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Volées de cloches pascales : doublement fêtées au Pays Basque !
Volées de cloches pascales : doublement fêtées au Pays Basque !
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| Alexandre de La Cerda 746 mots

Volées de cloches pascales : doublement fêtées au Pays Basque !

Chaque année, quand les cloches de Pâques se signalent en vols d'approche et que leur son allègre retentit depuis les tours et les campaniles des églises, elles donnent le coup d’envoi de la chasse aux œufs, nature ou en chocolat, sans oublier, au Pays Basque, l’omelette au piment de notre enfance que perpétuent encore quelques villages et certains quartiers comme à Anglet ou à Biarritz. Car, l'œuf reste le plus vieux et le plus universel symbole de vie et de renaissance. Il incarne le renouveau de la vie après l'hiver et, pour la symbolique chrétienne, c’est le signe de la Résurrection du Sauveur que Marie-Madeleine vint annoncer, selon une ancienne tradition, à l’empereur romain.

Au Pays Basque, cette fête primordiale correspond également à celle de l’Aberri-Eguna, mot signifiant en euskara « journée de la patrie », dont la première édition, célébrée le 27 mars 1932 - un dimanche de Pâques -, vit converger vers Bilbao entre 60.000 et 80.000 Basques.

Pourquoi donc avoir choisi pour cet Aberri-Eguna le dimanche de Pâques, qui est une fête religieuse, et de surcroît mobile ? Le Parti nationaliste basque a des racines chrétiennes : il sera même l’un des fondateurs de la fédération européenne démocrate-chrétienne.

Quand Alphonse XIII céda la place à la république en 1931, Les Basques proposèrent un statut d'autonomie approuvé par chacune des provinces basques sauf la Navarre où il y eut des manipulations électorales. Mais Madrid marqua sa défiance en traînant des pieds devant ces Basques qui voulaient le rétablissement des anciens Fors - ce qui équivalait presque à une indépendance de fait - ainsi que la signature d’un concordat établissant des relations directes avec le Vatican. On connaît la suite : l’arrivée au gouvernement du Front populaire en 1936 avec des persécutions sanglantes contre les chrétiens. Un ministre républicain du PNV, Manuel de Irujo témoignera en 1937 : « en dehors du pays basque, la situation de fait de l'église est la suivante : tous les autels , images et lieux de culte ont été détruits sauf de rares exceptions...toutes les églises ont été fermées au culte...des édifices et des biens ecclésiastiques ont été incendiés, pillés et détruits, des prêtres et des religieuses ont été arrêtés, emprisonnés et fusillés par milliers... On est allé jusqu'à interdire la détention privée d'images et d'objets de culte...la police effectue des perquisitions avec violence ».

Déjà en mars 1932, la convocation du PNV à l’Aberri Eguna était ainsi rédigée : « le jour de la Résurrection du Seigneur. Jour de la Patrie Basque. Un seul jour pour fusionner deux souvenirs chéris », etc.

Finalement, la destitution, le 10 juillet 1936, du président constitutionnel de la république, le modéré Alcala Zamora et l'assassinat du chef de la droite parlementaire, le député Calvo Sotelo , le 13 juillet, par les factions révolutionnaires, aboutissent au soulèvement de Franco et au début de la guerre d'Espagne. Et en catastrophe, les Cortes votent le statut d'autonomie des provinces basques le 7 octobre 1936. Evidemment, l’État espagnol institué par les vainqueurs après la Guerre Civile interdit aux Basques la célébration de l’Aberri Eguna mais le Gouvernement Basque en exil continua à la célébrer jusqu’à son retour au Pays basque après la disparition de Franco. Côté français, les premiers Aberri Eguna eurent lieu au début des années 60 à Itxassou où se trouve la fameuse stèle de la charte d’Itsasu ou “Itsasuko Agiria”. Je crois même qu’on y avait présenté un disque des chansons de Mixel Labèguerie, notamment “Gu gira Euskadiko gazteria” (Nous sommes la jeunesse du Pays basque).

L’Aberri eguna, cette année : Bilbao, Pampelune et Saint-Jean-Pied-de-Port  

Cette année, comme les précédentes, le jour de la patrie basque sera célébré ce dimanche de Pâques 21 avril, en plusieurs endroits du Pays Basque : les abertzale (patriotes, en euskara) du Parti Nationaliste basque se retrouvont à 18h à Saint-Jean-de-Luz boulevard Thiers où tous les sympathisants sont invités à les rejoindre sur la place où se trouve le buste du lehendakari Aguirre, le premier président du gouvernement autonome basque. Dans les provinces du Sud, comme les années précédentes, l’Aberri Eguna se déroulera sur la plaza Nueva /Plaza Barria de Bilbao à 11h30. Quant au parti EHBai (gauche indépendantiste), il organise sa propre célébration à Saint-Jean-Pied-de-Port et à Pampelune.

 

 

Début des années 30 : discours du lehendakari Aguirre et défilé de l’Aberri Eguna à Bilbao

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