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Régis Debray inspire les nouvelles « Confluences » de l’automne bayonnais
Régis Debray inspire les nouvelles « Confluences » de l’automne bayonnais
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| Allexandre de La Cerda 699 mots

Régis Debray inspire les nouvelles « Confluences » de l’automne bayonnais

Jusqu’au 6 novembre, la Ville de Bayonne déroule un nouvel événement culturel, dans le fil des anciens « Entretiens » : « Confluences, les rendez-vous de Bayonne », avec conférences, projections, expositions, spectacles et signatures d’ouvrages afin de « venir écouter, débattre et réfléchir ensemble sur ce que la littérature, les langues et la musique, autant que la géopolitique, apportent au thème des Frontières. Convoquant curiosité, érudition, et humanisme, cette proposition donne carte blanche à une personnalité du monde des arts et de la culture, ambassadeur de la cité bayonnaise.

C’est Francis Marmande, écrivain, journaliste, passionné d’histoire, de musique et de littérature, qui a inauguré ces nouveaux « rendez-vous » élaborés « en connivence » avec Pierre Vilar, professeur à l’Université de Pau et des Pays de l’Adour, avec pour invité d’honneur Régis Debray et son ouvrage « Éloge des frontières » (publié il y a quelques années chez Gallimard) qui sert de ligne de conduite et de témoignage de l’auteur.

Un livre qui signe sans conteste une évolution de son auteur rompant radicalement avec son engagement aux côtés de Che Guevara dans les années 1960 et sa « Révolution dans la Révolution » théorisant la multiplication de foyers de guérilla (publiée chez Maspero en 1967). Une nouvelle tournure de sa pensée que Régis Debray a exprimée maintes fois, en particulier lors d’un numéro de « Ce soir ou jamais » de Taddeï où il contesta le « sans-frontiérisme » prêché par l’intelligentsia « main-stream », représentée entre autres sur le plateau de l’émission par Rony Brauman de « Médecins sans frontières » qui se défendait : « ce n’est pas moi, c’est mon prédécesseur Kouchner qui confondait politique et humanitaire »…

Ou Antoine Veil, cet ancien inspecteur des finances et dirigeant d'entreprises « bolloréiste » (le mari de Simone Veil est décédé depuis lors), lequel entre une France trop exiguë à son gré et une Europe trop élargie, préconisait un improbable « ensemble franco-allemand » : « Quelle que soit la structure que vous envisagiez, il lui faudra bien des frontières », lui asséna alors Debray !

Et de préciser encore : « Après l’ivresse du virtuel, le réel revient en boomerang » ! En précisant encore qu’il n’y a pas lieu de s’alarmer devant la naissance ou la renaissance des frontières car,

« quand il n’y a pas de frontières définies d’un commun accord, elles sont remplacées par des murs, unilatéraux et infranchissables ».

Bref, elle n’a pas déçu, la prestation de Régis Debray devant un public nombreux venu l’écouter à Bayonne.

François Xavier Esponde l’a suivie pour « BasKulture » :

« L’homme reste humble et avoue que pour son cas, les événements l’ont un peu dépassé, voulant dire ainsi que la maitrise des situations et des travaux d’écriture de sa main l’auront conduit à ce travail sans l’avoir demandé.

 Aujourd’hui, le lecteur contemporain demande de la vérité, du témoignage au premier niveau, de l’action immédiate (…) il attend du cru, de l’authentique, de la sincérité élémentaire, car chacun veut sentir son odeur en live dans l’immédiateté de l’instant de toute vie. De la spontanéité sur le style, du direct sur les formes indirectes de l’écriture ?

Et l’auteur d’interroger, quelle tradition littéraire sera la nôtre pour la postérité ? Quel avenir est possible pour l’écrivain à l’heure des langages électroniques ? Que sera un livre à l’âge de l’écran ?

L’heure est aux frontières, elles existent pour être franchies. Le propre du mur est de se vouloir infranchissable. La frontière culturelle permet la rencontre des autres. Les frontières sont nécessaires, elles favorisent l’échange des mondes qui existent et dont la médiologie analyse les zones, les lignes, les espaces de rapports.

L’auteur confirme une fois encore son souhait de voir par nécessité la représentation des espaces sacrés reconnue dans l’univers d’aujourd’hui. Sans sacralité, ou par sa destruction la perte de repères engendre la folie. Le récit de l’empereur Julien qui en son temps fit détruire toute trace de christianisme dans l’Empire romain, et dut se résoudre à revenir sur ses projets, est rapporté au cours de cette conférence de l’auteur.

 Régis Debray appartient de par l’itinéraire de sa vie à plusieurs de ces mondes : philosophe agrégé de formation, militant révolutionnaire dans sa jeunesse, écrivain, chroniqueur de radio, commentateur de TV, Régis Debray témoigne d’une certaine liberté d’esprit, en témoin de son temps. Son auditoire bayonnais l’a bien perçu comme tel ».

Alexandre de La Cerda

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