La « Société d’Etudes Basques », en euskara « Eusko Ikaskuntza » fut fondée à Oñati (Gipuzkoa) en septembre 1918 par les quatre « Diputaciones » (Conseils généraux) d’Alava, Biscaye, Gipuzkoa et Navarre. Le roi d’Espagne Alphonse XIII était présent lors de cette journée inaugurale. Pour les Basques d’Iparralde, il convient de mentionner la présence alors à Oñati de Mgr Gieure, évêque de Bayonne. On peut dire que la fondation de cette Société incarnait un renouveau culturel basque certain et on en a eu la preuve l’année suivante avec la fondation de « Euskaltzaindia » (Académie de la Langue Basque) qu’on peut considérer lors de sa naissance comme une « filiale » d’« Eusko Ikaskuntza ». Cette société connut bien des vicissitudes avec notamment son interdiction durant le franquisme. Ce n’est qu’en 1978, qu’elle renaît de ses cendres. Elle retrouve alors une vie normale avec le retour de la démocratie et c’est le célèbre anthropologue José Miguel Barandiarán qui est élu président de cette Société qui déploie depuis lors une activité culturelle intense.
La journée du samedi 24 novembre 2018 marqua le point d’orgue des cinq congrès qui eurent lieu depuis le début de ce mois d’octobre dans les capitales du Pays Basque : Bayonne, Vitoria-Gasteiz, Pampelune, Bilbao et Donostia-Saint-Sébastien. Elle se déroula au même endroit qu’il y a cent ans, c'est-à-dire à Oñati. L’émotion fut intense quand arrivèrent ensemble les trois présidents Iñigo Urkullu (Communauté Autonome d’Euskadi), Uxue Barkos (Gouvernement de Navarre) et Jean-René Etchegaray (Communauté d’Agglomération du Pays Basque-Iparralde) et qu’ils traversèrent à pied et côte à côte la grande « Plaza de los Fueros » (Place des Fors) d’Oñati où les attendait un bon millier de personnes. L’émotion ne fut pas moindre quand fut exécutée par une centaine de participants, la « Soka Dantza » , la même danse et au même endroit qu’il y a cent ans et qu’ensuite - délicate attention -, deux danseurs offrirent deux « aurreskus » (danses d’honneur) au membre le plus jeune et au membre le plus âgé de la Société.
La solennité la plus parfaite régna également dans la magnifique église Saint-Michel Archange d’Oñati ( on sait que le cloître qui lui est adossé est construit sur le fleuve Ubao, ce qui en fait une curiosité unique dans toute l’Europe) où eurent lieu les discours officiels, entrecoupés par les magnifiques prestations de l’Orfeón Donostiarra et du chanteur Gontzal Mendibil. Les danseurs d’Arizkun (Navarre) clôturèrent la partie officielle, de nouveau sur la Place des Fueros. Tous les participants avaient la sensation de vivre un moment historique, dans la lignée et dans le même esprit qu’il y a cent ans. « Katea ez da eten » (La chaîne n’est pas brisée) pouvaient-ils se dire, avec une satisfaction mêlée d’une certaine fierté.
Une délégation des membres d’Eusko Ikaskuntza-Iparralde était aussi présente lors de cette journée du 24 novembre. Cette société n’est pas centenaire mais - née de la volonté du professeur de Droit, le navarrais Goio Monreal, alors président - elle a fêté cette année ses 25 ans d’existence. Après la disparition en mars dernier de Jean-Michel Larrasquet, elle est aujourd’hui présidée par le bayonnais Eguzki Urteaga, professeur de Sociologie à l’Université du Pays Basque. Ce dernier est entouré de très brillants et très prometteurs jeunes car Jean-Michel Larrasquet avait tenu à les intégrer et à leur donner des responsabilités.
Prochaine manifestation d’Eusko Ikaskuntza-Iparralde : la remise des prix Eusko Ikaskuntza-Ville de Bayonne qui seront décernés cette année au sculpteur biarrot Zigor (Prix d’honneur) et à Virginie Brillant (Prix de Thèse). Rendez-vous donc pour cette remise des prix à tous les amoureux de la culture basque le vendredi 14 décembre à 19 heures dans le Grand Salon de l’Hôtel de Ville de Bayonne.
Jean-Claude Larronde