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Cinéma
Les oubliés » (Under sandet), film danois de Martin Zandvliet
Les oubliés » (Under sandet), film danois de Martin Zandvliet
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| Alexandre de La Cerda 522 mots

Les oubliés » (Under sandet), film danois de Martin Zandvliet

Ce film qui sortira la semaine prochaine sur les écrans français (en VO au « Royal » à Biarritz le 1er mars à 14 h et 18 h, le 2 mars à 16h15 et 22h15 et deux séances tous les jours jusqu’au 7 mars) concerne les jeunes prisonniers de guerre allemands oubliés et constituera une « illustration » intéressante d’une rencontre-débat qui s’était déroulée sur ce thème en mai dernier à Anglet. Voilà cinq ans que le Collectif pour la Mémoire du Camp de Beyris mène un travail de recherches sur les milliers de prisonniers allemands qui furent enfermés entre 1944 et 1947 au camp de Polo Beyris à Bayonne, camp appelé alors « dépôt 189 ». Pendant cette période, près d’un million de prisonniers de guerre allemands détenus en France, d’abord dans des enceintes sauvages et des sites provisoires, puis dans des camps réguliers, enfin chez des particuliers, avaient été employés à titre de main-d'œuvre quasi-gratuite pour déminer et reconstruire le pays, la France ayant beaucoup tardé à renvoyer ces prisonniers chez eux (du moins ceux qui avaient survécu à leurs très dures conditions de détention). Figures honnies de l’Occupation, ces soldats, vaincus, devinrent un enjeu majeur de la sortie de guerre de l’Europe en pleine reconstruction. Les Allemands réclamaient leur libération, les Américains comptaient sur eux lorsque la Grande Alliance céda la place à la guerre froide alors que le gouvernement français entendait se servir de cette main-d’œuvre peu chère et docile pour effacer les traces de la défaite.

La trame du film de Martin Zandvliet - inspiré de faits réels, passablement occultés dans les livres d'histoire - concerne la même problématique, mais vue du côté danois : il s’agit du sort réservé aux jeunes allemands, la plupart dans ou à peine sortis de l’adolescence, faits prisonniers par l’armée danoise à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Plus de 2 000 soldats allemands avaient été contraints de déminer et éliminer plus de deux millions de mines placées dans le sable le long de la côte. On estime que la moitié d'entre eux avaient perdu la vie ou ont été démembrés.

Le sergent Carl Rasmussen est chargé de s'en occuper. Si au début il les hait et les traite en tant qu'ennemis, il apprendra à les aimer. Il se rapprochera plus particulièrement de Sebastian Schumann, le « leader » du groupe. Cependant, pendant cette expédition périlleuse, plusieurs perdront la vie, tels les deux jeunes jumeaux Ernst et Werner Lessner ; Ernst se suicidera peu après la mort de son frère Werner, dont il était très proche. Un autre jeune soldat allemand y perdra aussi la vie, Wilhelm Hahn, alors qu'il enlevait une mine. Des quatorze jeunes hommes, seuls quatre survivront, et alors qu'on leur avait promis de les renvoyer chez eux, les autorités danoises décideront de les garder afin de continuer d'enlever des mines autre part, au Danemark. Carl décide alors de les aider à s'enfuir, et le film finit avec Sebastian, lançant un dernier regard à Carl…

Ce film de Martin Zandvliet est sorti en 2015 lors du festival du film de Toronto. Au Danemark, il a remporté l’équivalent des Césars (meilleur film et meilleur réalisateur).

ALC

 

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