1 - Histoire de pendules, d’horloges et de cadrans.
Les historiens du temps qui s’écoule relatent la brièveté historique des horloges dans le cycle de ce temps qui va.
Aucune horloge digne de ce nom n’existait avant le XIVème siècle, sinon quelques sabliers décoratifs ou utilitaires de peu d’efficacité.
En 806, selon les chroniques du temps, Charlemagne aurait reçu “un horologe” de prestige porté par un ambassadeur du calife de Bagdad Haroun Ar Rachid, d’un procédé basique inspiré d’un système hydrologique de comptage du temps qui s’écoule issu de l’antiquité méditerranéenne.
Autre témoin cité, Pacificus de Vérone signale en 844 “un tube d’observation nocturlabe” issu d’observations “astrolabes” originelles, dont on aurait conservé des esquisses sur le Mont Saint-Michel, dans les archives de l’abbaye..
En l’an 1000, le pape régnant Gerbert d’Aurillac fait connaître son sablier nocturlabe sans mécanisme avéré. On pressent un intérêt probant pour de tels mécanismes encore inconnus.
Du XIème au XIIIème siècle, on voit apparaître des mécanismes à poids et à timbre rudimentaire, et non encore mécanique.
L’horologe obtenu fonctionne à l’eau selon un circuit hydraulique, telle est l’origine des premières pendules et des automates placés sur des édifices publics dès la fin du XIIIème siècle, où les premières horloges mécaniques apparaissent.
Viendront au XIVème siècle les horloges à roue et à balancier, celle de l’abbaye de Saint-Alban, ou de Charles V et du Duc de Bourgogne en étant les premières et les emblématiques de cette histoire.
Mais la tendance à ériger des horloges sur des édifices religieux dominant l’environnement gagne toute l'Europe entre 1280 et 1320, comprenez à vouloir y placer des horologes – horloges un peu partout dans les plus prestigieuses cathédrales de France.
Les registres paroissiaux donnant des chiffres sonnants sur leur coût élevé, livrent des informations intéressantes sur ces modèles encore artisanaux des premiers temps.
De 1240 à 1330, pas moins de trente témoignages répertorient l’existence d’horloges hydrauliques ou mécaniques installées en des monastères, des cathédrales et des maisons princières du royaume de France et du continent européen. Mais les mécanismes sont encore de fiabilité précaire, les réparations coûtent cher, le matériel fabriqué par “les horlogers” comme pour la cathédrale de Sens demandent un budget conséquent.
Au fil des années, l’ingéniosité des fabricants substituera les systèmes mécaniques aux rouages hydrauliques des premiers comptages du temps.
2 - Le déroulé du temps des pendules et des horloges.
Il est intéressant de voir l’évolution de ces cadrans initialement aveugles, puis portant quelques heures, sonnant au lever du jour, à midi et en soirée, avant l’avènement d’un support des douze heures, et des systèmes sonores actionnés par des automates réglés par ces horlogers eux-mêmes.
L’Italie sera le pays de la magie horlogère européenne. Milan connaîtra en 1336 la première horloge et toutes les heures sonnées dans la journée.
Le génie italien de cette fabrication se répandra dans toute l’Europe : de 1350 à 1500, les horloges se répandront dans le pays et sur le continent, sur des tours, des beffrois, des clochers ajoutés aux édifices, le tout avant 1400.
Les systèmes se développeront bien davantage au cours des siècles suivants selon les prémisses de l’habileté de ces artisans de génie du passé.
Indicateurs astrologiques, montres portables, pendules murales s’ajoutant à la singularité créative de leurs auteurs, ne connaitront de trêve.
Porter le temps sur soi autour de son cou initialement sera une forme de pouvoir et de maîtrise du flux ininterrompu de toute vie.
Les gentilshommes et nobles gens les plus en vue arboreront fièrement ce privilège de leur autorité comme un bijou précieux qui les distinguera des gueux et de toute population encore privée de cette gratification.
Mais leur vulgarisation progressive et rapide fera de l’horloge, et de la montre par la suite, un objet démocratique sans exception particulière, à la portée de toutes les bourses. La France sera en Europe le pays aux 400 horloges répertoriables dans un espace public qui portera par la suite souvent le nom même de l’horloge qui y trône en souveraine.
La multiplicité des systèmes existants faisant le charme de leur découverte, horloges à poids et à foliot , à pendule et désormais miniatures, montres de tous les usages, systèmes pneumatiques, électriques et à quartz, horloges radio pilotées, atomiques pour les plus récentes, feront de cette invention de génie un produit récurrent qui depuis des siècles n’a cessé de se développer dans ses mécanismes techniques, ses usages utilitaires et ses disponibilités d’agrément et de confort.
Les montres astrologiques, dépassant les données basiques des chronométrages antérieurs, le soleil, la lune, les astres, les planètes, les éclipses et les marées qui s’ensuivent, l’heure solaire, la date des soltices, y seront accessibles sur une carte du cosmos acquise, prouvant l’habileté de ces maitres du temps et des horloges depuis leurs applications au cours de ce "dernier" siècle.
Les pionniers des horloges ayant eu leur point d’ancrage premier à Padoue en Italie, à Saint Alban en Angleterre, ces magnifiques prouesses de l’ingénierie humaine ont imaginé de tels jeux mécaniques qui enchantent toujours les amoureux des horlogeries existantes.
En France, les cathédrales conservent toujours des richesses patrimoniales uniques grâce à leurs horloges classées et protégées comme biens nationaux : Bourges, Lyon - Saint-Jean, à Besançon la cathédrale Saint-Jean, Beauvais et sa cathédrale Saint-Pierre, Notre-Dame de Saint-Omer, sont citées comme des villes patrimoniales détentrices de ces trésors horlogers pétris du génie de l’humanité, d’une valeur immatérielle.
Galilée et ses inventions de mécanismes de génie, Huygens et ses créations mécaniques : de tels ensembles horlogers feront de ces hommes d’exception les auteurs de ces inventions pérennes qui n’ont fait depuis qu’acquérir de l’excellence et de la précision à propos du temps qui va !
Nota :
- Les horloges de notre Pays Basque semblent être, quant à elles, d’origine récente. Fin du XIXème siècle pour Espelette ou Mendionde. Fabriquées par le maitre horloger Etchegaray, père du cardinal Roger Etchegaray dont le premier métier connu fut celui de forgeron, puis d’horloger.
De quelles époques datent les horloges des églises des communes alentour, Ascain, Saint-Pée-sur-Nivelle, Urrugne, Cambo ?
Qui furent les successeurs de ces pionniers de l’horlogerie basque?
De quelle époque dateraient ensuite les circuits électriques modernes remplaçant le fonctionnement manuel des systèmes mécaniques premiers les plus anciens ?
Tout enfant s’est extasié devant ces poids fixés par une corde qui se levaient lors de l’opération manuelle exécutée quotidiennement par le préposé paroissial puis communal, acquis à la fonction de maitre du temps et des horloges.
In illo tempore !
On racontait que le dit sujet qui par négligence n’accomplissait pas sa tâche, était pénalisé, ou pire, blâmé dans sa charge par la population regardante sur les attributions officielles de ce Maitre du Temps !
- En 1837, rapporte un historique de l’horlogerie française, la moitié des communes du territoire - sur un total de près de 44 000 - ne disposaient encore ni de cloches ni d’horloge associées dans l’espace public de chaque cité.
Leur installation jumelée durera jusque dans les années 1950, pour les dernières.
Certaines, saisies dans les édifices religieux lors de la confiscation des biens d’église, trouveront une nouvelle assise dans les mairies ou autres biens communaux.
La question de l’heure exacte sur tout le territoire national est un sujet de digression amusant.
A Brest ou à Strasbourg l’heure dite ne correspondait à l’heure exacte selon les lieux, solaire ou lunaire par le calcul, pouvant conduire à une différence d’une heure.
Il était convenu que le train partait à l’heure mais son heure d’arrivée pouvait changer au gré des aléas du voyage et d’un mode de calcul du temps qui va, convenu aux horloges du pays.
C’est paradoxalement l’heure du train introduit dans les réseaux régionaux du déplacement des locomotives sillonnant le pays, qui imposa l’heure commune à tous les territoires réunis et l’heure de Paris devint l’heure du pays. On ne se formaliserait pas davantage !