Le congrès des Associations de noblesse d’Europe qui a lieu tous les trois ans dans une ville différente a cette fois été organisé par la Réunion de la Noblesse pontificale, en Avignon comme il se doit, car les Papes s’y étaient installés le 9 mars 1309. Nous relatons en rubrique « Histoire » le lien qui s’est noué avec Saint-Jean-Pied-de-Port pendant le séjour avignonnais des Papes au XIVe siècle.
- Vendredi 6 octobre, première journée du congrès, consacrée à diverses visites de monuments, et Dieu sait si Avignon et sa région en recèlent de très nombreux et très beaux…
Pour ma part, je débute la journée avec mon épouse Anne par un retour aux sources - ou plutôt aux origines de mes aïeux : à la périphérie d'Avignon, le château de Roberty, dans un magnifique parc protégé d'où François de Roberty, officier dans le corps auxiliaire franco-bavarois (mon ancêtre par ma grand-mère paternelle, Hélène de Roberty de La Cerda), était allé en 1750, et pour une raison inconnue, prendre du service en Russie où il commandera la garnison de Reval (actuelle Tallin, capitale de l'Estonie).
C'est là précisément que les Roberty s'uniront aux La Cerda et aux von Miller, les trois familles - provençale, béarno/franco/castillane et balte - constituant mes ancêtres paternels sur « l'échiquier » de mon arbre généalogique !
A la mi-journée, une halte dans la douceur très XVIIIe de l'exquise décoration de l’hôtel « La Mirande ».
Le soir, excursion vers l’élégante ville d'Uzès qui a conservé en son sein de nombreux témoignages de son riche passé : à travers le cœur médiéval de la cité qui est un dédale de ruelles et de places ombragées bordées d'hôtels particuliers des XVIIe - XVIIIe siècles, on monte vers le Duché d'Uzès, un ensemble de monuments remarquablement restauré et entretenu par la famille de Crussol d'Uzès avec sa chapelle gothique aux superbes vitraux, le cellier, les appartements décorés de mobilier Louis XIII à Louis XVI, boiseries, lustres, tapisseries, peintures et portraits de famille. Magnifique réception dans sa somptueuse demeure par Jacques de Crussol, 17e duc d'Uzès, passionné (comme votre serviteur) de modèles réduits de chemin de fer qui occupent une grande salle de son château ! Restaurateur, avec l’aide précieuse de son épouse, de l’exceptionnel patrimoine historique familial, il n’a jamais renoncé malgré les difficultés de l’époque – charges successorales, différentes aspiration des nouvelles générations, etc. - tout en l'ouvrant à ses concitoyens.
Samedi matin, déroulement du congrès proprement dit dans la magnifique « salle du Conclave » au Palais des Papes, avec une passionnante communication sur « l'apport de la Papauté d'Avignon à l'Europe » par la comtesse Claire de Gatellier : en ce XIVe siècle, désorganisé par les deux grandes pestes et par un relâchement général des idées et des mœurs, la papauté avignonnaise a jeté les bases d’un État pontifical moderne, cherché à élever le niveau d’instruction des clercs aussi bien que des laïcs ; ses bienfaits ont rayonné dans le monde universitaire, elle a fait progresser le droit, sans oublier ses missions dans le domaine de la spiritualité (rapprochement avec les orthodoxes de Constantinople) et des tentatives de croisade en Orient, etc. "L’image d’Epinal présentant Avignon uniquement sous l’angle d’une Cour pontificale brillante et luxueuse où l’on n’aurait pensé qu’à s’amuser (Sur le pont d’Avignon, on y danse, on y danse…) fait partie de ces légendes réductrices et recopiées indéfiniment. Il y aurait encore beaucoup à dire pour lui redonner sa vraie place dans l’histoire de l’Europe et dans l’histoire de l’Eglise". Rencontré Anne-Charlotte d'Espalungue d'Arros, issue d'une antique famille de gouverneurs de la vallée d'Ossau, responsable des jeunes de l'ANF. Mon ami Jacques de Cauna, historien émérite de la noblesse gasconne me rappellera à mon retour quelques figures de cette lignée : en 1365, le vaillant Gailhard d'Espalungue, le bien prénommé ! Et plus tard, le capitaine de vaisseaux Jean-François d'Arros d'Argelos, héros de la Guerre d'indépendance américaine !
L'intervention d'un architecte des Bâtiments de France sur la restauration du Palais des Papes a été très appréciée, ainsi que son expérience pour employer des jeunes condamnés de droit commun qui se sont passionnés - ou ont "transpiré" pour des monuments « qui inspirent »... Après le déjeuner au Palais des Papes dont la visite suivra, encore quelques découvertes fabuleuses en Avignon, au hasard d'une ruelle, telle cette chapelle des Pénitents Noirs semblant tout droit sortie du film « Le Guépard »...
Le soir, retour au congrès pour le dîner de gala au Palais des Papes qui débuta par un savoureux « velouté glacé aux truffes d'été de la région ». La joie d'y retrouver notre cher ami Alexandre, prince Mourousy, qui partage avec moi la passion de la viticulture. En stage de « syrah » dans un vignoble réputé de Châteauneuf-du-Pape après être resté pendant un an au réputé « Domaine de Chevalier » dans les Graves, il a accepté mon invitation de nous rejoindre au gala. Notre amie la princesse Sophie Galitzine, bien connue à Biarritz et à Bayonne pour ses récitals de chants a été élue vice-coordinatrice du CILANE (organisation des noblesses d'Europe). Hélas, il sera bientôt temps de prendre congé de nos amis du congrès : nous devons partir tôt le matin, dimanche, pour être à l'heure à Cambo où je dois prononcer l'après-midi même, à 16 h à la Villa Arnaga, une conférence sur les compositeurs basque qui lancera le festival des quatuors ! Le temps de récupérer, en passant, notre cher whippet « Mikelet » qui nous attend depuis plusieurs jours à Mouguerre, avec sa maman Lucie, chez nos amis où il est né il y a un an tout juste !
ALC
