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Cinéma
La critique de Jean-Louis Requena
La critique de Jean-Louis Requena
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| Jean-Louis Requena 445 mots

La critique de Jean-Louis Requena

« Tunnel » - Film Sud-coréen de Kim Seong-hun – 127’

La Corée du Sud est ce pays d’Extrême-Orient, petit par sa taille (5 fois inférieur à la France), surpeuplé de 51 millions d’habitants, maltraité par sa géographie, coincé entre la Corée du Nord, la Chine à l’ouest, le Japon au sud. Depuis la fin de la guerre de Corée (1950-1953), le décollage économique des années 60 a fait de ce pays industrieux l’un des « dragons » de l’Asie. Mais voilà, l’économie débridée a ses failles et l’une d’entre elles est la corruption qui gangrène la société coréenne : pont qui se brise au-dessus du fleuve Han (1994), explosion de gaz dans le métro de Séoul (1995) et, plus récemment, naufrage du ferry « Sewol » (2014) : 460 morts, pour la plupart lycéens. Et très récemment, destitution de la Présidente de la République, Park Gven-hye, pour concussion organisée !

C’est dans cette ambiance de contestation politique, de morosité économique, de lassitude sociale face aux dures réalités de la vie quotidienne (Séoul est une mégalopole de 25 millions d’habitants !), que Tunnel est né.

Jung-soo, vendeur de voitures et jeune père de famille rentre chez lui. Il s’engouffre dans un tunnel d’autoroute quand soudain les lumières s’éteignent, les parois s’effondrent l’engloutissant sous des tonnes de gravats. Miraculeusement, il est indemne, coincé dans l’habitacle dévasté de son véhicule. Pour survivre, un gâteau, deux petites bouteilles d’eau et son portable. Il réussit à joindre les secours grâce à son smartphone. Aussitôt, les autorités s’organisent pour le tirer d’affaire. C’est un film du genre « catastrophe », comme nous en avons tant vus, sauf que dans ce long métrage, le réalisateur Kim Seong-hun, également scénariste, instille d’autres ingrédients qui viennent pimenter la sauce convenue du genre : le burlesque (intervention massive, grotesque, des médias, apparition et disparition soudaine de la ministre de l’industrie, incompétence des techniciens suréquipés, etc.), la comédie humaine (relations tendues entre les différentes autorités), le tragique (morts collatéraux).

Le cinéma Sud-Coréen démontre à travers les quelques films qui nous parviennent chaque année, sa vitalité, en particulier scénaristique : les scénarios de ses productions sont toujours agréablement déroutants (pour notre esprit dit « cartésien » !) par leur mélange étonnant de « têtes à queue » doublées de subtilités narratives. De surcroît, c’est ici le cas, s’ajoute un travail soigné de la photo (chef opérateur, Kim Tae-sung).

Ce film a été le deuxième grand succès national en Corée en 2016, après le Dernier Train pour Busan de Yeon Sang-ho. Nous ne sommes pas coréens, mais nous avons apprécié ce long métrage haletant de plus de deux heures. Une parabole réussie sur la fragilité de la vie terrestre malgré l’apport massif de technologies sophistiquées censées nous la rendre plus confortable !

Jean-Louis Requena

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