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La paix en Euskadi (2) : l’historique des artisans de la paix !
La paix en Euskadi (2) : l’historique des artisans de la paix !
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| François-Xavier Esponde 857 mots

La paix en Euskadi (2) : l’historique des artisans de la paix !

Alors qu'ETA (Euskadi Ta Askatasuna, soit « Pays Basque et Liberté ») livrait mercredi dernier à la justice française plusieurs malles d'armes et de munitions déposées à Bayonne, c'est à Cambo, mercredi 4 mai à partir de midi, que doit être annoncée sa dissolution, précisément à la Villa Arnaga : l'ancienne demeure d'Edmond Rostand devenue musée de l’auteur de « Cyrano » - dont on commémore le centenaire de la disparition cette année - a été choisie par l'ancien maire de Cambo devenu député de la circonscription, Vincent Bru, qui s'était déjà impliqué dans le processus de désarmement officiel de l’ETA et le rapprochement des prisonniers. Autour de personnalités internationales ayant participé à la Conférence d’Ayete en 2011, des représentants politiques français devraient y assister – sans doute Me Etchegaray, maire de Bayonne et président de l’Agglo Pays Basque – ainsi que ceux du PNV, mais aucun délégué des gouvernements d’Euskadi ou de Navarre… Retour sur ce long et douloureux cheminement vers la paix par François-Xavier Esponde.

ALC

On évoque avec légitimité la Conférence d’Ayete en 2011 qui avait mis en mouvement la voie politique en faveur de la paix en Euskadi.

On ne saurait oublier le long et lent cheminement plus ancien mené par les mouvements religieux en faveur de ce processus au fil des années 80-2000.

Chacun connaît la marche annuelle entre Oñate et Aranzazu empruntée à pied sur ce parcours tous les ans pour demander la paix à Notre-Dame de Aranzazu. Cette marche pèlerine était souvent conduite par Mgr Setien, évêque de Saint-Sébastien.

L’influence de Radio Loiola, celle de la messe radiodiffusée depuis la basilique d’Aranzazu tous les dimanches matins pour des milliers d’auditeurs de Guipuzkoa, les émissions de Radio Loiola à Azpeitia et celles de Bilbao autour de l’université jésuite de Deusto furent souvent l’occasion de rappeler le service du bien commun de la paix par ces médias diffusant en basque et en espagnol.

On se souvient encore de la rencontre interdiocésaine à Notre-Dame d’Armentia en Alava autour du cardinal Suquia ancien archevêque de Madrid. Mgr Molères avait adressé une lettre de soutien aux évêques basques et navarrais présents à cette rencontre, la première du genre.

Mgr Blasquez évêque de Bilbao et actuel cardinal de Madrid rédigea de nombreuses lettres en faveur de la paix depuis son diocèse.

Mgr Sétien fut l’évêque de Saint-Sébastien le plus controversé car ses positions rappelaient invariablement l’urgence de rétablir la paix en Euskadi. Sa conseillère de presse, universitaire et bascologue madame Recalde eut une influence capitale dans ces missions de paix. Elle était en effet un artisan de paix actif du mouvement Elkarri.

On ne saurait oublier ces actions menées par les mouvements « pacifistes » dans la rue et les places publiques pour rappeler le défi de la paix. Pour tous les monastères du Pays Basque, Loiola, Aranzazu, Leire, Xavier, Belloc et les congrégations religieuses dominicaines, bénédictines, jésuites, franciscaines, le sujet de la paix au pays basque faisait l’objet de débats enflammés.

N’oublions pas ces religieux emprisonnés comme l’artiste sculpteur Gandiaga à Aranzazu, la mise sous séquestre et surveillance de certains couvents que l’on suspectait de complicité avec les nationalistes, mais dont le travail de l’ombre fut celui de rechercher des espaces « de dialogue et de paix pour la société civile ».

Pour notre compte, à Bayonne, nous organisâmes une rencontre inédite avec six mouvements pacifistes venus des deux côtés des Pyrénées, à savoir Elkarri, Gesto por la Paz, qui disposait de 161 groupes en Euskadi, Bakea Orain, Herria 2000 Eliza, Gernika Batzordea, Denon artean à la maison diocésaine de Bayonne en 1996.

Nombre de ces membres étaient animés par des croyants soucieux de servir la cause de la paix dans ce pays.

Puis en 1998, à la veille du jubilé de l’An 2000, Mgr René Coste, président de Pax Christi France, vint à Bayonne à l’invitation de Mgr Molères pour donner une conférence intitulée « le Jubilé 2000 invite-t-il les hommes à la paix » ?

Mgr Molères avait interrogé l’auditoire : « quand les Basques deviendront-ils basques » ?

Alain Lamassoure, ministre en fonction donna une conférence à l’invitation de Pax Christi, sur « l’Europe, un enjeu de justice et de paix ».

Il fut même organisé dans le département des Pyrénées-Atlantiques un « Prix de la Paix » parrainé par François Bayrou, à l’intention des écoles, pour éduquer les enfants dès leur jeune âge à la vie en société en situation de paix...

Les Lettres publiées en espagnol et en basque par les évêques basques du Pays Basque Sud tout au long des années obscures de la violence, les déclarations après les attentats des années 95 et suivantes, de la part de Mgr Sétien et Mgr Blasquez, de l’ancien archevêque de Pampelune et de Vitoria, rappelèrent sans cesse le devoir de paix.

Chaque anniversaire de Gernika - partagé depuis quelques années avec les victimes de Nagasaki au Japon - rassemble encore aujourd’hui les partisans de la paix en ce jour mémoriel sur ce thème permanent de servir la paix.

On ne pourrait oublier enfin un serviteur de cette mission de paix en la personne du Cardinal Roger Etchegaray qui ne cessa d’œuvrer à cette action dans le silence habitué de sa fonction !

François-Xavier Esponde, Pax Christi Bayonne

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