La comédie italienne « Bienvenue en Sicile » est à l’affiche de nombreuses salles, un beau film, riche en émotions et en enseignements.
New York, 1943. Arturo rêve d’épouser la belle Flora, déjà promise à un chef de la mafia
new-yorquaise. La seule façon d’obtenir sa main est de la demander directement à son père, resté en Sicile. Arturo s’engage alors dans l’armée américaine. Il est loin d'imaginer que l'armée a scellé un pacte avec la mafia pour assurer le débarquement en Italie…
« Bienvenue en Sicile » nous emmène dans un voyage tout à la fois romancé et romantique, mais également ancré dans l'histoire. Cette œuvre sort en salle en France après avoir obtenu en Italie un grand succès aussi bien auprès de la critique que du public : trois nominations aux Nastri d'argento et un David de Donatello. Après « La mafia tue seulement en été », Pierfrancesco Diliberto, auteur et acteur palermitain, revient sur ce thème en situant cette fois le récit dans un passé récent jamais évoqué au cinéma et trop souvent ignoré par le grand public, même en Italie : le débarquement des troupes Alliées en Sicile organisé en collaboration avec la mafia. Si le ton du film est volontairement léger, mêlant humour et romantisme, les références historiques sont sérieusement documentées. Ce film illustre le pouvoir du langage comique, car si son écriture comico‐dramatique est un des premiers éléments de son succès et de sa lisibilité, le film est aussi une perle dans le genre qui vaut la peine d'être étudié en soi. Ensuite, le récit se présente dès le début, comme l'aventure humaine d'un personnage. Arturo, jeune naïf, rêvant de concrétiser son rêve d'amour impossible, acquiert peu à peu une conscience citoyenne qui le poussera à prendre position. C'est une œuvre engagée qui propose l'implication citoyenne comme un espoir d'avenir pour la société. Enfin l'étude des faits historiques permettra d'analyser les choix stratégiques du commandement américain et leurs conséquences. Sans nier l'importance de la libération opérée par les Alliés, Pierfrancesco Diliberto met en cause les modalités choisies pour y parvenir et montre très pédagogiquement les retombées que ces choix ont eu sur les équilibres sociaux et politiques non seulement en Sicile mais dans toute l’Italie.
La mise en scène est très soignée, avec un grand soin apporté aux lumières, à la photographie mais aussi à la reconstitution des décors de grande qualité dans les très beaux décors naturels d’Erice et de Realmonte, aux costumes et aux effets spéciaux, le tout, magnifié par une très belle bande originale qui épouse les changements de tonalités du récit.
Pierfrancesco Diliberto (Pif) est remarquable dans le rôle d’Arturo, tour à tour désopilant et émouvant. Le choix d’Andrea Di Stefano (« Le Prince de Hombourg » de Marco Bellochio en 1993, « L’Odyssée de Pide Ang Lee » en 2012) et les rôles plus secondaires sont également très bien servis. On attend avec impatience l’arrivée de « Bienvenue en Sicile » dans les cinémas de notre région !
Rédaction