1 – Jérusalem : la ville sainte est dans l’esprit, le cœur et la foi des croyants du monde entier.
Jérusalem, la Palestine des origines, l’Etat d’Israël de 1967 ont changé de visage au cours des décennies passées.
Certains chiffres d ‘hier et d’aujourd’hui le rappellent :
- En 1983, on comptait en Israël 3 360 100 juifs israéliens, 712 200 arabes israéliens, 1 650 000 palestiniens dans les territoires palestiniens, et 99 700 colons israéliens.
- En 2000, 4 783 400 juifs israéliens, 1 208 900 arabes israéliens, 3 053 335 palestiniens dans les territoires palestiniens, 370 300 colons israéliens,
- En 2015, 6 134 500 juifs israéliens, 1 790 600 arabes israéliens, 4 682 467 palestiniens dans les territoires palestiniens, 585 900 colons israéliens.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : le nombre des palestiniens a augmenté dans les territoires gouvernés par l’Autorité palestinienne, et de 2000 à 2015, les colons israéliens continuent d’augmenter pour leur compte.
2 - Les disparités économiques sont claires. On évalue le PIB par habitant en Israël à 31 800 Euros, et à 2 580 euros dans les territoires occupés. Soit un PIB total en 2015 de 266,5 milliards d’euros en Israël, les colonies contribuant à 4% du PIB israélien, et de 11,4 milliards d’euros dans les territoires palestiniens, avec une aide de 2,25 milliards d’euros versés par la communauté internationale en 2014, principalement par les Etats-Unis d’Amérique.
3 - Les pyramides des âges sont explicites : le chiffre des populations jeunes - moins de 35 ans - est supérieure en Palestine par rapport à Israël...
4 – Enfin, le partage des fidèles des religions est de 75,6 % de juifs en Israël, de 18,6% de musulmans, de 2 % de chrétiens, et de 3,8 % pour les autres confessions religieuses. Dans les territoires palestiniens, 97,5 % sont musulmans pour 2,5 % de chrétiens.
A la veille de la conférence du 15 janvier à Paris, le secrétaire d’Etat américain John Kerry avait proposé - pour obtenir la paix -, d’établir entre Israël et Palestine des frontières sûres et reconnues par la communauté internationale, d’un seul tenant, en négociant à partir de 1967 avec des échanges de territoires équivalents acceptés par chacun. Ces frontières seraient celles de deux Etats avec deux peuples, l’un juif, l’autre arabe, avec une reconnaissance mutuelle et une équité des droits pour la totalité de leurs ressortissants respectifs. Mais le principe de deux Etats est rejeté par la grande majorité des Israéliens, le précédent de Gaza évacué en 2005 étant dans les esprits.
La question des colons est un autre problème. Où loger 585 900 colons israéliens, revenus des territoires palestiniens, que faire du projet initial du « grand Israël », toujours porté par le rêve d’annexer la Cisjordanie jusqu’au Jourdain ?
Quant aux Palestiniens, divisés en deux camps, leur « Autorité », favorable au projet américain, poursuit son action dans l’esprit de Yasser Arafat qui signa les Accords d’Oslo en 1993 ; son successeur Mahmoud Abbas s’interroge cependant : sur quel territoire palestinien fonder l’Etat du même nom ?
Mais le Hamas, branche militaire hostile depuis Gaza siège de son gouvernement, refuse encore l’existence de l’Etat d’Israël et combat toute présence juive sur le sol palestinien et israélien, sa posture idéologique est minoritaire mais active ; elle est portée par les menaces de l’insécurité en Israël et en Palestine (à noter cependant que selon certaines agences de presse, « un nouveau Conseil national palestinien devrait être formé dans les deux mois à venir par les deux grands partis palestiniens. Il choisira ensuite le comité exécutif de l'autorité palestinienne. Tels sont les termes de l'accord conclu entre le Hamas et le Fatah lors de négociations à Moscou entre le 15 et le 17 janvier », ndlr).
Certains sceptiques quant au futur de deux états connexes, séparés et proches à la fois, envisagent enfin un seul Etat dans lequel le gouvernement « hébreu » prendrait à sa charge l’administration et la sécurité des zones tant palestiniennes que juives en territoire « occupé ». Le plus vieux conflit du monde constitue encore la plaie ouverte du temps présent. Les Etats-Unis et la France sont à son chevet pour proposer, avec le Vatican et dans la « diplomatie de l’ombre », d’éventuelles solutions pour la paix civile de l’Etat d’Israël, et pour permettre à tous les croyants du monde des trois religions du Livre l’accès sécurisé des Lieux Saints, toujours sous une haute surveillance - particulièrement aujourd’hui - aux périphéries des pays entourant la Terre Sainte !
5 – Statut de Jérusalem, capitale internationale auprès des Nations Unies, n’est plus divisée comme avant 1967 : aujourd’hui, avec ses 900 000 habitants, la ville représente l’essence, l’identité du judaïsme pour les uns, de l’islam pour les autres, et le cœur de la foi chrétienne sur cette “terra santa” du Christ pour plus de deux milliards de croyants de par le monde.
Les musulmans la considèrent comme la troisième ville sainte de leur religion.
Si le Saint Sépulcre est unique pour les chrétiens, l’enjeu et le défi ne portent pas sur la souveraineté territoriale de cet espace sacré comme pour d’autres confessions sises dans la ville.
Pour sa part, en 1980, l’Etat hébreu a fait de Jérusalem la capitale d’Israël. Un statut non reconnu à ce jour par les Nations Unies. Les Palestiniens y sont reconnus comme des résidents et non des citoyens, et le sujet divise jusqu’aux chancelleries étrangères pour lesquelles, à ce jour, le rapport international à cette cité de la paix est éminemment spirituel et religieux. La colonisation à Jérusalem renforcée par de nouvelles implantations rend le sujet d’autant plus sensible en modifiant les enjeux et les discussions entre Juifs et Arabes. Garantir l’accès à la Vieille Ville, cœur sublime des trois religions de la tradition abrahamique, constituera le défi de cette capitale à terme de deux Etats dont l’éventualité d’une coexistence se heurte encore à la volonté de suprématie des uns sur les autres.
A l’horizon d’une paix et d’une promesse inachevées, Jérusalem reste un mystère, et l’objet de convoitises tout entières parées de supplications !
Ah si je t’oublie Jérusalem... Que ma langue s’attache à mon palais !
François-Xavier ESPONDE