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Cinéma
“Manchester by the Sea”, film américain de Kenneth Lonergan – 138’
“Manchester by the Sea”, film américain de Kenneth Lonergan – 138’
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| JL Requena 425 mots

“Manchester by the Sea”, film américain de Kenneth Lonergan – 138’

Cinéma: la critique de Jean-Louis Requena

 

Les grands studios hollywoodiens nous bombardent à longueur d’années de monstrueux « blockbusters » lesquels nous proposent un déluge d’images de synthèse, de sons stridents, le tout sans grand intérêt. Leur but étant de nous mettre dans un état tel qu’il favorise la consommation de confiseries bas de gamme et d’eau fortement sucrée ! Inutile de citer les marques, nous les connaissons toutes.

Au milieu de ce déferlement (plus de 300 films américains cette année !), un bijou du cinéma indépendant dont la finalité est de nous conter, au mieux, une histoire tragique de faute et de rédemption. C’est biblique, mais c’est magnifique. Lee Chandler (Casey Affleck) est homme à tout faire, électricien, plombier, concierge, dans une copropriété chic de la ville de Boston (Massachussetts), éloigné de sa bourgade natale, Manchester by the Sea où un drame l’a brisé. Il apparaît comme, solitaire, éteint, rongé de l’intérieur avec de brusques accès de violence gratuite. Joé (Kyle Chandler), son frère aîné, pêcheur de son état à Manchester by the Sea, petite ville balnéaire proche de Boston, souffre d’une insuffisance cardiaque chronique. Il meurt brusquement. Joé avait rédigé en bonne et due forme, devant notaire avant son décès, un testament qui fait de son frère Lee le tuteur de son jeune fils immature, Patrick (Lucas HEDGJES). Cette histoire simple, en apparence, est totalement déconstruite dans ce long métrage parsemé de nombreux flashbacks, visuels ou/et auditifs, portés par une superbe image due au chef opérateur Jody Lee Lipes, et les musiques de Haendel (Le Messie), Jean-Sébastien Bach (des cantates) et même Jules Massenet (Chérubin).

Le metteur en scène Kenneth Lonergan, dramaturge de son état, est ici également scénariste ce qui en général est préjudiciable à la qualité d’un film (les exemples abondent : scénario faible couplé à une mise en image besogneuse). Kenneth Lonergan montre ici une maîtrise étonnante, dans le récit filmique, eu égard à son peu d’expérience : c’est son troisième opus ! En dehors des deux personnages principaux, Lee et Patrick, les autres acteurs de ce récit sont parfaitement « dessinés » en dépit de la brièveté de leurs scènes : Le grand frère Patrick, l’ex-épouse de Lee, Randi (Michelle Williams), etc. Certaines séquences ont une force émotionnelle dramatique, inattendue, d’autres sont cocasses (relations oncle/neveu d’abord tendues, puis complices).

C’est un beau et grand film américain indépendant sur une famille banale de la middle-class qui doit surmonter, avec des moyens limités, des problèmes intimes, douloureux, sans armes de destruction massive, sans vaisseaux spatiaux, sans robots… Juste avec de la compassion, de l’amour, de la persévérance.

 

Jean-Louis Requena

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