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De la vie et de la mort du père Jacques Hamel - 26 juillet 2016 – 26 juillet 2017
De la vie et de la mort du père Jacques Hamel - 26 juillet 2016 – 26 juillet 2017
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| François-Xavier Esponde 1202 mots

De la vie et de la mort du père Jacques Hamel - 26 juillet 2016 – 26 juillet 2017

Après la messe et la cérémonie d’hommage au Père Jacques Hamel au cours de laquelle le président Emmanuel Macron a souligné : « la force de notre Nation qui est dans cette capacité à entendre et faire siennes les paroles de fraternité et de charité que l'Eglise de France prononça voici un an, dans cette capacité à réunir autour du corps supplicié d'un prêtre, l'imam, le pasteur et le rabbin », le chef de l'Etat a inauguré une stèle sur laquelle est inscrite la Déclaration universelle des Droits de l'Homme. Une stèle « républicaine » à propos de laquelle le maire communiste de Saint-Etienne du Rouvray (près Rouen) a déclaré : « La stèle est symbole de paix et de fraternité à la mémoire de Jacques Hamel. Elle est universelle ». Tout cela est fort respectable, mais c'est bien en haine de la Foi chrétienne que le Père Hamel, dans l'exercice de ses fonctions sacerdotales, a été égorgé par deux musulmans revendiquant leur piété et la « stricte observance » de la sharia islamique. Une persécution contre les chrétiens évoquée lors du sermon de Mgr Dominique Lebrun, archevêque de Rouen, prononcé devant le Chef de l’Etat, le Premier ministre, le ministre de l’intérieur, le Président du Conseil constitutionnel, des parlementaires, le député, le maire, et les hautes autorités civiles, judiciaires et militaires rassemblées à cette occasion : « Des attentats, hier, la profanation de tombe ou de lieux de culte, aujourd’hui encore, même accomplie par des adolescents, sont une ombre pour toute notre société. Notre société qui ne sait plus où elle va après la mort, et se croit libre de faire tout ce que chaque individu souhaiterait, y compris abréger sa vie ou l’empêcher de naître ; c’est une ombre pour notre société qui met de côté des ressources spirituelles en chargeant la loi d’établir la morale alors que celle-ci, la loi, ne peut qu’être qu’une aide et que la morale, elle vient du profond de notre humanité ».

Un rappel fort opportun en guise de « prologue » à l’article de notre chroniqueur, le père François-Xavier Esponde.

ALC

 

1 - Jacques Hamel prêtre assassiné

Un an après son assassinat à Saint-Etienne du Rouvray, le père Hamel a reçu de la France et de l’Eglise un hommage remarquable ce 26 juillet 2017.

Le prêtre officiant dans son église reçut la visite de deux fanatiques qui attentèrent à sa vie, comme chacun sait, sans ménagement, sans humanité.

La France entière et l’Eglise sous toutes les latitudes ont compati à l’horreur de cette mort et reconnaissent désormais dans la figure de ce prêtre l’image du martyr provoqué par des êtres monstrueux.

La procédure de béatification fut engagée à Rouen au printemps dernier et lors d’un pèlerinage de l’archevêque et des diocésains à Rome ; le pape recevant ces fidèles confirma incontinent la décision canonique concernant le père Hamel en anticipant le délai des cinq ans exigé précédemment par l’Eglise en de telles circonstances.

L’enquête a déjà permis de recevoir les témoignages des proches, paroissiens et amis, de la famille et des réseaux de relations du prêtre, de ses écrits, et de ses prêches. Une longue route de vérification de la foi du prêtre et de l’exercice de sa mission que l’Eglise impose pour mener tout procès en béatification jusqu’à son terme et qui prendra sans doute quelques années.

Il se dit que le bréviaire du P. Hamel est déjà exposé à Rome dans une église où des pèlerins du monde entier se recueillent devant sa photographie et l’invoquent dans leurs prières personnelles.

Tous ses objets personnels ayant été mis sous scellés le temps de l’enquête de police en cours, chacun devine la rigueur d’une telle procédure à laquelle les autorités religieuses et civiles contribuent pour éviter des appréciations relatives ou approximatives toujours possibles.

Le Juste parmi les hommes paya de sa vie sa fidélité à sa foi chrétienne. Le dialogue avec ses bourreaux le confirme par les quelques témoins présents lors de son assassinat bestial et inqualifiable.

Chacun appréciera en ce jour anniversaire de sa mort les propos de personnalités aussi diverses que l’évêque de Rouen, le Président de la république Emmanuel Macron, le maire de la commune et le député ancien maire qui soulignent la valeur spirituelle de cet homme de Dieu, reconnu et apprécié dans sa vie.

2 - Définir le martyre

Définir le martyre est le témoignage de la foi personnelle chez les chrétiens qui peut conduire jusqu’à la mort. Dès le second siècle après J.C., les chrétiens eurent une dévotion particulière pour ces premiers Témoins, dont les apôtres vénérés comme ayant versé leur sang pour le Christ jusqu’à mourir en martyr. Unis à Lui dans leur humanité et dans l’expression spirituelle de la mort crucifiée jusqu’à leur fin. Le cours de l’histoire iconographique adoptera des expressions différentes pour représenter dans la galerie des saints et des apôtres ces hommes et femmes remarquables confiés à la ferveur des croyants et capables de les préserver des aléas de toute vie.

En 1670, le peintre Louis-Gabriel Blanchard a représenté ces martyrs selon une vision jugée douloureuse par la suite, pour signifier que le martyr est sacrifié comme le Sacrifié que fut le Christ à qui ne manquèrent les affres de la mort.

Il faut souligner que les représentations du martyre de saint Laurent, de saint Ignace et l’iconographie de Catherine d’Alexandrie abondent de ces symboles de la mort imposée sur le gril, ou au milieu des fauves, afin de saisir l’attention des fidèles aux conditions monstrueuses de leur sacrifice humain. En d’autres cas, la palme du martyr et le laurier de la foi agrémentèrent ces images glorieuses en majesté et non suppliciées pour rappeler la force et la vigueur de ces témoins que rien n’arrêta dans leur mission.

A la Renaissance, la redécouverte des catacombes romaines - peu ou prou visitées pendant des siècles du fait de leur caractère sacré inviolable, interdit aux visiteurs – fit de la représentation des figures de martyrs une Ecole d’art et de création qui inspira particulièrement les peintres et les récits de martyrologes à l’imagination créative et pour certains, émotionnelle, qui n’a rien à envier à l’image moderne et son impact sur les esprits. De 1580 à 1588, plusieurs éditions d’ouvrages des Martyrologes fleurissent chez les esprits éclairés du temps, de la main de Césario Maronio, auteur de celui de 1588. En découvrant les récits de ces martyrs, chacun retrouvait trace de l’histoire, de l’humanité et des facettes spirituelles de ces hommes d’exception représentés à l’envie, souvent copiés mais en phase avec la demande des fidèles pour les saints martyrs de l’Eglise ! Et, aux saints préférés des fidèles - Pierre, Paul, Barthélémy, ayant les faveurs du plus grand nombre - on ajoutera encore le diacre Etienne, lapidé en 35 de notre ère, Sébastien, criblé de flèches et attaché comme le Christ en croix au IIème siècle, et Catherine d’Alexandrie décapitée au IVème siècle... Le détour par le « Jardin des Martyrs » aux Missions Etrangères de Paris et leurs archives nous en dirait davantage encore sur le sort connu en Asie par ces prêtres de chez nous tout au long de ces 350 années passées, mais qu’importe, la figure du martyre accompagne la foi des témoins que rien n’arrête dans un élan mystique du Christ lui-même ! 

François-Xavier Esponde

 

 

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