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Le « miracle » de la paix en Euskadi et « l’ONU du Trastevere »
Le « miracle » de la paix en Euskadi et « l’ONU du Trastevere »
© Sant’Egidio

| Alexandre de La Cerda 748 mots

Le « miracle » de la paix en Euskadi et « l’ONU du Trastevere »

Depuis que l'abbé François-Xavier Esponde a expliqué dans notre « Lettre de Baskulture » du 13 avril les coulisses du désarmement d’ETA du 8 avril à Bayonne vécu - on pourrait même dire « activé » - par l’église, notre collaborateur (qui représente localement le mouvement « Pax Christi ») n’a pas cessé de répondre à des interviews dans divers médias basques et nationaux, en particulier sur Radio Euskadi – Bilbao, en basque et en espagnol, sur l’événement religieux comme tel, et « le travail de vingt ans de l’église au service de la paix de mouvements qui avaient été invités en 1996 en faveur du pacifisme basque : gesto por la paz, elkarri, bakea bai, caritas, herria 2000 Eliza, bakea orain, gernika batzordea, denon artean... Certains oubliés, mais bien présents depuis 22 ans dans l’espace public d’Euskadi en faveur de la paix ».

Et au lendemain du désarmement de l’ETA à Bayonne, le Ministère des Affaires Etrangères français ne vient-il pas de signer un accord de coopération avec le réseau de médiation Sant’Egidio qui confirme les liens existants depuis des années entre la France et cette communauté d’origine romaine, surnommée souvent « l’ONU du Trastevere » ?
La communauté, fondée à Rome en 1968, intervient dans 74 pays à travers un réseau de 55 000 bénévoles dont 1 000 présents dans l’Hexagone. Mais elle n’a jamais voulu s’affilier à une ONG classique sous l’égide de l’ONU : « Notre action est toujours gratuite, c’est-à-dire non rémunérée, et elle n’a pas de limite dans le temps, contrairement aux mandats donnés à d’autres organisations. Nous concevons la prière comme une action, au même titre que les autres choses que nous mettons en place. Et nous nous donnons pour priorité de redonner du sens aux liens, avec une réflexion sur ce qui rassemble ». Parmi ses « négociateurs », Mgr Matteo Zuppi, archevêque de Bologne et ancien assistant ecclésiastique de la Communauté de Sant’Egidio, a pris une part active au désarmement officiel de l’ETA (grâce, d’ailleurs, à l’assistance du maire de Cambo, Vincent Bru).

Ces dix dernières années, les « diplomates de Sant’Egidio » ont gagné une reconnaissance internationale pour leur contribution à la construction de la paix dans le monde et pour ces activités, la Communauté avait été récompensée par plusieurs prix prestigieux. Ses mérites  viennent d’être « consacrés » au début de cette semaine par la signature au Quai d’Orsay d’un accord de coopération entre Sant’Egidio et le gouvernement français, accord qui prévoit une collaboration dans le travail pour la paix, le dialogue interreligieux, l’accueil des réfugiés et la protection des minorités chrétiennes.

Des plénipotentiaires discrets
Pour François-Xavier Esponde, « on indiquait qu’à l’origine de ce mouvement pour la paix il y avait les liens du Vatican tissés, entre autres, par le cardinal Roger Etchegaray, envoyé spécial du pape Jean Paul II dans les Missions internationales de paix à Cuba, au Levant et en Afrique, mais la règle d’or du silence prévalant en la matière, les commentaires sont plus bavards sur ces sujets que les témoignages directs de leurs auteurs qui préfèrent garder leur devoir de réserve. Pour notre gouverne, le miracle de Bayonne aura obtenu hors des limites de notre territoire un intérêt majeur et évident désormais. Nos communicants et responsables de la fonction publique en ont-ils perçu l’intérêt ? Certains avec retard peut-être mais le temps permet de confirmer certains rendez-vous manqués » !
L’on en veut pour preuve ce commentaire avisé d’un lecteur de la « France Catholique » :
« Voici une recension remarquable sur ce qui serait un très bon modèle d’attitude sur le long terme de différentes forces : régionales, provinciales, nationales et internationales, avec l’Église catholique comme lubrifiant. Autrement dit, comme je le pense, il y a là quelque chose qui ressemble fort au résultat dû au Principe de Subsidiarité appliqué - à tous les niveaux - dans les faits et les attitudes en plus de la lucidité historique. Tous assumant volontairement et pleinement leurs responsabilités pour l’éradication des maux qui s’étaient historiquement cristallisés et développés, puis, se nourrissant d’idéologies délétères, sanglantes et meurtrières.

Remercions ici le Père François-Xavier Esponde.
Les rappels d’exemples seraient trop longs à faire ici. Mais je crois qu’on peut affirmer que chaque fois que, dans nos sociétés, des forces responsables et lucides, des réseaux solides, ont formé une stratégie, surtout une stratégie en synergie durable, laissant de côté les couleurs politiques, les idéologies et les adversités stériles à courtes vues qui furent toujours tragiquement récurrentes et aveugles, et bien une telle réalisation de paix féconde, faite avec le temps et la patience nécessaire, devrait enfin se révéler pérenne pour le bonheur de tous… Deus in Adjutorium ».

ALC

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