C’est un très beau concert que donnera ce dimanche 23 avril à 15 h à « l’Espace Chemins-Bideak » de Saint-Palais le chœur mixte Kantuka qui a également invité le chœur féminin « Koloreak » d’Ustaritz à partager la scène du bel auditorium inauguré l’année dernière.
Né de la fusion des deux chœurs Airoski de Béguios et Burgaintzi de Saint-Palais, le chœur Kantuka rassemble une soixantaine de choristes issus d’une quinzaine de villages du Pays de Mixe qui interprètent à cappella, à quatre, six ou huit voix, un répertoire essentiellement basque auquel s’ajoutent quelques pièces d’autres origines. Aïroski avait été créée en 1995 par Didier Irigoin qui l’avait ensuite regroupé avec Burgaintzi avant de confier la direction de l’ensemble à Chantal Pennequin, musicienne et pédagogue émérite installée à Béguios, et qui joue également de l’alto au sein des « Archets de l’Adour ». Il y a trois ans, Kantuka avait enregistré chez Agorila son deuxième album, où la Soule voisine est très présente, ainsi que diverses pièces classiques, dont le merveilleux « Aita gurea » de Peñaflorida, preuve que les « Lumières » basques ne s’éloignaient pas des traditions chrétiennes, ainsi que l’hymne d’Iparraguire, le célébrissime Gernikako Arbola, dont l’interprétation n’a rien à envier à la qualité d’Eresoinka (l’occasion de revisiter- en cet Aberri Eguna - l’histoire de l’emblématique groupe basque grâce à l’exposition qui se déroule actuellement au Musée Basque de Bayonne) !
Parmi les chants que Kantuka interprétera à Saint-Palais dimanche 23 avril, on entendra « Gogaren Baitan » (Anje Duhalde), « Maitia nun zira » (José Uruñuela), « Azken dantza » (Manex Pagola) et l’Ave Maria de Jacques Arcadelt.
L’occasion également de mieux Chantal Pennequin qui est venue apporter ses connaissances et son talent depuis son Nord natal.
Une histoire de cœur et de chœur
Professeur diplômée du Conservatoire de Lille où elle avait obtenu des premiers prix d’alto et de musique de chambre, mais n’a pas continué son envolée musicale en convolant avec… Un pilote ! Au grand dam de sa mère, professeur de musique, qui la voyait déjà sur les planches…
Chantal Pennequin n’a cependant jamais abandonné Euterpe : elle a même repris en quelque sorte le flambeau maternel – et ses cours – en enseignant la musique au collège catholique de Saint-Omer, tout en dirigeant « Les Baladins », une chorale semi-professionnelle, et « une belle aventure », nous a-t-elle confié !
« Je me suis éclatée dans la musique, une passion ! », que Chantal admet avoir été favorisée par les directeurs – très « pro- musique » - du collège et du lycée où elle a œuvré. Quant aux « Baladins », ce fut une « histoire de cœur et de chœur » grâce à l’excellente ambiance régnant parmi les 65 choristes dont il reste le souvenir du Requiem de Mozart interprété à Saint-Germain-des-Prés avec l’Orchestre anglais. Sans oublier la comédie musicale qu’elle présentait chaque année avec ses élèves, ni « l’animation de la cérémonie de profession de foi d’une centaine de gamins à la cathédrale de Saint-Omer ».
A peine établie à Béguios – voici sept ans – et lauréate des Palmes Académiques pour ses mérites pédagogiques, elle intègre la chorale fondée par Didier Irigoin sans penser qu’elle sera demandée comme chef de chœur au Pays Basque pour, finalement, prendre la succession du nouvellement élu maire de Béguios. Pour Chantal Pennequin, « ce qui compte avant tout, c’est le partage, avec les choristes adorables de Kantuka, toujours à l’écoute », dans un répertoire de chants basques auquel elle apporte sa touche personnelle, et en « privilégiant le chant avec la tête plutôt qu’avec la gorge ». Le recrutement ? Il se fait naturellement : il y a trois nouvelles choristes, d’anciennes sont revenues, les voix sont équilibrées et homogènes, mais il faudrait encore trouver deux ou trois basses, et un ou deux ténors »…
Quant à « Koloreak » avec qui Kantuka partagera la scène donapaleutar, il s’agit d’une trentaine de choristes « au féminin » provenant d’Ustaritz et de villages voisins dont le nom fait référence à « la gamme variée et colorée du répertoire - tant traditionnel que contemporain – qu’elles interprètent » sous la houlette exigeante de leur chef de chœur, Caroline Philips, « une Américaine de San Francisco qui, un jour, a rencontré un basque bondissant » et s’est impliquée, depuis lors, dans son pays d’adoption, jusqu’à manier l’euskara et devenir présidente du Conseil de développement du Pays Basque !
Alexandre de La Cerda