Le Président du Gouvernement autonome basque se trouvait au Québec au début de la semaine afin d'approfondir la relation entre le Québec et le Pays basque. Il devait, entre autre, signer un protocole d'entente sur les questions d'innovation, de culture, d'affaires maritimes, de vivre-ensemble et d'environnement.
Or, ce n'est pas la première rencontre du président du gouvernement autonome basque avec le Premier ministre québécois : il y a deux ans, Iñigo Urkullu et Philippe Couillard, Premier ministre québécois, avaient déjà évoqué, selon le Journal de Montréal, la possibilité d’un accord dans le domaine maritime afin de permettre au port de Bilbao d’ouvrir une « voie atlantique » vers l’Amérique du Nord.
Au cours d’une conférence donnée à l’Université de Laval, Iñigo Urkullu s’est adressé aux universitaires canadiens pour rappeler le schéma politique adopté par les basques dans le débat public actuel qui bouscule les relations entre l’Etat central et les régions autonomes d’Espagne, particulièrement en Catalogne. Sur la situation catalane, tout en redisant sa désapprobation devant le recours à l'article 155 de la constitution espagnole pour reprendre le contrôle sur la Catalogne, il a plaidé dans un discours nuancé « pour le dialogue de bonne foi, le respect des différences et une autre façon de repenser l'État ». Et d’affirmer : « le cas du Québec-Canada est un modèle particulièrement remarquable en raison des référendums de 1980 et 1995, du traitement de la loi de clarté et de la réponse donnée par le Parlement du Québec ».
Car si « l’Europe demeure la voie claire et légale empruntée pour les peuples qui aspirent à plus de souveraineté », la « Loi sur la clarté référendaire » (adoptée en 2000 au Parlement du Canada qui visait à déterminer le cadre et les règles rendant acceptable aux yeux du gouvernement canadien un référendum sur la souveraineté du Québec, ndlr.) semble avoir la préférence du président basque. Ce pourrait être une voie claire et légale pour l’Union européenne », dira-t-il, « U.E. confrontée aux conflits identitaires actuels, si demeure la possibilité d’organiser des référendums comme ce pourrait être le cas pour le Québec »...
Or, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Junker n’avait-il pas noté 96 revendications identitaires au sein de l’Union européenne parmi des Etats différenciés susceptibles d’emboiter le pas des Catalans ? La reconnaissance et un horizon de clarté pour ces entités nationales permettrait à chacune d’elle de travailler en vue d’un commun projet européen.
Iñigo Urkullu se situe dans « un débat européiste » selon ses termes, et interroge : « Quel doit être la réponse démocratique à un Etat qui réclame de façon réitérée une volonté de décider ou de son statut et de sa souveraineté, ou comme une souveraineté partagée, ou interdépendante ? Seule une réponse constructive et légale, claire et démocratique peut nourrir le débat politique », soulignait le conférencier.
Le Président Urkullu rapporte ainsi sa volonté d’actualiser dans ce cadre européen – et en se conformant à la légalité démocratique - le présent système d’autogouvernement d’Euskadi.
La possibilité d’organiser un référendum légal reste un facteur positif en faveur de la liberté.
Selon le président Urkullu, « le modèle ambiant entre le Canada et le Québec demeure un exemple de dialogue, de démocratie, de légalité et de bilatéralité envisageable pour le gouvernement basque et les institutions d’Euskadi ».
Et en guise de réponse politique aux enjeux du politique, agir de la sorte répondrait à une volonté d’actualiser le statut de la gouvernance basque par des accords ouverts, débattus entre toutes les forces politiques présentes au Pays Basque, en vue de la signature d’un pacte avec l’Etat, et d’une ratification par la société elle-même respectée dans le cadre européen...
Les soubresauts catalans ont désormais leur incidence en d’autres régions espagnoles
Particulièrement en Euskadi, province ayant des liens historiques avec la Catalogne dont les actuelles péripéties sont suivies à la loupe par les Basques, en quête d’un modèle autonomique futur dans le cadre espagnol et européen.
François-Xavier Esponde
Le président Urkullu au Québec, le 31 octobre