0
Actualités
Soixante ans d’Europe…
Soixante ans d’Europe…
© DR

| François-Xavier Esponde 1662 mots

Soixante ans d’Europe…

L’Europe : une date historique : Il y a soixante-sept ans, la déclaration Schuman marqua le début de la construction européenne. Il s’agissait de mettre en commun le charbon et l’acier français et allemands pour fonder la paix, la prospérité et créer un bouclier occidental solide face au monde communiste en ces temps de guerre froide commençante. Un an plus tard, en 1951, le traité instaurant la première communauté (CECA) sera signé par six pays. Dès 1948, lors du Congrès de La Haye, les européistes s’étaient réunis, unionistes et fédéralistes confrontant des projets très différents, les premiers étant partisans d’une coopération intergouvernementale entre les pays partenaires, les seconds se prononçant pour une construction supranationale. Les premiers l’emportèrent et, en 1949, fut créé le Conseil de l’Europe… « En 2017 où en est l’Europe ? » se demandent (et nous avec eux) nos confrères de la « Lettre infos de l’association littéraire des Amis du lac d’Hossegor », toujours documentée et « très à propos ». L’on voudrait tant que l’Europe ne se bornât point à ce conservatoire des platitudes du politiquement correct et des médiocrités institutionnelles apprêté par les technocrates de l’Union Européenne, avec ses normes grotesques qui nous auraient volontiers imposé le vin rosé à partir du mélange du blanc et du rouge s’il n’y avait eu une formidable « bronca » des viticulteurs bordelais… Mais qui, hélas, a réussi à introduire l’huile de palme dans l’élaboration du chocolat au grand dam des Bayonnais !

Le 25 mars 1957, l'Allemagne, la Belgique, la France, l'Italie, le Luxembourg et les Pays-Bas signaient à Rome deux traités : le premier instituait la Communauté économique européenne (CEE) ; le second créait la Communauté européenne de l'énergie atomique (CEEA ou Euratom).

François-Xavier Esponde tire le bilan de ce soixantième anniversaire quasiment passé sous silence, peut-être à cause des élections présidentielles.

ALC

 

 Le Traité de Rome en chiffres et en lettres

 La célébration d’un tel anniversaire au sein des 26 actuels Etats européens, à savoir les soixante ans du Traité de Rome, donne l’occasion d’évaluer les chiffres engendrés par cette Union au fil de six décennies.

1 - Une population évaluée à 400 millions d’Européens, le Traité initial de Rome y stipulait dans l’article 39 “la libre circulation des travailleurs.” Cette projection positive sera reprise lors des Accords de Schengen en supprimant le contrôle aux frontières pour tous les ressortissants de l’Union. Elle permettait à 1,9 million de travailleurs de quitter leur pays afin d’exercer librement leurs activités dans un autre Etat. Mais depuis 2015, la menace conjuguée d’une migration irrégulière et du terrorisme ont changé la donne. Chaque jour la demande des citoyens de rétablir le contrôle aux frontières se fait plus pressante, et les usagers de ces déplacements professionnels connaissent à l’occasion des difficultés pour franchir les frontières au sein de l’Union. L’Europe, par sa politique nommée Frontex a pris la mesure de ces demandes qui, cependant, demeurent encore imbriquées dans la politique du droit d’asile et la politique du retour qui restent à définir ensemble.

Il est utile de noter le pourcentage établi en 2015 des populations extérieures provenant d’un autre Etat de l’Union et présentes sur le sol national de chaque pays. Ainsi donc, on évalue au Portugal cette population à 1 %, en Espagne à 4,3%, en France à 2,2%, en Italie à 2,4%, à Malte à 3,2 , en Belgique à 7,4 %,  au Royaume Uni à 4,1 %,  au Luxembourg à 39 %, en Irlande à 8,1%, au Danemark à 2,8 %, en Allemagne à 3,8 %, en Autriche à 6,1 %, à Chypre à 12,9%, en Suède à 3 %, en Finlande à 1,5 % et pour l’ensemble des pays de l’ancien rideau de fer, un pourcentage entre 1 et 2 %...

2 – La PAC ou Politique agricole commune votée depuis 1962 est un volet important du budget communautaire, représentant autour de 40 %. Les initiateurs du projet envisageaient d’accroître la production agricole, d’assurer l’alimentation de la population à prix raisonnable, ainsi que des revenus agricoles soutenus. On sait les évolutions de la Pac au fil des ans, la politique en faveur de la surface agricole au détriment de la production elle-même avantageant les uns et pénalisant les petites exploitations. On évalue à 30 000 Euros l’apport moyen de la Pac dans la vie d’une exploitation, sa suppression si elle était actée ferait disparaitre plus de 400 000 exploitations. Une question de survie pour l’Europe et le monde des agro cultivateurs.

Par des chiffres connus de 2015, on peut évaluer cette aide directe de l’Union aux agriculteurs par pays : pour le Portugal à 1136 euros, pour l’Espagne à 6020 euros, pour la France à 8995 euros, pour le Royaume Uni à 3919 euros, pour l’Irlande à 1530 euros, pour les Pays Bas à 880 euros, pour la Belgique à 623 euros, pour l’Allemagne à 6355 euros, pour l’Italie à 5437 euros, pour la Pologne à 4537 euros, pour la Grèce à 2648 euros, pour l’Autrice à 1253 euros, pour le Luxembourg à 48 euros, pour la Roumanie à 2577 euros, pour la Bulgarie à 977 euros, la Hongrie à 1768 euros, la Slovaquie à 648 euros, la Slovénie à 258 euros, Chypre à 70 euros, la Suède à 946 euros, la Finlande à 860 euros, l’Estonie à 214 euros, la Lettonie à 307 %, la Lituanie à 624 euros, le Danemark à 1016 euros,  la Croatie à 446 euros, enfin la République Tchèque à 1188 euros. Le tableau est explicite de l’importance agricole diverse des 26 Etats et de la répartition au prorata de cette réalité si différente.

3- Le PIB au sein de l’Union.

Les différences montrent la diversité effective des économies nationales. Elles posent désormais la nécessité de développer une politique sociale en faveur des régions les plus pauvres par un Fonds d’ajustement spécifique au bénéfice des personnes ayant perdu leur emploi. La Banque Européenne d’Investissement dénommée plan Juncker plus récemment avait cet objectif qui semble reprendre vigueur aujourd’hui. La crise de 2008 ayant pressé la demande des Etats, on s’achemine désormais vers des plans de formation en faveur de l’insertion professionnelle quand elle fait défaut. Si l’Europe est en paix depuis 60 ans (hormis les criminels bombardements de la Yougoslavie en 1999, ndlr.), il demeure une attente de dialogue social prégnant au bénéfice des plus lésés tout en maintenant une politique économique en faveur de l’action, de la croissance et à terme de l’emploi. On parle désormais de généraliser une Assurance chômage européenne en supplément du système national spécifique de chaque état activable lorsqu’un pays subirait un gros choc, pour relever de nouveaux défis du futur qui demeurent palpables au sein de l’Union et de chaque pays, comme seront les compétences renforcées dans le numérique, et les énergies renouvelables..

Il est intéressant de comparer le PIB de chacun de nos pays, reflet exact de la réalité économique actuelle de l’Union. Soit par habitant : pour la France de 30 600 euros, de 76 000 pour le Luxembourg, de 35 800 pour l’Allemagne, de 34 200 pour la Belgique, de 37 000 pour les Pays Bas, de 36 600 pour le Danemark, de 51 100 pour l’Irlande, de 31 200 pour le Royaume Uni, de 35 700 pour la Suède, de 31 600 pour la Finlande, de 36 900 pour l’Autriche, de 27 800 pour l’Italie, de  25 900 pour l’Espagne, de 22 200 pour le Portugal, de 23 500 pour Chypre, de 26 700 pour Malte, de 21 00 pour l’Estonie, et la Lituanie, de 25200 pour la République Tchèque, de 22 300 pour la Slovaquie, tous les pays suivants étant au-dessous de la barre des 20 000 euros dont la Pologne, la Lettonie, la Hongrie, la Roumanie, la Bulgarie, la Grèce, la Croatie...

4 – Le temps des Coopérations renforcées

Du Traité de Rome à ceux d’Amsterdam et de Lisbonne, la voie des coopérations renforcées s’est accrue au fil des décennies. Portant sur des sujets les plus divers, tel celui du droit de la famille et du divorce, ou la validation des brevets industriels, on est parvenu à des accords. Des instances neuves telles Europol pour la police, Eurojust pour les coopérations judiciaires, parmi une trentaine d’autres agences spécialisées, existent sur le sol de l’Union Européenne. En sus, dans les six premiers pays des Pères fondateurs, l’appui sur la zone euro, la lutte contre la fraude fiscale sont entrés dans les esprits. Eurocorps pose les bases d’une Défense de l’Europe devenue pressante. Onze pays ont acté le principe d’une Taxe sur les transactions financières posant les jalons d’un suivi des banques en cas de crise au sein de pays en situation difficile.

Aux uns, une Europe à plusieurs vitesses, aux autres une Europe de plusieurs dimensions, le contenu politique des attentes n’étant plus le même. Est ainsi advenu le temps de renforcer ces coopérations multiples dont on ne perçoit pour l’heure que la face visible d’un iceberg encore inconnu.

Pour mémoire, rappelons que 19 Etats font partie de la Zone euro sur les 27 qui intègrent l’Union européenne alors que 26 sont membres de l’espace Schengen. Les signataires du Parquet européen sont à ce jour : l’Espagne, la France, la Belgique, le Luxembourg, Chypre, la Grèce, la Croatie, la Slovénie, l’Autriche, l’Allemagne, la Pologne, la République Tchèque, la Pologne, la Slovaquie, les trois républiques baltes, et la Finlande. Les signataires d’une armée commune sont à ce jour l’Espagne, la France, l’Italie, l’Allemagne, la Belgique, le Luxembourg et la Pologne.

Enfin, dix pays ont adopté le principe d’une Taxe sur les transactions financières : la France, l’Espagne, l’Italie, l’Allemagne, la Belgique, le Luxembourg, la Grèce, l’Autrice, la Slovénie, l’Estonie...

Dans son temps, le général De Gaulle avait rappelé : « Je suis le premier convaincu de la nécessité d’unir l’Europe. Pour qu’il y ait union il faut que l’institution ait une âme, un corps et des membres. On ne peut bâtir l’Europe qu’à partir des nations »... A l’heure des anniversaires, ces paroles résonnent encore dans la mémoire de beaucoup d’Européens en quête de sens pour le futur !

François-Xavier Esponde

 

 

 

 

Répondre à () :

| | Connexion | Inscription