Transporté à terre, sur le rivage de l’île de San-Choan, aux portes de la Chine, François de Xabier - qui deviendra Saint François-Xavier - sera emporté en quelques jours par une fièvre maligne. Avant de rendre son âme à Dieu, l’apôtre navarrais avait retrouvé pour d’ultimes prières la langue basque de son enfance. L’odyssée inachevée de « l’âme de feu qui vole d’un point des Pyrénées jusqu’aux Indes et au lointain Japon, telle une comète fulgurante qui se perdrait dans les flots de la mer de Chine » selon la belle formule de l’écrivain François Duhourcau continue d’attirer des foules innombrables dans la cathédrale de Goa, en Inde, le 3 décembre, pour vénérer les reliques de saint François Xavier le jour de sa fête.
L’exposition des reliques de saint François Xavier (« Goencho Saïb », en konkani, c’est-à-dire « le monsieur », voire « le seigneur de Goa ») a lieu tous les dix ans et attire pendant un mois et demi des millions de pèlerins (la dernière a eu lieu en 2014, donc la prochaine sera prévue en 2024).
Il est aussi le « saint patron » de la langue basque, rappelle François Xavier Esponde, « en raison de la légende rapportée par son secrétaire et compagnon de route chinois qui l’entendit dire en basque une prière à l’adresse de ses parents à l’heure du trépas (on en fera même le patron de la Mongolie et du Tourisme, ce qui n’est pas sans intérêt pour notre région ouverte de plus en plus à l’universalité ». Et de préciser : « Son patronage nous a engendré une pléiade de générations de jeunes coopérants jésuites tout d’abord mais également de Mep, missions étrangères de Paris qui honorent sa mémoire comme un ami de l’Asie et de l’Inde ! L’occasion d’une expérience sur le terrain pour ces élèves de grandes écoles parisiennes et d’Europe, dont certains rejoindront la Compagnie de Jésus » !
Ainsi, comme chaque année depuis 1949, le 3 décembre sera placé sous le signe de l’euskara lors de la journée internationale qui lui est dédiée et en attendant de signer mardi prochain une convention avec l’Académie de la langue basque Euskaltzaindia, la Ville de Bayonne célébrera cette journée en proposant des activités gratuites en langue basque ouvertes à tous, enfants, adultes, en famille ou individuels (spectacle à partir de 7 ans de 11h à 12h30 à Lauga et visite guidée en euskara « Ez ohiko Baiona / Bayonne insolite », départ à 17h30 de la médiathèque, durée : 2 heures).
ALC
Francisco de Xabier, Patron de la Navarre, ce 3 décembre, par François-Xavier Esponde
1 - Francisco de Xabier ou Javier
La Navarre historique se souvient de Francisco de Xabier en ce 3 décembre jour anniversaire de sa mort sur l’ile de Sancian (ou San-Choan) aux portes de l’Inde le 3 décembre 1552. Jusqu’à il y a peu, on se rassemblait autour du gouvernement de Pampelune dans le castel familial de Javier dans la chapelle attenante pour un acte religieux auquel le roi d’Espagne lui-même participait ou était représenté par tel ou tel membre de la famille royale. Une pratique abandonnée depuis peu. La cathédrale ancienne de Pampelune servit encore à cet acte officiel avant que le programme de ce jour férié abandonne le service assuré par l’évêque du diocèse de Pamplona-Tudela.
Francisco de Javier demeure le patron du royaume mais assez peu mentionné dans les projets publics de la journée. Ce trois décembre célébré en présence des autorités est l’occasion de saluer les Navarrrais valeureux de l’année qui reçoivent des prix prestigieux, artistes, sportifs, auteurs et prosateurs divers ayant fait honneur au territoire historique de la Navarre selon la terminologie en cours.
Du côté de Goa, l’ile où s’entretient la mémoire de françois particulièrement en cette date du 3 décembre chaque année, on ajoute tous les dix ans l’exposition du corps de Javier transféré jusqu’à la cathédrale en présence d’une foule en liesse, en sarhi et en costumes traditionnels luxuriants.
Depuis sa canonisation, la basilique de style baroque du XVIème érigée en son honneur ressemble à un édifice romain de ce siècle, comme voulu par les jésuites pour perpétuer sa mémoire et accueillir in situ les visiteurs toujours plus nombreux (des milliers chaque jour) d’Europe et surtout d’Asie.
2 - Les origines de l’ordre jésuite en France.
Chacun sait, particulièrement chez nous, la complicité d’Iñigo de Loiola et de Francisco de Javier, deux nobles basques étudiant au collège Sainte-Barbe en Sorbonne à Paris, le vœu de Montmartre de ces « amis de Dieu », compagnons de la première heure, et l’envoi de Francisco, l’aventurier, sur quelque caravelle du roi du Portugal pour rejoindre le Nouveau Monde.
L’histoire ajoute qu’il n’avait pas prévu cette destination pour sa vie, mais l’obéissance au pape - règle du quatrième vœu de l’Ordre depuis sa fondation - disposa autrement de ses propres volontés et François découvrit cette terre de commerce et d’échange avec l’Europe comme légat du pape, ambassadeur désigné pour évangéliser cet autre monde.
Il y a quelques dix ans, à Loiola furent célébrés les anniversaires d’Iñigo et de la fondation de l’ordre jésuite en présence de centaines de provinciaux venus du monde entier. Impressionnant parterre que cette diversité d’origine et de son enracinement universel ! Nous fumes agréablement heureux de voir le rayonnement que les jésuites avaient acquis particulièrement en Asie, Inde, Corée, Vietnam, Japon, où la présence de ces Basques d’ailleurs avait fécondé au fil des siècles les vocations d’hommes de culture à la croisée de l’Europe et du continent asiatique, aujourd’hui en puissance. Matteo Ricci en Chine en était un exemple imposant.
Les jésuites fondateurs d’écoles, de collèges et d’universités n’ont cessé depuis ces origines de diversifier leur présence parmi les autochtones de ces pays orientaux.
Le nouveau supérieur général désigné cette année 2016 vient du Venezuela, jésuite américain comme le pape François. Il avait été mandaté précédemment par son ordre de recenser les centaines d’institutions d’obédience jésuite existant dans le monde pour orienter leur engagement dans la veine fidèle de leurs fondateurs.
3 - Des défis pour l’avenir.
Un choix de perspectives qui dessine pour l’avenir une volonté de recevoir les familles et les enfants des plus oubliés de la société marchande d’aujourd’hui, particulièrement en Asie où la compétition sociale est vive et crée des différences entre les plus nantis et tous les autres !
Les jésuites et les sociétés apparentées ayant désormais un ancrage ancien dans bien des parties du monde demeurent les référents incontournables d’une présence chrétienne minoritaire dans un continent bouddhiste, indou, en majorité, mais dont les œuvres éducatives, sociales et les réseaux de communication sont reconnus.
« Orgullo navarro de ser hijos de Francisco » dans ce royaume millénaire qui fut l’origine historique du pays des Basques, que dire sinon que Navarre et Castille engendrèrent des illustres d’ici dont le souvenir glorieux est porté bien au-delà de leur terre d’origine, aux limites d’un monde autre !
François-Xavier Esponde