Après trois ans de travaux pharaoniques interrompus lors de la saison estivale – en particulier lors du G7 -, le directeur général de l’Hôtel du Palais Alessandro Cresta Palais, nommé par le groupe Hyatt, annonce officiellement la réouverture de l’unique palace de la côte atlantique qu’il fera rayonner à partir du vendredi 26 mars.
Le groupe Hyatt sélectionné en 2018 par la ville de Biarritz - qui reste propriétaire du Palais -, a souhaité respecter avec une touche de modernité l’histoire et la légende de ce lieu mythique à la mémoire de l’Empereur Napoléon III (1808-1873) et de l’Impératrice Eugénie (1826-1920), dont les portraits en pied peints par Franz Xavier Winterhalter (1805-1873) ornent la Rotonde.
Depuis la fin du XIXème siècle, c’est en septembre que la saison – qualifiée par les Russes « de velours » -, ourlée de ses vagues, commençait à battre son plein. Les bals s’organisaient dans l’ancienne demeure de la Villa Eugénie débute en 1854 dans le style Louis XIII avec des chaînages de brique et de pierre. Deux architectes seront à l’origine de la construction de la villa au départ Hippolyte Durand (1801-1882) remplacé par Louis-Auguste Couvrechef (1827-1858). Ils seront suivis en 1859 par Gabriel-Auguste Ancelet (1829-1895) qui ajoutera une nouvelle aile. Le plan de la villa formera la lettre « E » en mémoire d’Eugénie. Appelé pour un autre chantier, Ancelet sera remplacé par Auguste Laffolye (1828-1891) qui rehaussera la villa d’un étage en 1867 et construira des bâtiments annexes : vacherie, bergerie...assurant ainsi les circuits courts gastronomiques !
Sauvée à la chute de l'Empire en 1870, puis reconstruite partiellement et agrandie après l’incendie de 1903, l’ancienne résidence estivale de Napoléon III et d’Eugénie transformée en hôtel faillit être une nouvelle fois victime des événements après la deuxième guerre mondiale. Conscient de l’enjeu que ce lieu présentait, le maire de Biarritz Guy Petit le fit racheter en 1956 par la Ville.
Transformé en hôtel de grand luxe, le marquis Guy d'Arcangues y fit venir tout le gotha: parmi ses invités, des Romanoff et des Windsor, arrière-petits-enfants de la reine Victoria, l’aristocratie espagnole et quelques riches Américains, dont des célébrités, tel le chanteur Franck Sinatra. La vogue internationale avait alors renoué avec le Palais !
En 2018, étant donné l’état de la toiture et des façades, la ville décide la restauration totale du bâtiment qu’elle confie à l’architecte du patrimoine Isabelle Joly. La décoration des 86 chambres et 56 suites est réalisée dans le respect des méthodes traditionnelles par l’Atelier parisien COS aidé de l’ équipe d’artisans d’art propre à l’Hôtel du Palais dont le meilleur ouvrier de France, le peintre-décorateur Lionel Barraquet.
La demeure sauvée par la mairie qui a trouvé les fonds auprès de groupes financiers, a gardé l’identité du lieu par ses boiseries, ses moulures ivoires ou dorées à la feuille, son mobilier de style principalement Napoléon III et ses tableaux aux sujets allégoriques et scènes de genre de Paul Gervais (1859-1944) . A ce décor à l’esprit Second Empire, des notes de modernité néo-classiques à l’image des photographies noir et blanc de Georges Ancely (1847-1919) de la Grande Plage recouvrent en partie les murs des nouvelles salles de bains à l’éclairage naturel car orientées pour la plupart côté Océan.
Dans le bar entièrement repeint de bleu patiné trône le lustre de cristal Napoléon III de 410 kg qui a nécessité près de 250 heures pour sa remise en état et dont l’électrification est aux normes Led comme dans tout l’hôtel.
Actuellement fermés au public à cause de la pandémie, le bar et les deux principaux restaurants « La Rotonde », « Le Lounge et la Terrasse », Sun Set bar ouvert uniquement l'été, ne peuvent pas accueillir le public. Les repas du jeune et nouveau chef Aurélien Largeau de moins de trente ans originaire de la Rochelle et ancien étoilé de « La Table d’à côté » à Orléans seront donc servis en chambre avec tout le respect des mesures sanitaires.
Amoureux de la nature, Aurélien Largeau ornera et agrémentera ses plats des herbes et des fleurs comestibles plantées dans un espace du jardin respectant la biodiversité spécialement créé à cet effet. Sa carte personnelle formera un savant mélange de produits de l’Océan et de la terre : du tartare de bœuf aux huîtres ou du filet poché, salade d’algue et langue d’oursin… Ses produits à circuits courts locaux et de saison seront présentés dans de nouvelles lignes d’argenterie, de porcelaine de Limoge et verres soufflés épurés et classiques.
En ce début de printemps la renaissance du Palais annonçant la fraîcheur d’un renouveau, semble être une note d’espoir pour cette période si particulière de pandémie.