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Retrouver l’essence même des Sanfermines
Retrouver l’essence même des Sanfermines
© EFE/Jesús Diges

| Alexandre de La Cerda 678 mots

Retrouver l’essence même des Sanfermines

Les fêtes de San Fermin ont débuté ce jeudi 6 juillet par le traditionnel chupinazo, fusée tirée à midi depuis le balcon de l’hôtel de ville orné pour la première fois de l’ikurriña, le drapeau basque ondoyant avec celui de la Navarre orné des traditionnelles chaînes que la tradition fait remonter au roi Sanche le Fort qui les avait rapportées comme trophée de sa victoire sur le chef musulman Muhammad al Nasir à la bataille de Las Navas de Tolosa le 16 juillet 1212 (elles auraient alors remplacé sur le blason navarrais l'antique aigle noir et figureront sur ceux de Saint-Jean-Pied-de-Port, Saint-Palais, Pampelune et bien d'autres localités du Pays Basque). Débutés également au son de l’« Agur Jauna » interprétés par des instruments traditionnels (atabal et txistus) dans une ambiance d’émotion retenue et en présence d’une foule en blanc et rouge, accompagnée de chants, de cris et d'acclamations ! Dès que fuse le « Gora San Fermín » l'émotion explose et des milliers de foulards rouges sont agités pour donner la bienvenue à neuf jours de fêtes uniques au monde qui rassembleront plus d’un million de festayres venus des quatre coins de la planète à la suite d’innombrables célébrités, tel Ernest Hemingway qui avait popularisé ces festivités qu’il fréquenta de 1923 jusqu’en 1959.
Ainsi, chaque matin des Fêtes à 8 heures, un encierro - course de six toros dans les rues de la vieille ville - lance la journée qui se poursuit vers 9h30 par le défilé non moins traditionnel des Gigantes et Cabezudos (poupées géantes). Chaque soir à 23 heures se déroule un concours de feux d’artifice tirés depuis la Ciudadela, suivis de concerts sur les plazas de los Fueros, de Compañia et del Castillo (blues, jazz, etc.). Sans oublier la « fiesta brava », c’est-à-dire les corridas, et l’extraordinaire ambiance générale de ces fêtes uniques.
Ambiance festive dont on pourrait regretter un certain « effacement » de leur véritable origine, qui était d’ordre spirituel.
C’est ce que regrette le curé de la paroisse de San Lorenzo dont dépend la chapelle dédiée à San Fermin. Dans un article publié par « Alfa y Omega », revue hebdomadaire de l'archevêché de Madrid, le père Javier Leoz déplore ainsi la perte du sens chrétien de la fête en l'honneur du saint. « Nous sommes conscients du fait que les fêtes populaires ont changé en plusieurs aspects, quand elles ne se sont pas dégradées en se sécularisant ; bien que les Sanfermines ne ressemblent, ni de près ni de loin, à ce que vend la presse internationale ».
Pour revenir aux origines, le prêtre croit que les institutions devraient faire un effort pour se rappeler le caractère religieux de ces fêtes. « Ces derniers temps, le pouvoir civil, obsédé par un laïcisme vindicatif devrait se rendre compte que les idées passent alors que les racines demeurent. Nous sommes à un moment où nous devrions clarifier beaucoup de choses, et surtout, dénoncer le sectarisme qui tend à dynamiter le patrimoine spirituel qui façonne la culture, la vie et la tradition d'un peuple comme la Navarre ». C’est pour réveiller cette « spiritualité navarraise » dont l’un des patrons est San Fermin que l'archevêque de la ville, Mgr Francisco Pérez, avait demandé au pape de promulguer une Année jubilaire à Pampelune à l' occasion du troisième centenaire de la consécration de la chapelle de San Fermin. « L'année jubilaire vise à aller à l'essence même de San Fermin et à rappeler les semences chrétiennes en Navarre depuis le IVe siècle ».
Ainsi, l’ouverture de cette année sainte de San Fermin pour laquelle les fidèles se préparent depuis cinq mois aura lieu ce vendredi 7 juillet alors que la chapelle du saint patron de la Navarre a fait peau neuve, la nef centrale repeinte, l'éclairage intérieur et extérieur entièrement renouvelés et le Musée de San Fermin, rénové, promis à une prompte réouverture. Il est également prévu de lire ce vendredi le décret de la déclaration de San Fermin comme saint. Et après l'ouverture de la Porte Sainte, au cours de l'année jubilaire, divers pèlerinages, conférences, expositions, œuvres de bienfaisance et de nombreuses autres initiatives pastorales sont annoncés.

ALC

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