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« Confluences, les rendez-vous de Bayonne » sur le thème des Frontières (suite)
« Confluences, les rendez-vous de Bayonne » sur le thème des Frontières (suite)
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| François-Xavier Esponde 649 mots

« Confluences, les rendez-vous de Bayonne » sur le thème des Frontières (suite)

Poursuite de la réflexion ouverte par Régis Debray la semaine dernière sur le parcours des frontières : l’écrivain Francis Marmande a reçu au Théâtre Municipal de Bayonne le géographe Michel Foucher, fondateur de l’Observatoire de géopolitique, diplomate et conseiller de gouvernements européens et africains, titulaire de la chaire de géopolitique appliquée au Collège d’études mondiales de Paris. Régis Debray avait précisément tiré le titre de son livre « Eloge des frontières » d'un article de Michel Foucher et leurs travaux se sont par la suite mutuellement nourris, donnant lieu à un grand colloque organisé avec Debray sur la question de la frontière.

Le géographe, partisan d'une conception pragmatique de la frontière comme instrument d’une ouverture maîtrisée avait même déclaré : « Aujourd’hui on appelle au retour de la frontière. Je me félicite du texte de Régis Debray car, pendant plus de vingt-cinq ans, j’ai été presque le seul à défendre l’idée que les frontières sont essentielles ».

A Bayonne, Michel Foucher était entouré de plusieurs universitaires, historien et juriste attachés à la même discipline : David Bedouret, Laurent Dornel, Michèle Mestrot.

Faut-il retrouver les passages et les frontières ou redonner du sens à leur existence aujourd’hui, s’était interrogé Francis Marmande ?
Il y a trente ans, on n’eut de cesse de vouloir les abolir, pour niveler les identités et contourner les frontières.
Si « toute frontière dessine l’espace dedans et dehors de toute société politique », la situation critique actuelle de l’état des démocraties occidentales rappelle comme à une forme de retour du refoulé de jadis.

L’exemple est tangible dans notre région aux portes de l’Espagne. Le passage de la Bidassoa du « front à de la frontière » nourrit la représentation et la symbolique de l’altérité que donnent la couleur, le parler, le contenu de l’imaginaire du passage vers un ailleurs symbolisé par l’Ilot historique des Faisans in situ.

Les langages liés à la frontière, ses drapeaux, ses uniformes, ses modalités enrichissent le goût de la rêverie, de l’évasion, l’attrait de l’exotisme, de la différence même...

En terre de France la tradition des cartes, des gravures et des limites géographiques dont Henri IV cultiva le goût avait permis une projection illustrée du monde situé dans l’histoire de notre pays permettant à la culture française dans ses frontières et au-delà de se doter de moyens de toute représentation.

Dans des formes revisitées, les universitaires continuent pour leur gouverne ces créations, tel le programme en cours de la définition des nouvelles frontières en Aquitaine et dans les régions limitrophes des deux versants pyrénéens.

Si les frontières changent dans leur morphologie et leurs découpes, elles ne disparaissent pas du paysage. En vertu des droits qui les modifient, elles adaptent leur état à la réalité des institutions qui les gouvernent. Le sujet tangible de la présence actuelle des migrants dans nos frontières fait l’objet d’une communication spécifique. La présence de milliers d’enfants mineurs étrangers sans papier et présents sur le sol européen et français, pose des questions inédites sur leur statut juridique, le contenu du code civil qui les concerne, et la prégnance des lois en vigueur concernant la validité des frontières qui régissent cette transhumance...
Jeanne d’Arc définissait la frontière comme une ligne de front du territoire qu’elle défendait.
Aujourd’hui que penser de la fiabilité de ces lignes de territoires maritimes, terrestres ? Comment désigner une frontière d’un Etat et comment la protéger, pour quelles fonctions ? Le politique contemporaine n’a cessé pour sa gouverne de tracer de nouvelles frontières, chiffrées à 26 000 km selon le géographe universitaire de  par ses estimations.
D’autres territoires de droit ou de non droit, de ghettoïsation toujours possible de nos sociétés troublées, voient le jour.
Physiques, psychiques, conceptuelles, imaginaires ou symboliques, les lignes de démarcation des frontières deviennent lignes de paix ou lignes de guerres selon les époques de l’histoire, et leur horizon mobile profile l’image que l’on peut en avoir à un moment donné de notre vie commune à partager avec les autres.

François-Xavier Esponde

 

 

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