Maria by Callas - Film français de Tom Volf – 113’
En 2013, le jeune Tom Volf vivait à New-York et ne connaissait pas Maria Callas (1923 – 1977), de son vrai nom : Anna Maria Sofia Cecilia Kalogeropoulou. En cherchant sur YouTube, incontinent robinet à images d’internet, d’autres interprétations féminines de l’opéra Maria Stuarda de Donizetti, il tombe sur celle de Maria Callas. A partir de ce moment, comme tant d’autres avant lui, il s’enflamme pour la « Diva Assoluta ». Il amasse les enregistrements de toutes sortes, sonores, visuels, et part à la recherche de ceux, encore de ce monde, qui ont connu la cantatrice décédée à Paris, il y a près de 40 ans.
Méticuleusement, il collationne les documents audiovisuels de la longue carrière de la Callas (1940 à 1973 approximativement) sur tous les supports existants : films argentiques aux formats 8 mm, super 8 mm, 9,5 mm, 16 mm, caméscope, bandes VHS, etc… C’est à partir de ces matériaux disparates, en respectant les formats qu’il monte son documentaire biopic selon un ordre chronologique. L’interview de David Frost réalisée en 1970 avec une Maria Callas belle, rayonnante, comme apaisée, sert de « fil rouge » au déroulement de sa vie tumultueuse.
Une bibliothèque entière serait nécessaire pour ranger les livres, de toute provenance, qui ont été édités sur son parcours artistique et personnel. De son enfance malheureuse aux Etats-Unis où elle est née (1923), à son arrivée en Grèce (1937) ou elle perfectionne son don vocal auprès d’Elvira de Hidalgo, sa professeur vénérée, à son retour malheureux au Etats-Unis (1945), et enfin, à son éclosion en Italie (1947) grâce à la « vista » du maestro Tullio Serafin. On croit tout connaître d’elle, alors qu’elle même affirme peu se comprendre : « Il y a en moi Maria et Callas », énonce-t-elle en préambule dans son interview par David Frost. La cantatrice à la « voix si reconnaissable » qu’elle est, à coup sûr, reconnue des non mélomanes : c’est une icône du XXème siècle ! Cette femme finalement mystérieuse à elle-même et aux autres, qui semblait vouloir aspirer à la normalité, une vie domestique, un mari, des enfants, a enchanté les foules, comme Marilyn Monroe à laquelle elle ressemble à bien des égards : enfance malheureuse, mariages ratés, idylles tronquées (Aristote Onassis, etc.), mort subite.
Tom Volf aurait pu, comme tant d’autres cinéastes, se faire « dévorer » par son sujet, tant la personnalité écrasante de la cantatrice, l’abondance des sources sonores, visuelles, sont de fait difficiles à ordonner sans procurer aux spectateurs des sensations contradictoires de vides et de trop pleins : du manque à la saturation. Pour éviter cela il faut avoir un « point de vue » et s’y tenir. C’est ce que fait le jeune cinéaste en s’alignant sur une stricte chronologie qui évite les dispersions, les atermoiements de la vie professionnelle et personnelle, particulièrement mouvementée de la « Diva Assoluta ».
Ce long métrage qui, malgré sa durée - près de deux heures -, a enchanté le public lors de sa première projection, quel que soit le degré de connaissance musicale de ce dernier.
Tout un chacun à son niveau peut se reconnaître dans la vie passionnante, cabossée, de Maria Callas. Tom Volf a su éviter les pièges du genre documentaire biopic en général, pieusement respectueux et passablement ennuyeux.
Jean-Louis Requena