A l'occasion du lancement des Fêtes de Bayonne, le Trinquet moderne vient d’être baptisé « Trinquet Jean-Marie Mailharro », en mémoire de celui qui consacra sa vie à la promotion de la pelote basque et permit à de nombreux jeunes talents de se révéler sur la cancha de l’emblématique trinquet de verre bayonnais. En la présence émue de son frère Georges et de sa compagne Denise Larronde, un hommage particulièrement mérité a ainsi été rendu à cet Amikuztar (pays de Mixe en Basse-Navarre), originaire de Béguios et devenu une figure incontournable de la vie bayonnaise (disparu en octobre dernier) ! Se partageant entre Saint-Jean-Pied-de-Port où beaucoup se souviennent encore des fameuses parties du lundi au trinquet garaztar et où il gérait un restaurant au bord de la Nive (il en était également un élu et un responsable de l’Office de Tourisme) et le Trinquet moderne de Bayonne sur lequel il a « régné » pendant près de trois décennies, l’infatigable entrepreneur bas-navarrais avait encore créé une entreprise de traiteur que l’on retrouvait par exemple aux courses de trot de Biarritz (où il avait également apprêté le dîner de gala du premier grand bal russe des débutantes au Casino, à l’automne 2010).
Mercredi dernier, au cours de la cérémonie, le maire de Bayonne Me Jean-René Etchegaray n’avait pas manqué de souligner combien il lui paraissait opportun de procéder à cette nomination « pour célébrer la mémoire de Jean-Marie » au moment même où débutait le Masters de pelote des Fêtes de Bayonne. En effet, cette compétition ayant été créée en 1986 de par la volonté de la commission sportive de la ville de mettre en lumière la Main nue, spécialité légendaire de la pelote basque, au moment de la plus forte fréquentation de la ville (plus d’un million de personnes sur cinq jours), c’est bien Jean-Marie Mailharro qui, depuis 1988, en avait fait un des rendez-vous sportifs majeurs de l’année. La prise d’assaut des 1300 places du Trinquet Moderne par les spectateurs et des primes alléchantes contribuent à assurer une motivation certaine pour les joueurs. Rappelons que ce trinquet avait été fondé en 1913 à deux pas des célèbres arènes de la ville, puis rénové en 1997 avec trois parois de verre, un système résolument novateur qui permet au public, toujours plus jeune, un confort visuel unique des compétitions internationales organisées régulièrement par la mairie et des Masters de pelote à main nue pendant les fêtes de Bayonne. L'occasion pour les meilleurs joueurs mondiaux de s'affronter dans un cadre authentique et contemporain à la fois. C'est dans ce lieu mythique que la Fédération de pelote basque avait choisi d'installer son siège. Aussi, après avoir laissé leurs empreintes sur ses parois de verre, les plus grands noms de la pelote basque ne se croisent-ils pas également au comptoir du trinquet. En quelques années, le bar et le restaurant s’étaient bâtis une sacrée notoriété grâce à l'investissement du gérant, Jean-Marie Mailharro. Á quelques encablures du palais de justice et du commissariat, le Trinquet Moderne a donné une âme au quartier très tranquille des Arènes. Et depuis lors, pendant les cinq jours des célèbres Fêtes, c’est tout le Pays Basque qui a rendez-vous au Trinquet Moderne : tournois de Mus (le jeu de cartes ancestral), repas dansants et bien sûr chantants, le Masters des Fêtes de Bayonne, entouré de tout ce qui fait l’authenticité de ce pays. Jean-Marie Mailharro était ainsi parvenu à drainer un peu de l’âme de l’Euskal Herri au milieu du plus grand événement festif de l’été. D’autant plus que le chant n’étant jamais loin du cœur d’un pilotari, il avait confié à son ami Michel Etcheverry l’Angélus de la finale de pelote des Fêtes de Bayonne. C’est à midi pile, chaque été depuis 10 ans, dans un silence recueilli et devant 1500 personnes habillées de rouge et blanc ! Mais Jean-Marie Mailharro n’oubliait pas pour autant ses racines et rendait régulièrement visite à l’etxe et à sa famille behauztar, sa sœur Gabrielle Etchegaray, et son neveu Jean-Michel, jeune éleveur bovin bio à la ferme Xemiania, qu’il appréciait particulièrement. « Je suis basque et fier de l'être », aimait-il à rappeler… Goian bego, Jean-Marie.
Alexandre de La Cerda