La fête de Saint-François-Xavier, patron de la Navarre et de la langue basque y serait-elle pour quelque chose ? Toujours est-il que la Ville de Bayonne a mis l’euskara « en exergue » avec plusieurs manifestations importantes : la signature d’une convention avec l’Académie de la langue basque pour sa promotion et son utilisation au niveau municipal (en attendant la constitution, le 1er janvier, de l’Agglo Pays Basque dont le maire, Jean-René Etchegaray, pourrait être élu président) ; et la présentation à la mairie du VIIe tome de l’Atlas des variétés locales de la langue basque / Euskararen herri hizkeren Atlasa, publié par Euskaltzaindia.
François-Xavier Esponde y a assisté pour les lecteurs de « Baskulture » :
En vertu de la loi Notre qui semble réserver des opportunités en matière culturelle, utilisables en faveur des langues régionales, particulièrement pour l’euskara, la langue basque, Bayonne a vocation - selon le propos de l’adjoint à la culture Yves Ugalde - d’être au rendez-vous et de lier une relation de confiance avec Euskaltzaindia, l’académie basque compétente dans cette mission.
Les mesures qui vont suivre traduiront le label basque dans une cartographie qui concernera la signalétique, l’appellation en basque de sites, d’espaces publics et de services administratifs...
Xarles Videgain, maitre d’œuvre de la rédaction de l’atlas de la langue basque propose aujourd’hui le 7ème tome d’une collection qui portera sur cinq autres volumes en cours de préparation.
L’auteur rapporte le contenu du lexique et de la grammaire qui a porté sur une enquête de terrain dans 125 villages, à partir de 3000 questions, soit de 4500 à 5000 heures de réponses enregistrées, disponibles au siège d’Euskaltzaindia, l’académie basque, pour des chercheurs susceptibles d’exploiter une telle ressource patrimoniale de l’euskara.
Cet atlas, jugé incomplet selon l’auteur, mais construit à partir de ce qui est resté dans les pratiques du vocabulaire, se fonde sur des milliers de réponses orales et enregistrées sur CD.
Pour tout linguiste, la langue est un capital de morphèmes et de phonèmes. La carte illustrée par des couleurs de légendes explicatives sur le pays des sept provinces basques, et la Navarre fait voir la complexité des variables d’un mot originel supposé basque, ou provenant de langues périphériques - latin, gascon, espagnol - ayant pu enrichir le corpus du lieu en constante évolution car l’usager d’un parler toujours en évaluation ne peut se résumer à la lettre et au vocabulaire définitif à quelque moment de sa propre histoire.
Le travail imprimé dans cet ouvrage de 800 pages renvoie nécessairement aux enregistrements des réponses orales des enquêteurs et ces enquêtes confortent la substance contenue dans ce travail en syntonie entre l’écrit et l’oral, le propre de toute langue.
Dès lors, on devine que la tâche reste encore immense, car l’usage d’anglicismes et d’emprunts à d’autres langues de la part des Basques versés dans d’autres horizons culturels contemporains décupleront encore le vocabulaire basque mis en corrélation avec ces différents univers.
Les réserves rencontrées par les auteurs pour désigner ce travail en faveur de la langue basque comme atlas du Pays Basque s’était heurté au refus des Navarrais, comme rappelé par Xarlex Videgain, pour qui l’atlas de la langue basque ne peut se résumer à l’atlas de l’euskara dans les provinces de la communauté autonome basque.
Une façon, somme toute, de rapporter que nul n’étant prophète chez les siens, le grand mérite de « ces nouveaux bénédictins de la culture basque » n’a que plus de mérite à avoir accepté les réticences des uns pour servir la cause commune et supérieure d’une langue.
Pour les auteurs, il s’agit d’une autre façon de se souvenir que plusieurs présidents de l’Académie tels Lerchundi, Villasante et bien d’autres, furent des religieux au service d’un idéal spirituel que la langue basque pouvait constituer pour leurs auteurs investis dans une telle mission !
François-Xavier Esponde