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Festival d’Arnaga : Belles Lettres et Musique dans le tourbillon de la Grande Guerre
Festival d’Arnaga : Belles Lettres et Musique dans le tourbillon de la Grande Guerre

| Alexandre de La Cerda 1165 mots

Festival d’Arnaga : Belles Lettres et Musique dans le tourbillon de la Grande Guerre

Pour sa 4ème édition, le Festival Musical et Littéraire d’Arnaga célèbrera le centenaire de la fin de la Guerre 1914-1918 avec un programme intense composé de musique, art lyrique, lectures, conférences, dont deux créations. Produit et organisé par la Compagnie Alma Cantoa, les Amis d’Arnaga et la Ville de Cambo, ses incontestables réussites précédentes sont dues à « l’inventeur » de cette belle manifestation, Michel Fenasse-Amat, omniprésent sur scène et dans les coulisses, dirigeant les interprètes et coordonnant toutes les représentations ! Tombé amoureux d’Arnaga avec l’envie d’y créer un spectacle, il s’orientera vers la création de ce festival dans l’esprit des salons de l’époque, quand Rostand recevait Sarah Bernhardt… Où les Belles Lettres rencontreraient la Musique, et le Théâtre, l’Opéra, en une intelligente « corrélation » des genres. C’était en 2014, et l’adjointe à la culture de Cambo, Anne-Marie Pontacq, l’avait beaucoup appuyé auprès des instances municipales : la Ville y avait immédiatement adhéré, ainsi que la conservation d’Arnaga et le public, constitué de visiteurs occasionnels ou de spectateurs venus exprès - un peu dans l’esprit de Molière qui jouait sur des tréteaux sur des places, des lieux ouverts qui, à Arnaga, correspondent à l’orangerie, la salle des calèches, les écuries, où le public a libre accès… Une inspiration venue du « Mois de Molière à Versailles » -. Et grâce à la Nuit des musées, le public est bien présent (les spectacles étant gratuits grâce au soutien du Crédit Agricole Pyrénées-Gascogne, caisse de Cambo, et celle de riches Basques de la diaspora.

Mais Michel Fenasse-Amat ne se contente pas d’« organiser », sa belle voix de baryton, bien accrochée, témoigne de ses talents lyriques, par exemple elle convient merveilleusement aux airs de Glück (Orphée et Eurydice)… Car notre artiste a débuté ses études musicales à Toulouse, sa ville natale. Baryton, diplômé du Conservatoire Régional de Bordeaux, il s’est perfectionné dans le cadre des master-classes d’art lyrique de la Fondation Francisco Viñas à Barcelone et remporte le 3ème grand prix de comédie musicale du Festival d’Art Lyrique de San Remo (Italie) en 2000 avant de chanter au Teatro Alfieri de Turin, au Liceu de Barcelone, à l’Opéra de Montpellier, ainsi qu’à Strasbourg, Nice, Toulouse et Bordeaux dans les rôles de Figaro des « Noces de Figaro », le vicaire dans « Albert Herring » de Britten, l’horloge comtoise dans « L’Enfant et les Sortilèges » de Ravel ou encore « Le Travail du Peintre » de Poulenc… Professeur de chant à l'atelier d'art lyrique du Centre Culturel toulousain des « Minimes » et auteur-compositeur, il avait récemment produit l’album Aria Pirenèus (distribué par le label Agorila) avec des musiques pour quelques-uns des plus beaux poèmes basques, catalans, espagnols, français et occitans, pour mettre en valeur les différentes identités, cultures et langues des montagnes Pyrénées.

Une thématique en rapport avec la commémoration de la fin de la guerre en 1918

Pendant la guerre de 14, Edmond Rostand n’avait-il pas écrit à son ami Pierre Clarac, de l'Institut, qui servait dans l'infanterie : « Vous m'avez écrit une bien belle lettre, bien consolante pour le poète qui se sent inutile, dont on n'a pas voulu aux armées, et qui a besoin qu'on lui répète un peu qu'il n'a pas été, avant, inutile. Que j'aurais aimé, ayant connu bien des joies, terminer ma vie sur le champ de bataille, et que ma mort signa mon œuvre » ? Rostand s’était rendu dans la ville lorraine de Gerbéviller, détruite à 80% au début de la guerre, ainsi qu’à Masevaux, sur le front alsacien où, avec Maurice Barrès, il emmena une délégation de journalistes et d’écrivains.

Le festival débutera vendredi 18 mai. Précédée de « Lur gainean, infernua / L’enfer sur Terre », création littéraire poétique bilingue euskara-français d’Itxaro Borda, et de la présentation par Murielle Lebrun de son livre « La malette bleue d’Ulysse Rouarde, c’est ma conférence « 1914-1918 : Le recul de l’Europe et de la Civilisation » qui lancera à 17h à l’Orangerie d’Arnaga la thématique du Festival. Depuis l’assassinat de l'archiduc François-Ferdinand d’Autriche à Sarajevo le 28 juin 1914 et les déclarations de guerre qui ont suivi, jusqu’à l’armistice du 11 novembre 1918, la Première Guerre Mondiale, si dévastatrice en vies humaines – les monuments aux morts de n'importe lequel de nos plus petits hameaux nous en font appréhender l'hémorragie – déroule ses grands rendez-vous chronologiques : le « miracle » de la Marne dû à l’intervention russe en septembre 1914, l’Artois, la Champagne et les contreforts vosgiens en 1915, la Somme et Verdun en 1916, le Chemin des Dames et l’arrivée des Américains en 1917, la seconde bataille de la Marne et les ultimes offensives en 1918. Elle brisera l’élan civilisationnel et économique européen et se prolongera, au-delà du Traité de Versailles censé y mettre un point final, par le deuxième conflit mondial.

La manifestation offrira plusieurs événements musicaux : le récital de la pianiste italienne Mariella Fiordaliso, issue du célèbre Conservatoire Santa Cecilia de Rome, qui interprétera « Le Tombeau de Couperin », suite de six pièces pour piano de Maurice Ravel composée entre 1914 et 1918 et créée à Paris le 11 avril 1919 par la pianiste Marguerite Long. Et le lendemain, samedi soir, le concert « Musique dans le tourbillon de la Grande Guerre » que j’aurai le plaisir de présenter : jusqu’au bout de ses forces, dans l’espérance d’une issue victorieuse de la guerre de 14, Edmond Rostand continua de recevoir ses visiteurs à Arnaga. En 1918, une délégation de la troupe de l’Opéra-Comique de Paris, délocalisée à Biarritz à cause du canon allemand « la grosse Bertha » qui menaçait encore Paris à la fin de la guerre, vint lui rendre visite à Cambo. Le poète avait tenu à leur faire lui-même les honneurs de « son délicieux Arnaga » et de ses jardins. Il assista ensuite plusieurs fois, au Casino Municipal de Biarritz, aux spectacles de la troupe, en s'enthousiasmant pour une « cantatrice aux cheveux d'or, échappée de l'occupation prussienne des Flandres »… Ce concert constituera un hommage à cet épisode historique avec un programme constitué de quelques airs de La Périchole (Offenbach), Manon (Massenet), Les Saltimbanques (Ganne), La Fille de Mme Angot (Lecocq), La Mascotte (Audran), Ciboulette (Hahn) et La Vie Parisienne (Offenbach) avec Anne Mestelan-Estève, soprano, Michel Fenasse-Amat, baryton, et les choristes de la master class de chant choral, accompagnés au piano par Mariella Fiordaliso.

Programme :

Vendredi 18 mai

14h30 Lur gainean, infernua / L’enfer sur Terre Écuries

15h40 La Malette Bleue d’Ulysse Rouard Écuries

17h Conférence 1914-1918 Orangerie

Samedi 19 mai

14h45 Conférence « Le Vol de La Marseillaise » Orangerie

15h45 Le Vol de La Marseillaise Terrasse villa

17h10 Louis et Paula Écuries

Samedi 19 mai Nocturne de la Nuit des Musées

21h30 Lur gainean, infernua / L’enfer sur Terre Écuries

22h45 Concert « Musique dans le tourbillon de la Grande Guerre », Orangerie

Dimanche 20 mai

15h Conférence « Maurice Ravel pendant la Première guerre mondiale : compositeur et soldat »

16h Le Tombeau de Couperin, récital Mariella Fiordaliso, piano, Orangerie

Lundi 21 mai

14h50 Louis et Paula, Écuries

16h10 Concert « 1918, l’Opéra-Comique à Biarritz », Orangerie

Alexandre de La Cerda

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