La Fondation Sabino Arana s’est réunie lundi dernier à Bilbao à l’initiative de son président Juan Mari Atutxa, ancien président du Parlement basque de Vitoria, et d’invités qualifiés « pour évoquer la fin d’Eta, et la réflexion engagée depuis la Conférence d’Arnaga qui scella pour l’avenir les destinées d’une Euskadi dégagée des menaces du terrorisme politique ».
Le séminaire intitulé « Regards vers l’avant et l’après de la fin de l’eta » accueillit des représentants de la société civile, religieuse, professionnelle, judiciaire, politique, de la presse et des associations des victimes qui participèrent à cette rencontre. Selon les termes utilisés par le président du Gouvernement basque Iñigo Urkullu, « pour les générations futures, car l’Eta n’aurait jamais du exister » !
Parmi les personnalités présentes, Joaquín Giménez, ancien juge du Tribunal Suprême espagnol, Mgr Uriarte ancien évêque de Saint-Sébastien, des représentants d’organisations patronales et syndicales, la presse et les associations œuvrant au bénéfice de la paix au sein des groupements des victimes...
- Le président Urkullu réaffirma son souci continu - depuis des années – d’œuvrer en faveur de la paix par une déclaration d’Eta « pour un renoncement sans condition, définitif et sans contrepartie. En réclamant une réflexion critique du passé, une tâche encore prégnante et à terme une révision de la politique pénitentiaire pour en finir avec le spectre du terrorisme et ses visages d’horreur passés ».
De nombreux acteurs collaborèrent à cet objectif pendant ces années de discussions entre 2011-2013 ponctuées de fausses nouvelles, de déclarations non qualifiées, qui provoquèrent un sentiment de déception et parfois l’illusion d’avancées sans fondement.
Le principe devant être pour tous, le rejet de toute violence, le respect des victimes et le refus de toute forme d’exaltation d’Eta, jusqu’aux sortants des prisons dont le retour chez eux ne justifie aucun hommage rendu à leur action passée.
Urkullu a justifié son absence à Bayonne lors du premier rassemblement après le discours d’Ayete, et lors de la Conférence d’Arnaga pour sceller la paix après qu’Eta a rendu les armes, par un risque évident de justification donnée à l’existence même d’Eta, qui selon les termes employés par le président Urkullu n’aurait, jamais dû exister sur le sol basque dans le passé.
Urkullu a également évoqué « le travail encore nécessaire d’éducation de la jeunesse en faveur de la paix, pour ne plus jamais connaître de telles actions, évaluer cette violence comme une aberration éthique, une immense erreur politique, une prétention inutile et contre-productive ».
- Pour sa part, l’ancien Juge du Tribunal Suprême a souligné « qu’aucune politique de l’Etat National ne peut être dictée par les Associations de victimes ». Après ces années de plomb du terrorisme, vient à présent le temps de la révision des sentences judiciaires au bénéfice de l’intérêt général du pays. « Mais pour l’heure, Eta n’a fait pour sa part aucune révision critique de son passé, ni évalué les dommages causés par ses actions violentes sur ses milliers de victimes, et pour la gauche basque la plus radicale, il demeure encore le devoir de réviser sa conduite passée et reconnaître les blessures infligées aux victimes ».
- Quant à Mgr Uriarte, il a déterminé trois urgences pour les années à venir : « œuvrer au devoir de mémoire partagée entre toutes les composantes de la société basque, quérir le pardon pour chacun, et restaurer les prisonniers dans leur propre dignité en conformant les décisions judiciaires aux conditions nouvelles d’un changement de monde après ce retour à la paix retrouvée pour tous. Les transferts des compétences de cette réinsertion judiciaires pourraient être faites au Gouvernement basque. On bâtirait de la sorte un récit historique neuf partagé par toutes les forces politiques, sociales, religieuses, judiciaires et policières en présence, à la suite de ce parcours historique sombre du terrorisme basque passé ».
Chacun devine que ces propositions avancées par la prestigieuse Fondation Sabino Arana constituent un objectif à long terme, pédagogique et nécessaire en faveur de la paix, pour panser les blessures profondes d’une histoire de cinquante années de violences injustifiables, non encore cicatrisées pour tous !