C’est en tant que consul (h) de Russie dans le Sud-Ouest qu’Alexandre de La Cerda a participé samedi dernier à la commémoration de l’Armistice du 11 novembre au cimetière national de La-Teste-de-Buch et au dépôt d’une gerbe aux couleurs de la Russie par les enfants de l’école russe de Bordeaux-Caudéran, en compagnie du maire de La-Teste-de-Buch, du Commandant de la Base aérienne de Cazaux, de Ludovic Banas, directeur à Bordeaux de l'Office national des anciens combattants et victimes de guerre (Onac) et de son collègue le consul du Sénégal (de nombreux tirailleurs sénégalais y ont trouvé leur sépulture, comme les Russes et les Américains).
Créé en juillet 1916, le cimetière national de La-Teste-de-Buch, situé au lieu-dit Natus-de-Haut, regroupe les restes de combattants décédés à l’hôpital du camp d’instruction du Courneau accueillant initialement des troupes coloniales puis, à partir de 1917, des troupes russes : 8000 Russes y ont été cantonnés à l’automne 1917, dont une douzaine enterrés sur place, ainsi que des Américains, à partir de juillet 1918. Situé dans une forêt de pins en bordure de la base de Cazaux, c’est actuellement un mémorial-ossuaire élevé en 1967 sur les dépouilles exhumées des militaires. Très belle cérémonie militaire, prise d’armes impeccable et remarquable organisation du professeur Michel Grand qui anime avec son épouse l’école russe de Caudéran, et qu’Alexandre de La Cerda a remercié de tout cœur pour leur action au bénéfice de la culture russe et de l’amitié franco-russe.
Dans son intervention, il a également rappelé le sacrifice de l’armée russe en Prusse-Orientale pour y fixer les troupes allemandes et les empêcher de prendre Paris en 1914, permettant le « miracle » des Taxis de la Marne, ainsi que le rôle encore plus considérable joué par la Russie dans le sort de la bataille de Verdun qui, certes, prédétermina grandement la défaite de l’Allemagne dans la 1ère guerre mondiale, mais dont l’issue au profit de la France avait été décidée dans une mesure décisive par la « percée Broussilov » de juin 1916. Sans oublier une pensée en souvenir de l’empereur de Russie Nicolas II qui fut l’ardent artisan de cette aide russe, et sa famille le paya de manière tragique à la révolution de 1917, il y a un siècle. Or, partisan de la paix - Nicolas II était également à l’origine du tribunal international de La Haye - c’est sous son règne que la Russie avait réalisé un grand bond économique en avant, en effectuant toute une série de réformes efficaces, en augmentant sa population et son potentiel de défense. « Si la Première guerre mondiale et la révolution n’avaient pas eu lieu, la Russie se serait retrouvée parmi les leaders économiques, militaires et politiques du monde, au dire de nombreux experts économiques internationaux », devait rappeler le consul de Russie (voyez notre article en rubrique « Histoire ».
Malgré des enjeux nouveaux et une situation internationale complexe, le souvenir de cette convention militaire franco-russe d’août 1892 qui unit la France et la Russie dans leur combat contre l’adversaire commun constitue une incitation à renouveler cette étroite coopération doublée d’une assistance réciproque. L’approbation enthousiaste de l’allocution du consul de Russie par plusieurs délégués d’associations d’anciens combattants français et sénégalais en témoignaient éloquemment. Michel Grand, dans une délicate attention pour Anne de La Cerda lui offrit un bouquet de roses aux couleurs russes avant de les inviter, ainsi que Ludovic Banas à un succulent déjeuner « Chez Pierre », à Arcachon, sur un front de mer battu par la tempête. Michel Grand, Ludovic Banas et Alexandre de La Cerda, trois passionnés d’histoire, ont prolongé ainsi l’entretien bien au-delà du repas, autour de quelques bonnes bouteilles du château Miller La Cerda…
Rédaction