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Trump, Hillary et les grues : une météorologie tourmentée
Trump, Hillary et les grues : une météorologie tourmentée
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| Alexandre de La Cerda 824 mots

Trump, Hillary et les grues : une météorologie tourmentée

Après le passage des palombes, ce sont les vols sonores des grues envahissant dernièrement le ciel du Pays Basque qui ont précédé la Saint Martin, privant d’un ultime et traditionnel clin d’œil « estival » une météorologie automnale devenue tourmentée et pluvieuse. A l’image de l’actualité que nous présentent à longueur d’ondes et de colonnes nos chers médias « généralistes et main-stream »…A ce propos, dans leur dernière « Lettre », les « Amis du lac » (http://lesamisdulac.fr/) notent avec raison : « En ce jeudi 10 novembre - à la veille du 11 novembre - tout le monde, subitement, connaît le nom de Trump...
Mais tous ne connaissent pas le nom de leur maire, de leur premier adjoint, du président d'une association qui se dévoue pour aider, sauver, guérir. On connaît ce qui est loin et grand... Mais pas ce qui est petit et proche !
On connaît l'ailleurs ? Celui qui nous évite de prendre nos responsabilités, et sur lequel - grâce aux médias - on peut se montrer "intéressant"... On fuit, on délègue, on ignore confortablement, jusqu'au jour où le peuple, inconsciemment, se révolte contre sa propre faiblesse, sa propre ignorance ».
Commentant une actualité municipale à Hossegor et Capbreton qui pourrait prêter à conséquence dans la vie locale, le rédacteur de « La Lettre » s'interroge : « Alors ? Alors avant de connaître la vie de la femme de Trump, ne faudrait-il pas se pencher sur notre quotidien pour éviter qu'il ne devienne par trop morose » ?
Ce manque de proximité – et, partant, d’enracinement – c’est ce qui caractérise désormais la ligne de nombreux médias, ainsi qu’une information « convenue » et « en boucle », répétant toujours les mêmes poncifs, à l’opposé d’un travail impartial à partir de sources sûres et vérifiés. L’attitude de la presse, tant française qu’américaine, vis-à-vis des récentes élections aux USA en témoigne éloquemment…

La charrue avant les bœufs
Ainsi, quelques heures avant l'annonce des résultats de l'élection qu'elle a finalement perdue, Hillary Clinton a été photographiée à Pittsburgh en Pennsylvanie (où la candidate démocrate était venue faire un dernier meeting pré-électoral) en train de dédicacer la couverture anticipée du magazine Newsweek dont la Une l'annonçait victorieuse avec en titre « MADAM PRESIDENT ». La photo a été prise par le photographe Justin Sullivan et postée sur Twitter par la journaliste d'ABC News, Cecilia Vega. La couverture de Newsweek présente Hillary Clinton, le visage rayonnant, comme célébrant sa victoire que le magazine croyait certaine (@CeciliaVegaABC 22 h This @sullyfoto pic from Monday- @HillaryClinton signs an early @Newsweek Madam President cover).

Et si l’on nous parle maintenant de séisme - voire d’« apocalypse » - à propos de l’élection de Donald Trump, en fait, la défaite la plus retentissante, ce n'est pas Hillary Clinton qui l'a subie, mais bien (presque) tous les confrères de la « grande » presse qui ont pris leurs désirs pour la réalité, au lieu de suivre les règles du jeu de la profession, sans parler, même, d’un parti pris sans vergogne pour l’un des candidats, à mille lieues d’un minimum d’éthique journalistique : hissant sur le pavois Hillary Clinton (et occultant les scandales quelle traînait) alors qu’ils accablaient de tous les aspects négatifs possibles et imaginables son rival Donald Trump, non sans insulter - comme racistes, semi-analphabètes, bigots etc. – ses partisans.
Il faut bien croire qu’en partie grâce aux réseaux sociaux et aux blogs sur Internet, les électeurs, eux, « ont vu, lu et entendu »...
Par charité, nous ne rappellerons pas les anticipations de nos confrères de la presse, depuis BFM TV, Le Huffington Post, L’Obs et France 24 jusqu’à Libération, qui affirmaient en chœur l’inéluctable victoire de « Madam President ». Une information aussi clairement peu fiable qui alimentera davantage encore la méfiance des lecteurs envers une presse (surtout écrite) qui ne cesse de perdre de l’audience : « Sans doute a-t-on trop pratiqué la méthode Coué », s’interrogeait, enfin humble, une journaliste d’Europe 1, à l’issue du résultat des élections. « Soyons fous », remarquait à ce propos Gabrielle Cluzel : « Et si on arrêtait avec l’autosuggestion pour faire de l’information » ?
Quant aux élus et responsables politiques, ils devraient également en tirer la leçon, comme le souligne encore ma consœur : « Faire la danse du ventre, battre des cils, roucouler devant les journalistes, s’asseoir docilement queue frétillante, en attendant leur approbation comme on quémande un sucre, baisser le regard, demander pardon, cacher son visage contrit quand ils froncent les sourcils pour un « dérapage » n’est pas un gage de succès. Ce ne sont pas eux – qui l’eût cru ? – qu’il faut convaincre car, contre toute attente, ce sont finalement les électeurs qui décident ».
Quant à nous, pour en revenir à la météorologie, nous préférerons nous en remettre à la sagesse populaire : « à la Saint-Martin, bonde ta barrique, vigneron fume ta pipe, mets l'oie au toupin et convie ton voisin »… D’ailleurs, selon la tradition, l'os du bréchet de cette oie permet de prévoir le temps qu'il fera en hiver ; s’il est très rouge, la saison sera froide, s'il est blanc, elle sera douce. Nos lecteurs sauront donc à quoi s’en tenir pour les prochaines « Lettres du Pays Basque »…
Alexandre de La Cerda

 

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