi Olympique pendant six temporadas.
Rédacteur en Chef à Radio Bayonne (1985), « il présenta également un billet d’humeur quotidien qui ne laissa pas souvent indifférent ».
L’humour fait aussi partie de la vie de ce Bayonnais, « homme de verbe et de verve », avec ses nombreux « one man show » de chansonnier-imitateur qui ont toujours rencontré un beau succès populaire dans les principales salles de la Côte Basque. Auteur d'un ouvrage sur la cathédrale de Bayonne ("Dieu qu'elle est belle!"), d’une biographie chez Atlantica du banderillero Jean-Marie Bourret avec la découverte en filigrane du métier de peon, et de diverses publications sur les Fêtes de Bayonne dont il anima souvent les moments forts. Yves Ugalde créa encore le journal satirique bayonnais « La Feuille » qui compta jusqu’à 1400 abonnés ainsi qu’une société de communication qui réalisa plusieurs événements pour l’hebdo régional, à la « belle époque » de ce journal. Auteur d'un billet d'humeur quotidien sur Facebook depuis quatre ans, Atlantica s’apprête à éditer prochainement une sélection de ses chroniques.
Directeur de cabinet de Jean Grenet (1994), il sera ensuite élu d'opposition au conseil municipal de Bayonne (2008) sous l’étiquette du mouvement politique « Bayonne Par Coeur » qu’il avait créé ; réélu en 2014, Yves Ugalde sera nommé Adjoint chargé de la Culture, de l'Animation et des Jumelages.
Je lui laisse volontiers la plume afin qu’il fasse part à nos lecteurs de sa joie et de sa fierté d’avoir été élu à la tête du syndicat gérant le Musée Basque. ALC
Dire que c'est pour moi un grand honneur, est enfoncer une porte ouverte aussi grande que celle de la Maison Dagourette. Mais pourtant, c'est avant tout ce que je ressens ce soir. Alors, je l'exprime tout simplement d'abord.
Il est responsabilités dont la force symbolique est plus évidente que d'autres. Celle-là en est une. Il existe à l'évidence des présidences d'institutions ou d'organes publics plus impactantes économiquement, ou socialement plus lourdes de conséquences directes dans la vie de nos concitoyens. La vie, s'il est entendue en tous cas dans son sens le plus organique.
Mais cette présidence s'inscrit dans une autre perspective. Plus intemporelle, elle place devant des responsabilités d'un autre ordre. Se retrouver à la tête de pareille etxe, c'est être investi d'une haute charge patrimoniale et culturelle devant l'identité du Pays Basque et de sa ville capitale.
Rien qui ne chamboulera mon statut d'élu ou social dans la ville, pas plus que de lucratif ou de susceptible d'augmenter ma zone d'influence personnelle. C'est d'autre chose qu'il s'agit. Ai-je le droit d'affirmer que c'est bien plus important à mes yeux ?
Présider aux destinées de ce musée, c'est, pour le Bayonnais que je suis, emprunter un chemin parsemé de présences tutélaires dont la mémoire ne devra jamais se taire. Conservation bien sûr, mais, par-dessus tout, transmission d'une culture et d'une histoire qui font de cette terre, que je me refuse à l'instant d'appeler territoire, tant la poète Itxaro Borda, qui m'en parlait récemment, n'y voit qu'un froid découpage administratif rechignant à dire son vrai nom, Pays Basque, un pan si singulier du patrimoine universel.
Non que tout à coup je me sente investi d'une mission hors du commun, mais qu'en revanche une charge émotionnelle bien particulière m'habite, oui. De celles qui ne font ployer aucune épaule, mais qui obligent tellement plus.
Les mots des livres, les œuvres aux murs, plus encore toutes celles, cent fois plus nombreuses, qui se cachent, la moindre charrette du rez de chaussée, ont tous une âme dans cette maison. Ou plutôt lui en donnent une à nulle autre pareille.
C'est curieux, mais juste après l'élection, j'ai pensé à mes deux amatxis, celle de Guéthary et celle de Bidarray. A cette langue basque que je n'ai pas su leur demander avec assez d'insistance de m'inculquer. A mes aïeuls navarrais auxquels je dois mon nom et, peut-être, un peu de la fierté qui est la mienne à cette heure. Aux écrits d'Eugène Goyheneche, de Pierre Narbaitz, aux paysages de Philippe Veyrin. A Claude Pelletier qui m'a raconté si bien Bayonne que je me sens doucement obligé à poursuivre l'histoire.
A Jean-Claude Larronde enfin, historien inlassable du Pays Basque, qui me transmet ce relais avec une amitié telle qu'il ne me brûle pas encore les doigts… A chaque jour suffit sa peine...