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Cinéma
La critique de Jean-Louis Requena
La critique de Jean-Louis Requena
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| Jean-Louis Requena 463 mots

La critique de Jean-Louis Requena

« Les Fantômes d’Ismaël », film français d’Arnaud Desplechin – 114’

Le film a été présenté, hors compétition, le 18 mai dernier, en ouverture du plus important festival de cinéma au monde : Le Festival de Cannes (70ème édition !). Arnaud Desplechi qui a par le passé, concouru à cette manifestation (4 fois) et à la Mostra de Venise (deux fois) n’a jamais obtenu de récompense officielle. Pourtant c’est un excellent cinéaste dans la tradition française : IDHEC (ancêtre de la FEMIS, promotion 1984 avec Pascale Ferran, Noémie Lvovsky, Eric Rochant, etc.) et coscénariste de tous ses longs métrages. Les jurys sont souverains et …nébuleux.

Arnaud Desplechi reprend de films en films les mêmes thématiques qu’il décline avec quelques variations, comme une partition musicale : La créativité tourmentée, les êtres chers absents ou disparus, la famille recomposée ou décomposée, le travail à achever dans l’urgence. Son nouveau long métrage est une nouvelle version, quaternaire, de son film précèdent : Trois souvenirs de ma jeunesse (2015 – César du Meilleur Réalisateur).

Ismaël Vuillard (Mathieu Almaric, halluciné) prépare un film sur un certain Ivan (Louis Garrel) diplomate mystérieux dans des pays qui ne le sont pas moins. Lors d’une sortie alcoolisée il rencontre Sylvia (Charlotte Gainsbourg, épatante) avec qui il noue une paisible idylle que vient rompre l’apparition soudaine de Carlotta (Marion Cotillard, mystérieuse) son épouse disparue vingt ans plus tôt. Ismaël, soumis à toutes ces pressions contradictoires, le tournage du film en panne et l’irruption du producteur Zwy (Hippolyte Girardot, hilarant), se réfugie dans sa maison d’enfance à Roubaix (ville natale d ‘Arnaud Desplechin). Dans la version que nous avons visionnée (il existe une autre version « director-cut » de 130 minutes, peut-être plus explicite ?), le cinéaste nous entraîne dans une narration déstructurée à trois niveaux, parfois quatre, qui demande un minimum de concentration de la part du spectateur. Nous ne sommes pas dans un film de super héros américain aux images simples, aux dialogues navrants (redondants par rapport à l’image), au son tonitruant. Ce n’est pas un hasard si les personnages se nomment Dédalus, Bloom et si la structure de l’histoire est un peu complexe : L’écrivain Irlandais James Joyce (roman Ulysse – 1922) a de fait, « contaminé » le scénario.

L’histoire se développe comme un roman à tiroir avec courts exposés, retours en arrière et brusques accélérations. C’est épatant !

Il faut également souligner la qualité de la photo numérique d’Irina Lubtchansky, digne fille du grand William Lubtchansky magicien de la lumière, la fluidité de la mise en scène (direction d’acteurs, mouvements d’appareil, etc.) et s’enorgueillir de la production cinématographique française qui est à même de proposer sur le marché, des films pour adultes cortiqués !

Grâce à ce film ambitieux, nous nous réjouissons de la « Qualité Française » trop souvent décriée eu égard aux insipides comédies qui foisonnent sur nos écrans.

Jean-Louis Requena

 

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